Cyclisme : Kreuziger, premier Tchèque vainqueur d’une Classique
Roman Kreuziger est devenu le premier coureur tchèque de l’histoire à remporter une grande classique en s’imposant dans l’Amstel Gold Race, dimanche, aux Pays-Bas. Une performance de choix qui confirme, enfin, que les promesses d’avenir dont est porteur Kreuziger depuis le début de sa carrière pourraient enfin s’inscrire au présent.
C’est d’ailleurs un peu une semaine exceptionnelle que vient de vivre le cyclisme tchèque. La semaine dernière déjà, Zdeněk Štybar avait lutté avec le Suisse Fabian Cancellara et le Belge Sep Vanmarcke pour la victoire finale dans la Reine des classiques, Paris – Roubaix. Mais accroché et déséquilibré par un spectateur dans le secteur pavé du Carrefour de l’Arbre, le Tchèque, ancien double champion du monde de cyclo-cross, avait vu son rêve s’envoler à quatorze kilomètres de l’arrivée, tandis que ses deux compagnons d’échappée en profitaient pour creuser l’écart. Sur le vélodrome roubaisien, Zdeněk Štybar, très déçu après la course, avait dû se contenter d’une 6e place, une place d’honneur qui reste néanmoins, et de très loin, la meilleure performance signée par un coureur tchèque dans l’Enfer du Nord.
De déception, il n’a donc pas été question cette fois avec Roman Kreuziger, dans une Amstel Gold Race au profil tout autre que celui de Paris – Roubaix. Zdeněk Štybar et les forçats des pavés et des monts des Flandres ont désormais laissé la place aux spécialistes des routes vallonnées et accidentées des Ardennes et du Limbourg néerlandais. Un parcours en côte qui convient nettement mieux aux qualités de Roman Kreuziger, comme l’a démontré sa victoire en solitaire à Valkenburg. Sorti du groupe des favoris à moins de vingt kilomètres du but pour se retrouver seul en tête avant la dernière et quatrième ascension du Cauberg, principale difficulté de l’Amstel Gold Race, le Tchèque de l’équipe Saxo Bank a ensuite résisté jusqu’au bout au retour de ses poursuivants, et notamment du Belge Philippe Gilbert auteur d’un sacré numéro dans le Cauberg, pour finalement s’imposer avec 22’’ d’avance sur le premier d’entre eux, l’Espagnol Alejandro Valverde, vainqueur du sprint pour la deuxième place. Même s’il avait annoncé être en forme dans les médias tchèques en fin de semaine dernière, Kreuziger était lui-même un peu surpris de son audace et de sa force physique à l’arrivée, comme il l’a confié en anglais aux micros tendus :« Oui, c’est une grande surprise. Mais l’équipe était dans un grand jour aujourd’hui et j’avais de bonnes jambes dans le final. Je suis très heureux d’avoir gagné ici après la victoire l’année dernière de mon ami Gasparotto, qui était mon équipier. Mais c’est d’abord une surprise pour les journalistes. J’ai confiance en moi et mon équipe ne doute pas de moi non plus. Dans la dernière montée du Cauberg, les gens criaient mon nom, alors j’ai juste appuyé le plus fort possible sur les pédales et je n’ai pensé à rien. J’ai commencé à croire à la victoire quand j’ai vu que j’avais encore 20’’ d’avance au sommet. A 500 mètres de l’arrivée, j’ai compris que c’était bon. Je savais que j’étais en forme avant le départ, mais dans ce genre de course, vous ne pouvez jamais être sûr de rien dans les 150 premiers kilomètres. Tellement de choses peuvent se passer comme l’ont encore confirmé les chutes et les abandons aujourd’hui. »Roman Kreuziger vainqueur de l’Amstel Gold Race précisément dimanche après un début de saison très discret, c’est peut-être une surprise. Mais Roman Kreuziger vainqueur d’une classique ardennaise, voilà qui l’est déjà nettement moins, ne serait-ce que pour ceux qui le connaissent et suivent attentivement son parcours depuis le début de sa carrière. Deux fois meilleur jeune en terminant dans le Top 10 du Tour de France en 2009 et 2010 comme du Tour d’Italie en 2011, le Tchèque s’était fait remarquer une première fois en 2008 en devenant le plus jeune vainqueur de l’histoire du Tour de Suisse. Un succès qu’il avait confirmé un an plus tard en s’adjugeant le Tour de Romandie. Depuis plusieurs années déjà, et depuis même ses premiers coups de pédale dans le peloton professionnel, on sait donc que Roman Kreuziger est un coureur qui a de l’avenir… Un coureur aussi avec l’étiquette de solide concurrent dans les courses par étapes, parfois vainqueur de l’une d’entre elles comme sur le Giro l’année dernière, mais… sans plus et surtout sans véritable coup d’éclat, ni victoire véritablement marquante.
Roman Kreuziger vainqueur d’une classe ardennaise, ce n’est pas non plus une surprise à proprement parler, car même s’il n’est pas un chasseur de classiques de type Philippe Gilbert ou Alejandro Valverde, le Tchèque, nouvel équipier d’Alberto Contador depuis le début de cette saison, avait déjà terminé 4e de Liège – Bastogne – Liège en 2011 et 5e de… l’Amstel Gold Race en 2010. Quand même… Au bout du compte, la victoire dimanche de Roman Kreuziger est avant tout la confirmation tant attendue de son potentiel. Un potentiel dont beaucoup, et les amateurs tchèques de cyclisme les premiers, doutaient certes de plus en plus avec les années qui passent, mais qui, à 26 ans peut-être plus encore que jamais, fait plus que jamais du Tchèque un… coureur d’avenir. Mais un avenir qui pourrait désormais se conjuguer un peu plus au présent, et ce peut-être dès la Flèche wallonne et plus encore Liège – Bastogne – Liège, les deux prochaines grandes classiques ardennaises, ces mercredi et dimanche prochains.