L’absence de femmes fait du gouvernement tchèque une exception
La nouvelle coalition gouvernementale possède la particularité d'être composée uniquement d'hommes. Du coup, la République tchèque fait figure d’exception non seulement à l’échelle de l’UE mais aussi de l’Europe centrale.
« Je ne pense pas qu’il y ait quoi que ce soit de gâché ou de raté. A l’intérieur de notre parti, nous, les femmes, entendons travailler à la Chambre des députés. Me concernant, c’est vrai, un poste ministériel m’a été proposé, mon parti voulait que je le représente au sein du gouvernement. C’est une offre dont j’ai pesé le pour et le contre, car j’ai deux petits enfants et je construis progressivement ma carrière politique depuis plusieurs années, notamment à la municipalité de Prague. Mais je n’ai pas envie de devenir une superstar politique, de me retrouver bombardée à la tête d’un ministère pour ensuite seulement régresser. »
Au moment de l’annonce de la composition du gouvernement et de la répartition des différents ministères, fin juin, les leaders des trois partis de la coalition ont affirmé regretter l’absence de femmes tout en précisant qu’il ne s’agissait selon eux que d’un malheureux concours de circonstances. Une explication qui n’a cependant pas convaincu tout le monde, et surtout pas Michaela Appeltová. En réaction, la vice-présidente de l’association Forum 50 % a rédigé une lettre ouverte aux députés et au président de la République dans laquelle elle critique vivement le résultat des négociations entre les partis de la majorité. Elle le regrette d’autant plus que parallèlement, et pour la première fois, une femme, Iveta Radičová, a été nommée Premier ministre en Slovaquie voisine. La Slovaquie serait même désormais une source d’inspiration, selon Michaela Appeltová :« Nous espérons qu’une femme d’un tel calibre apparaîtra bientôt chez nous aussi. La situation actuelle en Slovaquie est un exemple à suivre pour la République tchèque. Elle l’est d’autant plus qu’il n’en va pas seulement d’Iveta Radičová. Elle et une autre femme s’étaient déjà présentées aux élections présidentielles. En fait, en Slovaquie, un groupe de femmes est né forte du soutien important d’un grand nombre de femmes, mais aussi de beaucoup d’hommes. C’est précisément de cela dont aurait besoin la République tchèque : qu’un groupe de femmes se forme et s’appuie sur un soutien fort qui soit susceptible de concourir à leur nomination. »
En attendant qu’un tel groupe voit le jour, quatre femmes députées se sont entendues pour publier en 2011 un calendrier dans lequel figureront leurs photos, histoire de montrer que la politique tchèque sera plus sexy dans un proche avenir. Mais il n’est pas certain que les ministres en seront les premiers acheteurs.