Syrie : la diplomatie tchèque ne fait pas comme les autres
L’escalade de la violence en Syrie, qui a culminé pour l’heure vendredi dernier avec le massacre de Houla, a motivé la décision d’un certain nombre d’Etats occidentaux, parmi lesquels la France, d’expulser les diplomates syriens de leur territoire. La République tchèque, elle, a choisi de réagir différemment.
Si elle condamne l’exécution des civils et réclame des sanctions à Damas, Prague n’entend pas cependant suspendre ses relations diplomatiques avec la Syrie. Premier vice-ministre des Affaires étrangères, Jiří Schneider explique le pourquoi de la position tchèque :
« Il n’y a plus d’ambassadeur syrien en République tchèque depuis l’année dernière. La Syrie est représentée par une chargée d’affaires. De notre côté, nous maintenons ouverte notre mission diplomatique à Damas. Il existe plusieurs raisons à cela. D’abord, la situation en Syrie est très confuse. Nous pensons donc qu’il est important de conserver des canaux de communication et d’avoir des informations directement sur place pour ne pas être dépendants de ce que rapportent les médias. »
Les pays ayant expulsé les diplomates syriens justifient leur décision par leur refus de tolérer le massacre de civils et d’enfants, comme ce fut le cas à Houla où pas moins de 49 des 108 personnes tuées étaient des enfants. Même si elle agit autrement, la République tchèque ne redoute pas que sa position soit mal comprise ou interprétée par la communauté internationale. Mercredi, la chargée d’affaires syrienne à Prague a d’ailleurs été convoquée au ministère des Affaires étrangères, qui lui a fait part de sa profonde indignation. Le premier vice-ministre Jiří Schneider estime par ailleurs que Prague n’est pas en situation de faire un geste symbolique fort, comme les autres pays :« Nous voulons savoir ce qui se passe vraiment dans ce pays. Nous y avons également des ressortissants. Dans le cadre de la mission d’observation de l’ONU, nous avons envoyé trois observateurs militaires. Nous sommes donc actifs et faisons savoir que nous ne sommes absolument pas indifférents au sort de la Syrie et de ses civils. C’est un pays avec lequel nous entretenons traditionnellement des relations, et ce depuis un certain nombre d’années déjà. »
Toujours selon Jiří Schneider, la situation en Syrie est actuellement bloquée. D’après lui, la Russie, qui comme la Chine soutient de façon inflexible le régime du président Bachar al-Assad, n’autorisera pas de manœuvres importantes dans le pays avec le mandat du Conseil de sécurité des Nations Unies, comme l’envisage notamment François Hollande, qui a évoqué une intervention militaire.Jeudi, le ministre tchèque des Affaires étrangères a, lui, déclaré que la situation en Syrie était proche d’une guerre civile. S’il réclame la fin des violences et un cessez-le-feu, Karel Schwarzenberg, qui a dîné avec les ambassadeurs des pays arabes mercredi soir à Prague et qui ne condamne aucune des deux parties du conflit, n’est cependant pas favorable à une intervention militaire de la communauté internationale.