Alcool frelaté : le bilan s’alourdit, le gouvernement interdit la vente d’alcool fort dans certains points de vente

Photo: CTK

L’alcool frelaté continue de faire des victimes en République tchèque. 18 personnes sont décédées depuis le début de l’intoxication jeudi dernier. Face à cette hécatombe, le gouvernement a réagi mercredi, en interdisant la vente d’alcool fort dans la rue.

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18 victimes. C’est le dernier bilan de l’alcool frelaté en République tchèque, après le décès mercredi soir d’une femme à Ostrava, en Moravie du nord. Depuis jeudi dernier, le nombre de décès dus à l’ingestion d’alcool coupé au méthanol ne cesse de s’aggraver et une vingtaine d’autres personnes étaient encore hospitalisées mercredi soir, dont certaines dans un état grave, frappées de cécité ou placées dans un coma artificiel. Leur état est souvent qualifié de « critique » par les médecins.

Face à l’ampleur de l’intoxication, la plus importante dans le pays depuis trente ans, le gouvernement a décidé de mettre sur pied une commission interministérielle afin de faire face à la crise. De même, les autorités ont décidé mercredi d’interdire la vente de spiritueux et autres alcools forts dans la rue et sur les marchés. Leoš Heger, ministre de la Santé :

Leoš Heger,  photo: CTK
« Il est interdit aux gérants de stands de rue de servir ou de vendre des spiritueux et autres boissons possédant un taux d’alcool supérieur à 30 %. »

Pour les autorités tchèques, cette prohibition partielle n’est qu’une première étape. Si la situation venait à s’aggraver et les causes de l’intoxication restaient inconnues, des mesures bien plus sévères pourraient être prises.

En attendant, des centaines de policiers travaillent sur le terrain et les contrôles dans les établissements concernés ont été intensifiés. De même, une équipe spéciale de la police mène l’enquête depuis mardi pour déterminer les causes premières de l’intoxication. Trois théories sont avancées : l’alcool contaminé proviendrait d’un producteur officiel, l’alcool frelaté viendrait d’une distillerie illégale et enfin, l’alcool aurait été importé de l’étranger, probablement de Pologne où des cas similaires ont été recensés. Vaclav Kučera, chef adjoint de la police tchèque :

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« Nous travaillons sur les trois variantes. Malheureusement à l’heure actuelle, nous ne pouvons pas dire laquelle est la bonne, car tout porte à croire qu'il y a une seule source d'intoxication, mais je ne peux exclure non plus qu'il y en ait plusieurs. Il est très difficile de clarifier les choses. De nombreuses expertises sont en cours. Sur la base des résultats, nous essayons de déterminer l’identité de l’alcool frelaté. C’est aussi une question de proportions, de type de substance utilisée… Tous ces indices sont à l’heure actuelle rassemblés et notre équipe travaille dessus. »

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C’est le nord-est du pays qui est le plus lourdement frappé, mais plusieurs cas ont été enregistrés aussi à Příbram, à 60 km au sud-ouest de Prague. La police a interpellé dimanche un homme de 36 ans impliqué, selon elle, dans des cas d'intoxication. Un autre homme soupçonné d'avoir distribué de l'alcool de contrebande a été interpellé à Zlín en Moravie du sud. La police tchèque a déjà perquisitionné 410 boutiques dans tout le pays et découvert de l'alcool clandestin dans environ 70 d’entre elles.

Ce jeudi, le docteur Igor Dvořáček, d’Ostrava, a déclaré qu'environ 150 personnes décédées ces dernières semaines seraient autopsiées pour vérifier si leur mort ne serait pas due à de l’alcool frelaté.