Avalanche de mauvais chiffres pour l’économie tchèque
Les temps sont difficiles pour l’économie tchèque : après le record de chômage battu en début d’année, ce sont désormais l’exceptionnelle récession et la baisse du pouvoir d’achat qui viennent assombrir les perspectives pour le pays. Entre crise à dimension européenne et responsabilité du gouvernement, les commentaires vont bon train.
« Les gens ont peur, ils n’ont pas de travail, ils ne dépensent pas. En même temps, dans ce cas, comment dépenser…Donc les entreprises écoulent moins, ce qui veut dire qu’elles ne peuvent pas augmenter les salaires, licencient même parfois, et c’est une boucle sans fin. »
Il n’est guère étonnant de voir la situation personnelle des Tchèques se dégrader au moment où leur pays fait face à de sérieuses difficultés économiques. L’année 2012 marque en effet la plus longue récession enregistrée par la République tchèque depuis 15 ans, avec une chute du PIB ayant eu lieu sur quatre trimestres d’affilée. Sur l’année, la production nationale s’est rétractée au total de 1,2%. Pour Jan Beneš, rédacteur à Česky Rozhlas, la principale explication n’est autre que la dépendance de l’économie tchèque vis-à-vis de l’étranger, et notamment du voisin allemand :
« Non seulement pour la République tchèque, mais aussi pour d’autres Etats d’Europe centrale, la clé du développement est en Allemagne. Et la plus forte économie d’Europe n’a plus la croissance qu’elle avait il y a encore quelques années. Les prévisions ne sont pas non plus favorables pour 2013. Et parce que la République tchèque est un pays à vocation exportatrice, et que la plus grosse partie de ces exportations est réalisée avec l’Allemagne, un ralentissement significatif de la croissance se fait aussi ressentir pour l’économie tchèque. »Un malheur n’arrivant jamais seul, ces annonces font suite à celle des premiers chiffres du chômage pour 2013, qui ont fait l’effet d’une bombe. Révélant des sommets jamais atteints depuis la Grande Dépression des années 1930, les statistiques officielles font état d’un record national battu en janvier puis rebattu en février. D’après la méthode de calcul de l’Organisation internationale du travail, 8,1% de la population active tchèque est actuellement au chômage, soit plus de 593.000 personnes sans aucun emploi. C’est toujours près de trois points de moins que la moyenne européenne, mais pour un pays qui a longtemps fait partie des bons élèves de l’Union, la pilule est dure à avaler.
De son côté, le gouvernement veut montrer qu’il a plus d’une corde à son arc pour tirer le pays de cette fâcheuse situation. Son cheval de bataille est actuellement de réorienter l’économie tchèque vers des horizons meilleurs, alors que les perspectives sur le vieux continent s’essoufflent. Jan Beneš nous l’explique :
« Dans les pays de l’Union européenne, où la plupart des exportations tchèques sont faites, la demande est en baisse. C’est donc pour une de ces raisons que le gouvernement veut changer la stratégie d’exportation. Il veut se concentrer principalement sur les pays en-dehors de l’Europe, et notamment les économies à forte croissance, comme la Chine, le Brésil ou l’Inde. »Une telle réorientation demande évidemment du temps. Or la population, qui voit dans la politique d’austérité du gouvernement le principal responsable de la situation du pays, réclame des solutions à très court-terme. L’opposition social-démocrate et les syndicats, tout aussi critiques, demandent à la coalition au pouvoir d’investir massivement de l’argent public pour stimuler l’économie. Mais le ministre des Finances, Miroslav Kalousek, a dit non: il n’y aura pas de relance financée par une augmentation de la dette.