Brandys nad Labem fut le château préféré des empereurs habsbourgeois
Direction, aujourd'hui, Brandys nad Labem - Stara Boleslav, deux villes situées sur l'Elbe à 20 kilomètres à l'est de Prague qui forment une seule entité administrative. Le but de notre voyage, le château de Brandys, fut pendant presque 450 ans, jusqu'à 1918, le second siège de la dynastie régnante des Habsbourg en Bohême. Le fils du dernier empereur, Otto von Habsbourg, vient encore à Brandys : il aime s'asseoir dans la chambre de ses parents, l'empereur Charles 1er et l'impératrice Zita...
« Si on comparait le lien qui unissait la dynastie habsbourgeoise avec le château de Prague et celui de Brandys, on ne trouverait pratiquement pas de différence entre les deux. C'est d'ici que l'impératrice Marie Thérèse et le dernier roi couronné de Bohême Ferdinand V partaient pour les couronnements à Prague » dit-il, en ouvrant la porte du château ... Nous entrons pour écouter sa narration :
« Le château de Brandys a été construit à l'emplacement où une colonie existait vers 1290 déjà. C'est par ici que menait une voie commerciale de Lusace à Prague et une forteresse gotique d'origine surveillait le gué traversant la rivière l'Elbe. La première mention écrite date de 1304. Le château n'a jamais été conquis. L'ère gothique s'achève en 1547 lorsque le château prend son aspect Renaissance actuel, et cette année-là marque un tournant décisif, car c'est alors qu'il devient la propriété du premier Habsbourg, sur le trône de Bohême depuis 1526, l'empereur Ferdinand 1er. La liaison entre Brandys et les Habsbourg dure sans interruption pendant presque 450 ans. Le château reste en possession de la dynastie impériale durant tout son règne, jusqu'en 1918. » L'empereur Maxmilian qui a doté le château de son aspect Renaissance y séjournait avec sa cour pendant la moitié de l'année et il en était de même pour son fils, Rodolphe II. Les intérieurs étaient richement aménagés de meubles, de tableaux, de tapisseries et collections de porcelaine. Il y avait des oeuvres crées par le sculpteur maniériste néerlandais Adrian de Vries ou le peintre italien Giuseppe Arcimboldo. L'ère rodolphienne a été celle de sa plus grande gloire. Les aménagements intérieurs n'avaient rien à envier à ceux du château de Prague. Hélas, les Suédois qui sont passés par ici à la fin de la guerre de Trente ans ont pillé le château. Le mobilier actuel n'est qu'un fragment. Parmi les objets les plus précieux, les fresques du XVe siècle et le relief maniériste de l'adoration des Rois mages, oeuvre du sculpteur italien Giovanni Battista Quadri, qui a travaillé pour Rodolphe II à la cour du château de Prague et qui est aussi l'auteur des stucs à la salle Espagnole du château pragois.Le château de Brandys possède une curiosité - un couloir souterrain reliant le château avec le jardin, explique notre guide :
« Le couloir débutait au pied de l'escalier menant dans des chambres impériales et débouchait sur la partie privée du parc, appelé jardin secret. L'empereur Rodolphe se plaisait dans des éléments de décoration, tels que fontaines, chutes d'eau, volières. Il y avait aussi un pavillon d'été pareil au Belvédère du château de Prague qui n'a pas été conservé, de même qu'un pont en pierre en bas du jardin surplombant l'Elbe. »
Une place privilégiée dans l'histoire du château de Brandys revient à l'impératrice Marie Thérèse. Dans un certain sens, les fondements de la future dynastie des Habsbourg-Lorraine étaient posés ici, explique Milan Novak :« En 1723, avant le couronnement de Charles VI, sa fille, Marie Thérèse, âgée alors de 6 ans a pour la première fois rencontré, à Brandys, sont futur époux, François-Etienne de Lorraine. Vingt ans plus tard, en 1743, c'est Marie Thérèse elle-même qui partait de Brandys pour son couronnement à Prague. Autre chapitre intéressant : en 1813, il y avait eu à Brandys une rencontre de trois empereurs : François 1er de Habsbourg, l'empereur russe Alexandre 1er et le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III. Ils se sont retrouvés à la table de négociations pour convenir de la formation d'une coalition anti-française contre Napoléon Bonaparte 1er qui a culminé par la bataille des Nations à Leipzig. » Lors de la visite du château, nous admirons les salles représentatives qui sont offertes à l'organisation de conférences, concerts et aussi à des cérémonies de mariage. Durant toute l'année sont accessibles les expositions installées dans les chambres impériales : pinacothèque, bibliothèque toscane, et l'exposition d'uniformes et d'ordres militaires. Dans la cour du château, on peut se reposer au café Toscana, appelé ainsi à la mémoire de la branche des Habsbourg Toscans à laquelle le château appartenait au XIXe siècle. Parmi ses membres, l'archiduc Louis-Salvador de Toscane s'est tout particulièrement illustré, en tant qu'auteur des derniers remaniements du château mais surtout en tant qu'explorateur, savant, écrivain et mécène d'art qui, au cours de ses nombreuses expéditions en Afrique, à Majorque, aux Baléares, à Ibiza, aux îles grecques de Zakynthos et autres, a réuni une richesse impressionnante d'objets qui font aujourd'hui partie des collections du Musée national de Prague.