Cérémonie à la Radio tchèque à l'occasion du 39e anniversaire de l'invasion du pays par les troupes soviétiques
Des dirigeants politiques, des Praguois et des témoins des événements d'août 1968 ont assisté, ce mardi, à une cérémonie commémorative devant la maison de la Radio tchèque. Cette année, 39 ans se sont écoulés depuis l'envahissement du pays par les armées des 5 pays du pacte de Varsovie. La nuit du 20 au 21 août 1968, une force composée de 500 000 soldats et de 7000 tanks a franchi la frontière pour mettre fin à une tentative de réforme visant à édifier un socialisme à visage humain.
Jiri Dienstbier, premier chef de la diplomatie d'après 1989, ancien chargé de missions de l'ONU, actuel candidat potentiel à l'élection présidentielle de 2008, a vécu le 21 août 1968 au micro de la Radio, en tant que journaliste, et son engagement a marqué sa carrière pour vingt longues années pendant lesquelles il était en dissidence. Comment se souvient-il du 21 août 1968 à la Radio ?
« Il y avait alors ici une barricade vivante formée par des dizaines de milliers de personnes qui, pendant plusieurs heures, ont empêché l'occupation de la Radio et nous ont permis de continuer encore pendant quelques heures à diffuser les informations sur ce qui se passait dehors et ainsi, tout le monde a pu apprendre l'occupation du pays. Leur action a démontré à quel point les Tchèques étaient déterminés à défendre le processus de démocratisation... La nation toute entière a participé à cette explosion de liberté. De leurs corps, les Tchèques défendaient non seulement la Radio mais aussi toute cette période des six mois de liberté, le Printemps de Prague....» Pour le chef du cabinet, Mirek Topolanek, la cérémonie du souvenir était une occasion de réfléchir sur les parallèles et le message du 21 août 1968 :« Nous sommes ici pour rendre hommage à ceux qui ont opposé une résistance aux chars par la force de leur parole, mais aussi pour en tirer des enseignements. J'ai à l'esprit cette valeur qui a uni la nation dans la défense contre le mal - le patriotisme : en 1968, le patriotisme des Tchèques s'est retrouvé face aux ambitions hégémoniques de la superpuissance soviétique. La guerre froide est terminée, ces ambitions font toutefois à nouveau leur apparition : des milieux influents en Russie ont des difficultés à accepter que le russe ne retentisse plus dans l'espace militaire de Brdy et que notre décision sur l'installation du radar anti-missile américain soit prise indépendamment du désir de Moscou... »
Selon les données de l'Office de documentation et d'enquête sur les crimes du communisme, l'occupation de la Tchécoslovaquie, qui a commencé le 21 août 1968, a fait 72 morts, 276 blessés graves et 422 blessés légers. La Pologne a été, en août 1989, le premier pays de l'ancien pacte de Varsovie à condamner l'invasion.