Condamnation de Ioulia Timochenko : la République tchèque proteste
L’ancien Premier ministre ukrainien Ioulia Timochenko a été condamnée mardi, par un tribunal de Kiev, à sept ans de prison. L’Union européenne a vivement protesté contre ce verdict attendu et côté tchèque, aussi, on observe la situation avec gravité.
« Je pense que ce verdict n’est pas surprenant. On pouvait s’attendre à cela : la pression politique exercée par le bureau présidentiel et le président lui-même a été très forte. Cela allait dans le sens d’une condamnation de Ioulia Timochenko. A l’origine, il y a un affrontement politique interne. Je ne veux pas dire que Ioulia Timochenko est innocente du point de vue du droit, mais le président a profité de l’affaire pour se débarrasser de sa plus grande opposante. »
Ioulia Timochenko a été jugée coupable d'avoir abusé de ses pouvoirs de Premier ministre en 2009 lors de la signature de contrats gaziers avec la Russie. Tout au long du procès entamé le 24 juin Timochenko a dénoncé une procédure politique, a prévenu qu'elle contesterait le jugement devant la justice européenne et a appelé à lutter contre l’« autoritarisme » en Ukraine.
Côté européen justement on condamne fermement ce verdict : l'UE s’est dite « profondément déçue » et a menacé de «conséquences importantes». Karel Schwarzenberg, chef de la diplomatie tchèque, à la sortie d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE :« Evidemment que cela va avoir des conséquences. Car l'accord d'association UE-Ukraine en cours de négociation va se heurter ensuite au jugement du Parlement européen. »
Selon Karel Schwarzenberg, la condamnation de Timochenko risque donc d’envenimer les relations entre l’UE et l’Ukraine. Dans un communiqué, la diplomatie tchèque a souligné que l’Ukraine s’éloignait des standards européens : « cette démarche, bien qu’elle soit entérinée par un tribunal, met clairement en lumière les différences de compréhension de la justice et de la différence entre responsabilité pénale et politique, entre la l’UE et l’Ukraine. Elle dévoile une dichotomie entre leurs cultures du droit. La République tchèque ne peut reconnaître un verdict qui pourrait utiliser le principe du ‘qui bono’ en combat politique, sur la base d’une législation imparfaite et désuète. » Tels sont encore les mots du communiqué du Palais Černín.
Autres réactions dans la classe politique et intellectuelle tchèque : l’ancien président tchèque et dramaturge, et ancien opposant au régime communiste, Václav Havel espère que les tribunaux d’instance supérieure se pencheront sur une éventuelle motivation politique de ce verdict.