Etre français et chercher un emploi en République tchèque

Les derniers chiffres du chômage en République tchèque sont les plus mauvais depuis de nombreuses années. La période n’est donc pas idéale pour rechercher un emploi. Marta Wallenfelsová est chargée de l’emploi à la chambre de commerce franco-tchèque. Elle nous donne son regard sur le marché du travail pour les étrangers, et notamment pour les Français en République tchèque. Elle est accompagnée de Caroline Braquessac, qui est française et qui vient d’arriver à Prague. Elle cherche un travail dans les relations publiques et la communication. Elle nous fait part de son expérience de recherche d’emploi dans la capitale tchèque.

Marta Wallenfelsová
Marta Wallenfelsová, vous êtes chargée de l’emploi à la chambre de commerce franco-tchèque. On a beaucoup parlé ces dernières semaines de l’augmentation du chômage en République tchèque. Avez-vous ressenti cette augmentation ?

Marta : « Oui, on l’a vue vraiment en direct et il est vrai que le changement était trop fort. L’année dernière, en septembre, on cherchait encore beaucoup de candidats, on avait beaucoup de postes vacants pour les entreprises françaises et au mois d’octobre ou novembre, le recrutement était presque arrêté. Maintenant, il est difficile de dire que la situation s’améliore mais je dirais quand même qu’on constate une légère amélioration. Les entreprises, dans notre domaine du marché du travail parce que nos métiers sont ceux du commerce, des finances, de la gestion, et après avoir vraiment presque stoppé ou sensiblement réduit les recrutements, elles commencent ou recommencent à proposer quelques postes. Elles cherchent les mêmes candidats qu’avant, soient des candidats polyvalents, qui parlent plusieurs langues et qui ont de préférence une expérience internationale. »

Vous avez beaucoup de candidats français qui s’adressent à la chambre de commerce franco-tchèque. Quel est le profil de ces candidats ?

Marta : « Il y a beaucoup de candidats français effectivement. Généralement, ce sont des jeunes qui ont une formation supérieure mais les motivations sont vraiment très variées. Très souvent, c’est une motivation d’ordre professionnelle ; ils cherchent à avoir une carrière dans un pays en plein essor. Une autre motivation, tout à fait différente, est une motivation personnelle. Il y a des Français qui vivent ou qui se projettent à vivre en couple avec un ou une Tchèque. Ils ont donc décidé de déménager et ils recommencent ici leur vie en cherchant un nouveau travail. On a un troisième groupe de Français qui s’adressent à nous. Ce sont des jeunes qui souhaitent réaliser une mission VIE – Volontariat International en Entreprises. On a mis en place pour eux un incubateur qui est destiné aux petites et moyennes entreprises qui souhaitent effectivement détacher un jeune Français pour développer leur activité en République tchèque. »

Caroline Braquessac, vous êtes à Prague depuis quelques semaines ou quelques mois. Pourquoi êtes-vous venues ici ?

Caroline : « Je suis arrivée le jour de l’été, le 21 juin. Comme Marta le disait, je suis arrivée en République tchèque pour des raisons personnelles avec déjà une connaissance du pays par mon travail en France puisque je travaillais dans un centre culturel qui a des partenariats avec différents instituts dont l’Institut français de Prague. »

Est-il difficile de chercher du travail en République tchèque ?

Caroline : « J’étais consciente que le contexte n’était pas très favorable et je me suis lancée dans des démarches administratives, ce qui me semblait très important. Dans la recherche d’un professeur de tchèque, j’ai aussi tablé cet élément comme fondamental. Puis en regardant un peu le marché de l’emploi, j’ai réalisé qu’il y avait peut-être différents moyens d’accéder à l’emploi. J’ai donc fait la demande d’une ‘živnostenský list’, donc une licence professionnelle pour pouvoir répondre à différentes missions en lien avec mes expériences professionnelles en France. J’ai eu cette ‘živnostenský list’, et ça me permet de répondre à différentes missions pour différents employeurs. Mais je continue en parallèle à chercher un emploi un peu plus fixe. »

Vous avez évoqué l’apprentissage de la langue tchèque. Marta Wallenfelsová, est-ce que c’est important pour les candidats français de maitriser le tchèque ?

Marta : « Ca dépend du métier. Plus on est spécialisé, moins on a besoin de parler le tchèque. Par exemple, si vous êtes ingénieur dans la technologie informatique, vous travaillez dans une grande entreprise internationale à Prague, votre langue de travail sera l’anglais et ce sera suffisant. Vous utiliserez le tchèque dans les brasseries ou le soir avec les amis, mais pour le travail, ce ne sera pas nécessaire. Plus vous êtes dans des métiers de la communication, de la relation client, du commerce, du marketing, et que vos clients sont des entreprises tchèques ou sur le territoire tchèque, il est évident que le tchèque est nécessaire. »

Avez-vous des chiffres qui donneraient une idée du nombre de Français qui vivent et travaillent en République tchèque, et combien de temps il est nécessaire pour trouver un emploi ici lorsqu’on arrive de France ?

Marta : « Je pense qu’il y a 2000 à 3000 Français, y compris les expatriés, c’est-à-dire ceux qui n’ont jamais cherché sur le marché tchèque parce qu’ils sont venus directement de la France. Les candidats français qui s’adressent à nous représentent environ 100 à 200 personnes par an venus chercher du travail. Le tchèque aide beaucoup. Les Français qui parlent déjà un peu ou qui commencent à apprendre le tchèque trouvent plus facilement. Et pour trouver un emploi, dans la bonne période, il fallait à peu près trois mois. Maintenant, je ne sais pas exactement, mais bien sûr, ce sera plus long. »

Caroline, dans votre recherche de travail, avez-vous vu des différences entre la France et la République tchèque ? Qu’est-ce qui est le plus étonnant ici ?

Caroline : « Disons que la République tchèque est un territoire qui a une dimension différente de celle de la France. J’ai noté qu’à Prague tout le monde se connaît. Il y a une forte notion de réseau. Rencontrer des personnes, avoir des opportunités, que j’ai eues grâce à mon ancien travail en France, cela m’a permis d’avoir des rendez-vous quand je suis arrivée et d’avoir déjà des missions pour recommencer une activité professionnelle. Cette notion de réseau, qui est pourtant aussi importante en France, m’a vraiment frappé en République tchèque. »

Vous avez obtenu un statut de travailleur indépendant. On a tendance à penser que c’est une démarche difficile administrativement. Est-ce que c’était difficile pour vous ?

Caroline : « Ce qui était compliqué, c’était de ne pas parler tchèque évidemment. J’ai eu la chance de tomber sur une personne à l’accueil de la mairie où je réside qui a mis énormément de bonne volonté pour qu’on puisse faire aboutir le dossier. Et finalement, j’ai fait la démarche seule sans pour autant parler tchèque, si ce n’est les mots de courtoisie et de politesse pour l’instant. »

Pensez-vous qu’il est plus difficile de trouver un emploi en France ou en République tchèque ? Quel est votre sentiment ?

« Je trouve qu’il est difficile de répondre à cette question parce que le contexte n’est pas très favorable. En même temps, je pense qu’il y a des opportunités, et la ‘živnostenský list’ m’a ouvert déjà des portes pour avoir quelques missions et redémarrer une activité professionnelle. C’est peut-être difficile de comparer en ce moment parce que le contexte n’est pas très favorable non plus en France. »