Deux médailles, une d’argent et une de bronze : tel était le bilan tchèque à l’issue du premier week-end des Jeux olympiques d’hiver à Sotchi. Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour voir un Tchèque monter sur un podium. Dès la première journée de compétition, samedi, Jaroslav Soukup terminait 3e de l’épreuve de sprint en biathlon. Dimanche, c’était au tour de la très attendue Martina Sáblíková en patinage de vitesse. La Tchèque a certes abandonné son titre glané sur 3 000 mètres à Vancouver il y a quatre ans, mais elle s’est consolée en décrochant l’argent. Et cela aurait pu être beaucoup mieux encore si Šárka Pančochová n’avait pas été victime d’une chute dans la seconde manche de la finale de slopestyle en snowboard, alors qu’elle était nettement en tête à l’issue de la première…
Martina Sáblíková, photo: ČTK
Le public tchèque attendait Martina Sáblíková, élue meilleur sportif de son pays en 2007, 2009 et 2010. Il l’attendait depuis quatre ans, depuis les derniers Jeux de Vancouver, où la jeune femme de 22 ans qu’elle était alors était devenue la première sportive tchèque de l’histoire à être sacrée double championne olympique lors de Jeux d’hiver. Médaillée d’or sur 3 000 et 5 000 mètres au Canada en 2010, sans oublier le bronze sur 1 500 mètres, Martina Sáblíková, spécialiste des longues distances en patinage de vitesse, remettait donc le premier de ses deux titres en jeu ce dimanche, sous les yeux du président de la République, Miloš Zeman, qui achevait son séjour entamé jeudi dernier en Russie.
Martina Sáblíková, photo: ČTK
Le public tchèque attendait Martina Sáblíková et, au sortir de table, en digérant encore son déjeuner dominical traditionnellement copieux, il attendait aussi une nouvelle victoire de sa favorite. Le public tchèque n’a pas été totalement satisfait : malgré un temps de 4’01’’95, qui constituait alors le nouveau record de l’anneau de Sotchi, la Tchèque a été battue par Ireen Wüst, en lice dans la série suivant la sienne. Plus rapide de 1’’61, la championne du monde en titre du 3 000 mètres a donc dépossédé de son titre celle qui n’est désormais « plus que » l’ancienne championne olympique. Par la même occasion, la Néerlandaise a retrouvé un bien qu’elle avait fait sien une première fois à Turin en 2006. Surprise de l’épreuve, la Russe Olga Graf (+3’’13) a, elle, complété le podium, offrant ainsi la première médaille de ces Jeux au pays organisateur. Autre grande figure de la discipline, la vétérane allemande Claudia Pechstein a échoué à la quatrième place (+4’’92) et devra encore patienter quelque peu avant éventuellement de se voir passer une dixième médaille olympique autour du cou.
Irène Wüst, photo: ČTK
Le public tchèque n’a donc pas été totalement satisfait. La championne de son cœur n’est plus championne en titre. Mais le public tchèque n’a pas non plus de raisons d’être déçu outre mesure. Sa championne reste malgré tout vice-championne sur une distance, le 3 000 mètres, où sa principale adversaire, Irène Wüst, dominatrice en Coupe du monde cette saison, apparaissait de toute façon comme la principale candidate à l’or avant le départ. Surtout, à seulement 26 ans et avec encore un bel avenir devant elle, Martina Sáblíková, tombée tout simplement sur une Néerlandaise plus forte qu’elle dimanche, a décroché ce qui est déjà la quatrième médaille olympique de sa carrière. Et une médaille qui ne sera probablement pas la dernière, et ce très probablement dès ces Jeux de Sotchi. En lice également sur 1 500 mètres, où ses chances de succès sont toutefois nettement moindres, la Tchèque sera la grande favorite du 5 000 mètres, une distance sur laquelle elle a été sacrée six fois championne du monde depuis 2007 et dont on parierait bien plus qu’une petite pièce qu’elle en sera très bientôt la double championne olympique…
Jaroslav Soukup, photo: ČTK
Mais avant Sáblíková, la star annoncée de ces Jeux en République tchèque, la première satisfaction est venue du biathlon. Pas vraiment attendu, mais pas tout à fait inattendu non plus, Jaroslav Soukup s’est classé troisième du sprint long de 10 kilomètres, samedi. Pas mal pour un gars qui avait fini dans les profondeurs du classement (52e) de la même épreuve à Vancouver en 2010. En définitive, si on attendait un Tchèque dans ce sprint, c’était plutôt Ondřej Moravec, un temps leader provisoire à l’arrivée et finalement 8e à 14’’6 du vainqueur, l’inépuisable Ole-Einar Bjoerndalen. A 40 ans, le Norvégien a remporté le septième titre et la douzième médaille olympiques de sa carrière, devant l’Autrichien Dominik Landertinger, deuxième avec 1’’3 de retard, et donc Jaroslav Soukup. Auteur d’un sans-faute au tir, ce dernier est ainsi devenu le premier biathlète tchèque de l’histoire à décrocher une médaille olympique. A 31 ans, Jaroslav Soukup est aussi monté pour la troisième fois de sa carrière sur le podium d’un grand championnat, après ses deux troisièmes places obtenues dans les épreuves du 20 kilomètres et du relais mixte aux championnats du monde en 2012 et 2013.
Jaroslav Soukup, Ole-Einar Bjoerndalen et Dominik Landertinger, photo: ČTK
Enfin, cette troisième place de Jaroslav Soukup comme la huitième d’Ondřej Moravec permettaient aux Tchèques d’envisager la poursuite de ce lundi avec un certain optimisme. Avec respectivement 5’’7 et 14’’6 de retard sur Bjoerndalen au départ de la course, les deux hommes figurent de nouveau parmi les candidats à une breloque.
En snowboard slopestyle, Šárka Pančochová était, elle, bien plus qu’une candidate à une médaille. Vedette des Winter X Games et nouvel inscrit au programme des JO, le slopestyle est une discipline dans laquelle il s’agit d’effectuer des figures acrobatiques sur une piste de descente spécialement aménagée avec des bosses qui servent de tremplin et des rampes métalliques pour glisser. En tête à l’issue de la première manche grâce à un excellent run sans doute pas apprécié à sa juste valeur par des juges trop prudents (86,25 points), la Tchèque a finalement dû se contenter de la cinquième place. Mais victime d’une chute impressionnante à la retombée de son premier saut sur le grand tremplin dans la deuxième manche, Šárka Pančochová pouvait d’abord s’estimer heureuse de s’en être sortie en (relativement) bonne santé. Le casque brisé en deux, elle a mis quelques minutes avant de se relever de la piste et de rallier seule l’arrivée. C’était bien là l’essentiel à la vision d’images qui resteront sans doute parmi les plus marquantes de ces Jeux de Sotchi.
Šárka Pančochová, photo: ČTK
Pourtant, malgré cette chute qui lui a coûté plusieurs dizaines de points, Šárka Pančochová pouvait encore espérer terminer à une des trois premières places d’une épreuve finalement remportée par l’Américaine Jamie Anderson (95,25 points), devant la Finlandaise Enni Rukajarvi (92,50) et la Britannique Jenny Jones (87,25). Encore aurait-il fallu, on l’a dit, que les juges soient un peu plus consistants dans leurs appréciations des runs des douze finalistes lors de la première manche. Mais comme pour le patinage artistique, où les notes attribuées sont souvent source de contestations, c’est là, semble-t-il, un des maux aussi du slopestyle…