Vos lettres : la nostalgie des années 70, le film « L’Oreille » et le 17 novembre sur Radio Prague

Bonjour et bienvenue à ce magazine consacré au courrier de la semaine. Commençons par un mail sympathique signé Vincent Navarro, de Saint-Cyprien, en France :

Photo: Archives de Radio Prague
« Je me décide à vous écrire - à vous réécrire - car je me suis remis à écouter vos émissions à l'heure où vous vous apprêtez à réduire la fréquence de vos interventions. Je suis un auditeur de vieille date, car dans les années 70, avec un vieux poste soufflant et crachottant, j'écoutais le soir venu vos émissions venues - à l'époque - d'un autre monde. Au fil du temps j'ai échangé avec vous une correspondance assidue et j'ai même pu correspondre par votre entremise avec une jeune praguoise – une dame de mon âge aujourd'hui. Puis le temps a fait son œuvre, j'ai été un peu moins fidèle à vos rendez-vous sans couper totalement le lien qui nous a longtemps unis et, aujourd'hui, je me reprends à vous écouter par Internet. Certes, c'est plus commode pour les horaires - mais avec toujours ce plaisir empreint d'une certaine nostagie qui me rappelle ces belles années quand ces voix venues d'un monde proche et pourtant lointain me faisaient voyager à travers ces ondes dites courtes.... »

Merci, M. Navarro, pour votre message. Toutefois, je me permets une remarque : vous êtes nostalgique des moments passés avec les émissions internationales de la Radio tchécoslovaque dans les années 1970 – vous appellez cette période « les belles années », ce qui est tout à fait compréhensible. Mais du point de vue d’un Tchèque, et particulièrement d’un journaliste, les années soixante-dix représentent, au contraire, un temps très sombre, un temps d’étouffement de la liberté dans tous les domaines de la vie.

Voici, à titre d’exemple, l’extrait d’un article sur l’histoire de Radio Prague que vous trouverez sur notre site web www.radio.cz: « Avant 1970, plusieurs centaines de personnes quittèrent la Radio tchécoslovaque, beaucoup de leur propre gré. Radio Prague fut l'une des plus frappées: sur 350 employés, plus de 150 partirent, d'autres furent licenciés au début des années soixante-dix. Pratiquement, tous les employés aux postes dirigeants furent remplacés. Des bureaux du personnel veillaient à ce que ces postes aient été occupés par des cadres politiquement sûrs. Dans les années 1968 - 1970, des changements d'organisation fondamentaux furent opérés à la Radio tchécoslovaque. Leur but était de faire en sorte que "dans des conditions nouvelles, les émissions internationales deviennent un instrument efficace de la propagande étrangère du parti communiste et de l'Etat socialiste." Il s'agissait de renforcer la centralisation au niveau de la gestion et des programmes: Les rédacteurs perdent le peu de liberté créatrice dont ils jouissaient dans les années soixante. Beaucoup de programmes et de chansons se retrouvent sur une liste noire. »

'L’Oreille'
Philippe Marsan est un spectateur assidu du Festival international du film d’histoire de Pessac, consacré cette année au thème du communisme. « Encore à Pessac, toujours du monde ! », écrit-il. « Aujourd’hui, j’ai pu voir ‘L’Oreille’ de Karel Kachyna. Ah ! C’est prenant ! Dur, dur... » Je rappelle que « L’Oreille », en tchèque « Ucho », est un célèbre film du grand cinéaste tchèque Karel Kachyna sur les méthodes policières du régime communiste. Tourné en 1969, « L’Oreille » a été, évidemment, interdit par la censure.

Je remercie également René Durand, d’Orvault, en France pour sa lettre et son rapport d’écoute. « La fréquence de 6200 kHz à 19h30 passe beaucoup mieux que celle de 5930 à 17h30 », constate-t-il. « Par ailleurs, j’ai eu l’occasion de vous écouter via Internet, la réception est bien entendu parfaite. Côté programmes, je trouve toujours des choses intéressantes chez vous, par exemple ce soir l’interview d’une historienne sur la fin du communisme. » Vous faites allusion, M. Durand, à l’entretien de notre collègue Anne-Claire Veluire avec Marie-Elisabeth Ducreux, spécialiste de l’histoire de l’Europe centrale et fondatrice du CEFRES de Prague, diffusé le 20 novembre dernier, vingt ans après la tenue des grandes manifestations anti-communistes à Prague, auxquelles Marie-Elisabeth Ducreux avait assisté en personne.

« Dans le contenu des émissions », écrit notre fidèle auditeur Didier Beaurepaire, de Romans-sur-Isère, en France, « j’aime bien lorsqu’on relate les événements de 1989. Je suis très intéressé par tout ce qui retrace la fin du communisme, la révolution de Velours, l’évolution de la société tchèque ». Enfin, merci pour votre soutien à toute l’équipe de Radio Prague : Par exemple, René et Louisette Pigeard du Radio Club du Perche souhaitent « une longue vie à Ragio Prague. Pas de blague, Monsieur le directeur », ajoutent-ils... Felix Guilbaud de Bouguenais, en France, nous écrit : « J’espère que les rumeurs sur l’arrêt des émissions de Radio Prague sont fausses, pour la fin de l’année, que vont devenir nos émissions préférées sur les ondes courtes ? Les stations partent les unes après les autres des ondes courtes. C’est pourtant très passionnant des écoutes pratiquement chaque jour. »

Merci encore une fois pour votre fidélité à RP. Vos rapports d’écoute et commentaires sur nos émissions sont toujours les bienvenus. Je tiens encore à saluer Stéphane Boudrant de France, Abdelilah Izzou du Maroc et Rassem Ben Brahim de Tunisie, qui nous ont écrit récemment. Portez-vous bien, très bonne semaine à toutes et à tous, en compagnie de Radio Prague...