A Bordeaux, la Compagnie Mouka revisite le Petit chaperon rouge avec des marionnettes tchèques
Du 6 au 20 octobre, la Boîte à Jouer à Bordeaux propose un spectacle de marionnettes de la Compagnie Mouka. Fondée par Claire Rossolin et Marion Bourdil, anciennes étudiantes à la DAMU, à Prague, la compagnie y joue son spectacle Rouge Chaperon. Au micro de Radio Prague, Claire Rossolin a rappelé la naissance de la compagnie.
Le nom de « mouka », qui en tchèque veut dire la farine, ça date de vos études à la DAMU ?
« Oui. Pour la petite histoire, notre professeur à la DAMU, Marek Bečka, avait sa compagnie qui s’appelait Buchty a Loutky, qui faisait référence au ‘Bread and Puppet’. Tout avait un peu un rapport avec le pain, donc ça nous semblait intéressant de mettre la farine au centre. Et notre premier spectacle, Rouge Chaperon, est issu d’un premier rendu de fin de travail à la DAMU, joue beaucoup avec la farine : c’est elle qui fait les lieux du spectacle. »J’allais y venir. Tout au long du mois d’octobre, vous avez onze dates à la Boîte à Jouer à Bordeaux. Vous y présentez ce spectacle, Rouge Chaperon, qui est une adaptation culinaire et sanguine du conte du Petit chaperon rouge. Pouvez-vous nous en parler ?
« Nous nous sommes inspirées d’une version populaire nivernaise du Petit chaperon rouge. Dans cette version, le loup lui donne à manger sa grand-mère, elle l’avale et part à la fin du conte. Cela change un peu des versions des frères Grimm et de Charles Perrault. Le spectacle se place sur deux plans : on a une table où on fait de la marionnette, où est répété le conte du Petit chaperon rouge. Et à l’extérieur de la marionnette il y a les manipulateurs. Cela agit donc comme un zoom ou un changement d’échelle. Les manipulateurs vont plutôt parler des tabous du conte. A un moment donné, on revient sur eux, et ça met l’accent sur l’anthropophagie ou la sexualité inhérente à ce conte. »Vous évoquez ces tabous. De manière générale, on oublie souvent, à cause des adaptations de Disney, que les contes à l’origine, étaient souvent très durs pour servir de morale aux enfants. Votre spectacle est-il tout public ?« Non, il est à partir de 12 ans. Parce qu’on aborde le fait que le Petit chaperon rouge mange sa grand-mère. C’est une sorte de rite initiatique sur la sexualité : il faut manger ses aïeux pour pouvoir évoluer et on traînera toujours des cadavres derrière nous. »
Vous utilisez également trois marionnettes tchèques du XVIIIe siècle dans ce spectacle. Pourriez-vous nous dire ce que vous apporté ce monde et cette tradition de la marionnette tchèque ?« Avant tout une culture de la marionnette que nous ne possédions absolument pas. Ensuite, ces marionnettes précisément nous ont été données par notre professeur pour ce spectacle-là. Elles s’inscrivent aussi dans une culture collective que nous avons tous. Elles portent en elles une vraie tradition. »