Un Printemps de Prague 2013 aux accents français
La 68e édition d’une des manifestations les plus prestigieuses du monde de la musique, le festival international le Printemps de Prague, a débuté dimanche à la Maison municipale de Prague, dont la soirée d’ouverture s’est jouée à guichets fermés. Le cycle de poèmes symphoniques « Má vlast », (« Ma patrie ») de Bedřich Smetana, qui inaugure traditionnellement le festival, a été interprété pour la première fois par l’Orchestre Philharmonique de Radio France, dirigé par le chef d’orchestre canadien Peter Oundjian. Le festival se poursuit jusqu’au 2 juin et propose près de 45 concerts au grand public.
Comme le veut la tradition, le festival débute chaque année par le cycle de poèmes symphoniques « Ma Patrie », d’un des compositeurs tchèques les plus connus, Bedřich Smetana, décédé le 12 mai 1884. Ode à la nation tchèque et aux idées patriotiques de la société tchèque de la fin du XIXe siècle, ces poèmes symphoniques n’ont pas été interprétés en 1948, et n’ont exceptionnellement pas fait l’ouverture du festival en 1946 et 2006.
Cette année, le festival présente un programme très largement dédié à la France, en recevant, entre autres, l’Orchestre Philharmonique de Radio France et plusieurs autres musiciens français. Directeur du Printemps de Prague, Roman Bělor évoque la concrétisation de l’idée du concert d’ouverture par l’Orchestre de Radio France :
« L’Orchestre interprètera trois concerts pendant le Festival, dont les deux premiers sont les concerts de ‘Má Vlast’ de Smetana. Après la présence de trois orchestres britanniques, c’est effectivement le premier orchestre français à l’interpréter. Son troisième concert est, ce que l’on peut appeler, un concert classique d’un orchestre étranger lors d’un festival. Or nous avions tout d’abord convenu de ce troisième concert. Mais ayant réalisé que les dates des concerts et du concert d’ouverture étaient proches, nous avons eu l’idée fantaisiste de demander aux Français d’inaugurer le festival avec ‘Má Vlast’ de Smetana. »
Le lien tchéco-français semble être le mieux représenté par la personnalité même du chef d’orchestre canadien, aux racines arméno-écossaises, Peter Oudjian, qui s’est, dès sa prime jeunesse, pris d’affection pour les compositeurs tchèques, et qualifie le cycle de poèmes de Smetana de symbole de la force humaine et de la volonté de surmonter son destin.L’empreinte de la touche française pourra également être retrouvée dans les œuvres interprétées par l’Orchestre Philharmonique de Slovaquie ou lors du concert d’orgue donné ce mardi, dans le cadre de la compétition internationale.
Le directeur du Printemps de Prague, évoque également la présence de l’Ensemble intercontemporain français :
« L’Ensemble intercontemporain est un des ensembles les plus connus qui s’intéresse aux œuvres du tournant du XXe et du XXIe siècle. Et cela s’est fait de façon très spontanée, dans la mesure où l’orchestre s’est adressé au chef d’orchestre Tomáš Hanus, suite à ses nombreux succès en France. L’idée nous a enthousiasmés. Je crois que c’est un rappel concernant la carrière internationale vertigineuse de Tomáš Hanus, qui n’est, à mon avis, pas assez reconnu en République tchèque. Le concert de l’Ensemble intercontemporain présentera également la première mondiale de l’œuvre du compositeur contemporain tchèque Miroslav Srnka, ‘My life without me’, inspiré d’un drame de cinéma ».
Soulignons la présence de l’Orchestre Philharmonique de Munich avec la violoniste Janine Jansen, de la mezzo-soprano tchèque Magdalena Kožená ou celle de l’acteur John Malkovich, interprétant le rôle de Casanova à l’opéra du Théâtre de Karlín.L’Orchestre Philharmonique tchèque présentera deux concerts. Le premier sera dirigé par le chef d’orchestre Tomáš Netopil, tandis que le second, dédié au 100e anniversaire du Sacre de printemps de Stravinski et dirigé par Vassili Sinaiski, clôturera le festival. Notons, que la première du ballet de Stravinski a eu lieu à l’Opéra de Paris, il y a 100 ans exactement.
Si un tiers des billets d’entrée a déjà été vendu, on parle du Printemps de Prague comme d’un évènement rassemblant beaucoup de musique pour peu d’argent.
Le ministère de la Culture a effectivement baissé cette année le budget du festival de trois millions de couronnes. Une baisse des subventions qui ne devrait toutefois pas influencer l’édition de l’année prochaine.