« Le cirque, c’est faire un croche-pied à la réalité »
Retour sur le festival de cirque Letní letna qui s’achève le 31 août. Première rencontre avec le Cirque Trotolla que nous présente un de ses acrobates, Bonaventure Gacon.
Bonjour Bonaventure Gacon, vous faites partie du Cirque Trotolla. Que signifie « trotolla » ?
« Ca veut dire ‘toupie’ en italien. »
Et vous présentez un spectacle intitulé Volchok, qu’est-ce que cela veut dire ?
« C’est la ‘toupie’ en russe. On a utilisé la toupie parce que ça sert à rien, c’est ludique, ça tourne comme le cirque. C’est éphémère. On aimait bien cet objet. »
Et alors est-ce que ça tourne beaucoup dans votre spectacle ?
« Il y a une piste ovale contrairement à la tradition du cirque qui voudrait une piste de 13m ronde. On a deux gradins face à face. Il y a de l’acrobatie, jonglerie et du burlesque. »
Comment avez-vous construit le spectacle Volchok ?
« Il y a des numéros de technique qui sont bel et bien là, d’acrobatie, d’équilibre, de jonglerie. Puis, on a de numéros burlesques. On travaille avec de gros fardeaux, de gros ballots de chiffon, qu’on a essayé d’imager comme des fardeaux de la vie qu’on se trimbale, qu’on passe d’un endroit à l’autre du chapiteau. »
Vous tournez beaucoup, en France et en Europe...
« On a des contacts aussi aux Etats-Unis, au Japon. Mais c’est un gros bazar de transporter tout ça. Il y a une grosse logistique. On tourne, oui, on va aller en Espagne. On a fait la Belgique, la Suisse. On va peut-être aller en Hollande, au Canada. »
C’est une troupe un peu internationale, vous avez notamment un Danois au sein de la troupe... Quand et comment la troupe s’est-elle constituée ?
« Le Cirque Trotolla existe depuis 2001. On a tourné avec un spectacle 4-5 ans. Et ensuite on a fait un nouveau spectacle. Le milieu du cirque ne se cantonne pas à une région et à une ville. Ce qui fait qu’on travaille ensemble, c’est pas affinités. Titoune et moi on travaillait dans l’ancien spectacle ensemble. On a rencontré aussi les deux musiciens, Thomas et Bastien, des marseillais. »
Quelle est la formation de tout le monde ? Y a-t-il des gens issus de grandes familles du cirque ? Quel est votre parcours ?
« J’ai rencontré une troupe de cirque par le biais du violon dont je jouais. Petit à petit j’ai été apprenti dans ce cirque, puis j’ai fait une école de cirque. Titoune a travaillé en Suisse d’où elle vient. On ne vient pas de la famille du cirque. »
Vous êtes en République tchèque. Est-ce que vous suivez ce qui se fait ici ? Y a-t-il un échange ?
« Oui, on est entre autres liés aux frères Forman. Suite à Prague on sera au château de Kratochvile où ils organisent une rencontre. On va jouer là-bas aussi. On aime beaucoup ce qu’ils font. »
Comment est-ce que vous pourriez définir le « nouveau cirque » ?
« Sur le thème nouveau cirque, cirque traditionnel, tout cela m’importe peu. Il y a des cirques traditionnels que j’adore. Plus on définit l’art par l’intellect, plus la conscience définit les choses, moins le sentiment est là. Pour le cirque c’est d’autant plus vrai : plus on essaye de le mettre dans des cases, plus l’esprit libertaire du cirque s’éloigne. »
Qu’est-ce qui vous fait vibrer dans le cirque, encore et toujours ?
« C’est ce côté où on peut tout faire. On peut faire un croche-pied à la réalité, la tordre. Tout devient possible. En même temps il y a une force, une liberté. On est voyageurs, on monte nous-mêmes notre barraque. Il y a cet élan qui me fascine, malgré les contraintes... »