Lisbonne : Klaus laisse entendre qu'il signera, la Slovaquie inquiète à son tour au sujet des décrets Beneš
Dans un entretien accordé au quotidien Lidove Noviny, samedi 17 octobre, le président Václav Klaus a enfin laissé entrevoir la possibilité qu’il ratifie le Traité de Lisbonne. Bonne nouvelle donc pour les partisans du Traité en République tchèque ainsi que pour la majorité des pays européens qui attendaient de plus en plus impatiemment que le président tchèque arrête de jouer les trouble-fêtes. Pourtant, le président Klaus a réussi à semer le doute, avec ses craintes sur la remise en cause des décrets Beneš, notamment auprès du premier ministre slovaque, Robert Fico.
Pour autant, Klaus est resté fidèle à lui-même. Il est toujours très critique vis-à-vis de ce texte. L’entrée en vigueur du Traité ne sera
C’est une lueur d’espoir, ou même bien plus que cela, un véritable soulagement pour le gouvernement tchèque et l’ensemble des partisans du Traité de Lisbonne, puisque le président tchèque, dans une interview publiée dans l’édition du week-end des Lidové Noviny, a estimé que le processus de ratification était en quelque sorte irréversible. « Le train est parti si vite et est déjà si loin qu’il n’est possible ni de l’arrêter ni de le faire revenir en arrière, quelque soient ceux qui peuvent le souhaiter » : c’est avec cette métaphore que Václav Klaus a laissé entendre qu’il finira par apposer sa signature sur le document qui devra réformer les institutions européennes. Il avait également confié au journaliste qui l’interrogeait qu’il ne pouvait pas attendre et qu’il n’attendra donc pas les élections britanniques. Voila de quoi rassurer les représentants des Vingt-sept, excédés par l’attitude de Klaus ces dernières semaines, ainsi que le premier ministre Jan Fischer et son gouvernement, qui étaient obligés de jouer des pieds et des mains pour faire avancer le processus de ratification. Klaus a par ailleurs apaisé quelque peu ses détracteurs en assurant qu’il se contentera d’un engagement politique des autres membres de l’Union européenne pour que sa « note de bas de page »à apposer à la Charte des droits fondamentaux ne soit ajoutée que lors de la prochaine signature du Traité par les 27, soit au moment où la Croatie entrera dans l’Union européenne, évitant ainsi la réouverture du processus de ratification actuelle.« pas la fin de l’histoire », « la lutte pour la liberté et la démocratie en Europe doit continuer », selon le président tchèque.
Parallèlement, au moment où les positions du président semblent s’assouplir, un vent de méfiance est en train de souffler sur la République slovaque. L’ancienne moitié de la République tchécoslovaque est elle aussi concernée par les décrets Beneš, et les craintes formulées par Klaus sur la potentielle utilisation de la Charte des droits fondamentaux contre les décrets Beneš ont gagné le premier ministre slovaque, comme il l’a exprimé à la télévision tchèque dimanche soir :
« Au cas où la République tchèque négocierait cette question, nous serions alors obligés de nous poser la question de nos propres garanties, en Slovaquie, pour que les opposants aux décrets Beneš ne les remettent pas en cause. »Le chef de la diplomatie slovaque, Miroslav Lajčák, a confirmé dimanche que la Slovaquie soutiendrait la demande d’exception de la République tchèque seulement si les conditions obtenues sont valables pour les deux pays. La Slovaquie a pourtant ratifié le Traité de Lisbonne en mai dernier.
Václav Klaus attend par ailleurs le verdict de la Cour constitutionnelle, après la plainte des sénateurs ODS sur la conformité du document avec la constitution tchèque, qui sera rendu le 27 octobre prochain, soit deux jours avant le sommet européen des 29 et 30 octobre. Il pense d’ailleurs que la Cour constitutionnelle n’aura pas réussi à trancher le 27 octobre et que cette date sera seulement l’ouverture de nouvelles négociations. Malgré les apparences, le président Klaus n’a peut-être pas encore dit son dernier mot.