Jarmila Loukotkova ou l'art d'insuffler la vie à l'histoire
« Le livre ne doit jamais ennuyer, même si ses qualités sont les plus excellentes », disait Jarmila Loukotkova. Elle a réussi à attirer dans le labyrinthe de l'histoire d'innombrable lecteurs, qui, sans elle ne s'y seraient jamais hasardés. Douée d'un grand talent de narration suggestive, elle a su redonner vie à des personnages et des faits historiques. Ce lundi, elle est entrée, elle aussi, dans l'histoire.
« Mon premier livre est paru très tôt. C`était en 1940, je n'avais que dix-sept ans et c'était un recueil de contes sur des sujets de l'Antiquité. J'ai été attirée par l'Antiquité, probablement, entre autres, par une « tare héréditaire », c'est-à-dire les visites chez mon grand-oncle. Mon grand-oncle qui s'appelait Frantisek Loukotka a écrit toute une série de manuels de latin et de grec et c'était notre dernier poète de langue latine. »
Elle ajoute à cette grande fresque haute en couleurs ses propres traductions des vers du poète maudit dont elle ne sera jamais tout à fait satisfaite et qu'elle n'arrivera pas à considérer comme définitives.
Elle ne travaille pas facilement, pour chaque oeuvre elle réunit et étudie de nombreux documents et pourtant elle finira par écrire une vingtaine de grands romans ainsi qu'un certain nombre d'oeuvres mineures, dont des récits psychologiques contemporains et même des romans avec une intrigue policière. Elle ne parle que très rarement de sa vie privée. On retiendra pourtant cette phrase d'elle qui pourrait être considérée comme le bilan d'un échec : « Mes amours sont une galerie d'individus bizarres, un musée de canailles et de toqués et souvent des deux à la fois. »
Dans ses romans historiques Jarmila Loukotkova a fréquemment évoqué des situations terribles et cruelles. Elle disait pourtant : « Ce n'est encore rien comparé à ce qui se passe à l'époque actuelle. » C'est donc à l'âge de 84 ans qu'elle a quitté notre monde et notre époque à laquelle elle aurait préféré sans doute le XVe siècle de François Villon.