Journée internationale des Roms : rappeler les violences et les discriminations
Le 8 avril est déclaré Journée internationale des Roms. Un peu partout en République tchèque, des événements culturels mais aussi de commémoration sont organisés. Une journée qui est aussi l’occasion de remettre sur le devant de la scène certains problèmes non-résolus comme le site de Lety.
Opération cosmétique ou pas en avant ? Un accord vient d’être trouvé entre le gouvernement, la commune de Lety, la région et les organisations roms concernant le site de Lety en Bohême du Sud. Et c’est plutôt une impression d’avoir été flouée qui se dégage de l’accord pour la communauté rom.
Lety, vous le savez, c’est le lieu d’un camp de concentration pour les Roms pendant la Deuxième Guerre mondiale, où se trouve aujourd’hui une porcherie, objet de controverse depuis des années entre associatifs roms et autorités tchèques.
La commission multipartite menée par la ministre chargée des droits de l’homme Džamila Stehlíková a donc fait part de sa « solution » : une allée d’arbres qui séparera désormais la porcherie du lieu de mémoire, une tentative pour atténuer la puanteur environnante. Le cimetière de fortune doit être réhabilité. Les chemins y menant aménagés. Des panneaux installés.Mais pour Čeněk Růžička, président du Comité pour l’indemnisation des victimes roms de l’Holocauste, il ne s’agit que d’une façade pour faire bonne figure vis-à-vis de la communauté internationale :
« J’ai été un peu surpris que la commission ait séparé le problème de Lety en deux : d’un côté, le réaménagement ou la transformation en lieu de piété en bonne et due forme du cimetière. Et de l’autre, le problème de la porcherie sur le lieu de l’ancien camp de concentration. Le résultat, c’est que la commission n’a pas du tout abordé le déménagement de la porcherie. »
Et si Čeněk Růžička estime que la ministre est plutôt favorable à une solution en faveur de la communauté rom, il ne se fait guère d’illusions, à la fois en terme de problème de gros sous, ou en terme de mentalités.Et c’est d’ailleurs sur ce problème des mentalités que veut insister l’association rom Dženo, à l’occasion de la Journée internationale des Roms. Parce que si le passé n’est toujours pas réglé à Lety, le présent n’est guère plus reluisant. Ivan Veselý, président de Dženo :
« C’est très bien que le 8 avril soit une fête des roms où on danse, on chante… La société voit ce jour comme la fête de la musique rom. Mais nous, en cette journée, nous voulons surtout signaler toutes les victimes roms de la violence idéologique en RT. Dans le cadre de l’UE, la communauté rom n’est pas satisfaite de la gestion politique des problèmes. L’UE nous voit comme un problème social, mais nous ne sommes pas un problème social. »L’association Dženo a préparé une exposition installée sur la place de la Paix, à Prague, qui présente des panneaux avec les noms des Roms victimes des violences de groupes d’extrême droite en République tchèque depuis 1989. Un message d’alerte adressé également au président de la Commission européenne, José Barroso, par l’intermédiaire d’une lettre ouverte, rappelant que les Roms sont toujours victimes de violences, mais aussi de discrimination au niveau de l’emploi, du logement, de l’éducation et de la santé.