« Dada is not dead », le 5e festival international dada se déplace de Zürich à Kolín
Du 21 au 28 juin s’est déroulé dans la ville de Kolín, à une trentaine de kilomètres à l’est de Prague, le Dada festival, organisé par Mark Divo, un artiste suisse installé en République tchèque. Performances, expositions, concerts, se sont déroulés dans une immense maison début 1900, un bâtiment qui se veut être une « sculpture habitée » d’après Mark Divo et qui, hors festival, entend devenir un centre d’art contemporain alternatif, permettant des résidences d’artistes et organisant divers événements au cours de l’année.
« C’est une maison dans le style historique, je trouve que ça ressemble un peu à un petit château médiéval. Elle a été construite en 1914 par un artiste qui y vivait avec sa famille. Elle a vécu ici jusqu’au début de l’année 2007. Puis nous sommes venus et nous avons acheté cette maison. »
Ce qu’on voit à l’intérieur de cette maison, quand on entre, c’est tous ces papiers-peints très beaux que vous avez collés, vous avez refait tous les murs et l’intérieur...
« On a utilisé beaucoup de papiers-peints différents pour aller avec le temps et le style. Nous avons quatre étages, où vont se dérouler différents événements. »Justement, qu’allez-vous faire exactement de cette maison ?
« Le projet c’est le D.I.V.O. Institute. C’est un projet de ‘sculpture habitée’. Des artistes amis, de nombreuses personnes, de Suisse notamment, viennent ici exposer leurs oeuvres. Le festival qu’on organise, c’est le 5e festival international Dada. »
Alors c’est un festival Dada, vous êtes originaire de Zürich et on sait que le dadaïsme est né dans cette ville avec Tristan Tzara et d’autres artistes. Votre festival est-il la continuité de cela ? Cela veut-il dire que le dada n’est pas mort ?
« Le nom dérive d’un événement qu’on a organisé en 2002 à Zürich. On a squatté le Cabaret Voltaire, on a réouvert cette maison car une banque voulait la transformer en pharmacie. Nous, une trentaine d’artistes contemporains de Zürich, nous avons fait pendant six semaines une grande performance vingt-quatre heures sur vingt-quatre, avec de l’art, de la musique, etc. »
Il faut quand même préciser que le Cabaret Voltaire historique, c’est là où est né le dada.
« Exactement. En 1916. »
Il y a eu des festivals depuis 2002, et cette année vous organisez le festival à Kolín. Comment passe-t-on de Zürich à Kolín ?« En 2005 j’ai participé à la deuxième biennale de la Galerie nationale à Prague. En 2006, nous avons organisé le festival Proces dans le grand marché de Holesovice. Ca a duré deux mois. Il y avait aussi beaucoup d’artistes suisses, mais aussi d’autres pays, et des Tchèques. Et on a trouvé cette maison à Kolín, en 2007. On s’est dit que ce serait plus intéressant de faire de l’art contemporain loin des métropoles. Dans des grandes villes comme Prague, Londres, Zürich, New York, Paris, c’est plein d’art contemporain. Du coup, les gens, ça ne les intéresse pas à cause de toutes les autres distractions... »
Que va-t-il se passer quoi dans les différentes pièces ? Y a-t-il des pièces réservées à des ateliers ? A des expositions ?
« Il y a des endroits pour l’exposition mais l’idée, c’est que toute la maison soit une exposition. »Donc la maison est à la fois le réceptacle des oeuvres d’art mais une oeuvre d’art en elle-même.
« Exactement. »
L’esprit du dada, il est où dans cette maison ? Comment le définiriez-vous ?
« C’est parce que nous mettons des choses ensemble qui ne vont pas ensemble. C’est ça le dada... Pour moi, l’esprit du dada, une des choses vraiment uniques, c’est un mouvement d’artistes fondé et contrôlé par des artistes. Il n’y a pas eu d’historiens de l’art qui sont venus et ont dit : ‘ça c’est du dada’, comme pour les autres styles. »
Et le reste de l’année, la maison va-t-elle être dédiée à des résidences d’artistes, à d’autres événements ?
« Oui, nous allons faire des expositions tous les deux mois. On va inviter un artiste suisse et un artiste tchèque pour faire quelque chose ensemble. C’est l’idée. »