L'Association Le Pont Neuf : dix-sept ans d'action auprès des jeunes de l'Europe de l'Est
« Je suis partie avec cette bourse en France, au moment où je n'étais pas encore spécialisée en pédiatrie. J'étais en train de terminer mes études de médecine. J'ai peu alors effectuer un stage de six semaines au service de néonatologie à l'Hôpital Robert Debré, à Paris. » Le pédiatre Jana Novakova fait partie des 700 boursiers étrangers, originaires d'Europe centrale et orientale, qui ont été concernés, depuis la chute du communisme, par les actions de l'Association parisienne Le Pont Neuf.
Deux personnalités ont initié sa fondation, il y a tout juste dix-sept ans, à Prague : Bernadette Chirac, sa présidente, et Vaclav Havel. L'anniversaire du Pont Neuf a été célébré jeudi 1er mars à l'ambassade de France à Prague, en présence des anciens boursiers tchèques et de la directrice de l'Association, Sophie Fouace. Elle a évoqué les débuts et la mission du Pont Neuf :
« Madame Chirac était venue en février 1990, pour voir comment se passait la Révolution de velours. Elle a rencontré des jeunes dans le cadre du Forum civique et elle leur a fait part de sa volonté de créer une association qui réunirait les jeunes Français et les jeunes d'Europe centrale, en associant la Russie. Ils ont cherché un nom et elle avait proposé La passerelle de l'espoir. Les jeunes Tchèques ont dit : 'Ah non ! Pas de passerelle, ce n'est pas assez solide, il faut un pont ! Nous ne voulons pas d'espoir, nous voulons des réalisations concrètes !' C'est ainsi qu'ils ont trouvé Le Pont Neuf, 'Novy most', qui se comprend dans toutes les langues slaves. Son siège se trouve 31, rue du Pont Neuf. C'est un lieu magnifique, habité autrefois par Molière et Richard Wagner, que Mme Chirac a trouvé après avoir baptisé l'association. »
Quels sont les champs d'action du Pont Neuf ?
« Les champs d'action ont été clairement définis en 1997, lorsque Mme Chirac m'a demandé de prendre la direction de l'association. A l'origine, elle avait voulu créer un pôle de culture, avec des manifestations artistiques, des échanges scolaires etc. En 1997, nous avons opté pour une politique de bourses. Nous avons voulu approfondir notre action, pour que les jeunes se souviennent vraiment qu'ils sont venus en France. Nous attribuons donc des bourses de sciences politiques (élargies aujourd'hui à la gestion, au management, aux finances). L'Institut d'études politiques des Sciences Po à Paris est notre premier axe. Le deuxième axe, c'est la médecine, avec des bourses pour de jeunes médecins et pour les médecins spécialistes. Troisième axe : la culture, avec l'accueil de jeunes créateurs dans le cadre du Prix LVMH Pont Neuf et des expositions que j'organise à l'association. »
Après l'élargissement de l'UE en 2004, avec toutes les possibilités que cet événement a apporté aux jeunes, Le Pont Neuf n'a-t-il pas perdu, en quelque sorte, sa raison d'être ?
« Au contraire. Ce qui a changé dans l'association, c'est que j'ai constaté que les jeunes étaient de plus en plus mobiles. Mais leur aspiration à venir étudier en France est toujours aussi vive. En 1997 ou 1999, je recevais des jeunes qui n'étaient jamais venus en France. Maintenant, j'accueille des gens qui sont déjà venus, pour un semestre, mais qui veulent approfondir, aller plus loin dans leurs études et qui viennent faire deux ans à Sciences Po. Notre action est encore plus nécessaire. Par exemple, les jeunes qui viennent de faire deux années à Sciences Po Dijon, ils font ensuite leur stage à l'étranger, mais sans bourse, ils ne peuvent pas faire leur quatrième année à Sciences Po Paris. Donc ils se tournent à l'Association Pont Neuf, pour solliciter une bourse. »