T.G. Masaryk avec Maurice Joseph Pellé (à gauche) et Louis-Eugène Faucher (second de droite) en 1919, photo: CTK
Petit avant-goût, aujourd'hui, de l'émission spéciale du 17 novembre qui sera consacrée au général Louis-Eugène Faucher, une figure - presque - oubliée de l'histoire des relations franco-tchèques. Il est le visage honorable d'un lien entaché par la signature des Accords de Munich, puisqu'à la différence d'une majorité de Français persuadés que ceux-ci étaient le seul moyen d'éviter la guerre, il protesta vigoureusement contre cette abdication devant les exigences de Hitler. Chef de la mission militaire française à Prague, dans l'entre-deux-guerres, il se prend d'affection pour ce pays et sa population. Vaclav-Eugène Faucher est son fils, et c'est au micro de Radio Prague qu'il a évoqué la mémoire de son père et le lien qui l'attachait à la Tchécoslovaquie de Masaryk :
T.G. Masaryk avec Maurice Joseph Pellé (à gauche) et Louis-Eugène Faucher (second de droite) en 1919, photo: CTK
« Lorsque le gouvernement français a décidé d'aider la république tchécoslovaque à se donner une armée, il a décidé d'une mission militaire française à Prague, dont le chef était le général Pellé, un homme réputé pour son habileté, et qui, effectivement, a fait merveille dans la construction de l'armée tchécoslovaque. Et mon père faisait partie de l'équipe du général Pellé qu'il ne connaissait pas auparavant. Au ministère de la guerre on a dit au général Pellé : Faucher pourrait vous rendre de grands services. Mais une question plus intéressante que l'identité des personnes qui l'ont envoyé là, c'est de savoir pourquoi mon père était interessé par cette offre... Naturellement je n'ai aucune certitude, tout ce que je peux dire, ce sont des hypothèses, peut-être même des fantasmes. A l'origine, comme adolescent, mon père voulait être marin, donc il voulait aller aussi loin que possible, mais comme il était myope, il n'a pas pu rentrer à l'école navale, il s'est donc rabattu sur l'école polytechnique et il est devenu officier du génie. On aurait pu s'imaginer qu'avec son aspiration vers les lointains, ils choisissent de servir outre-mer, dans l'armée coloniale, eh bien non, c'est la Tchécoslovaquie qu'il a choisie... Alors je me suis très longtemps posé la question de savoir pourquoi et ma réflexion a été relancée tout récemment. En janvier dernier, j'ai reçu la visite de l'essayiste et romancier français, Georges-Marc Benamou qui m'a demandé : comment se fait-il que votre père soit parti en Tchécoslovaquie et qu'il y soit resté si longtemps ? Pendant 20 ans ! Ce qui est tout-à-fait anormal pour une carrière d'officier supérieur. Un officier supérieur dont la carrière se poursuit normalement doit faire des « temps de commandement ». Il doit commander une unité française à date régulière, sinon il végétera à des niveaux de responsabilité subordonnée. J'ai été bien en peine pour lui répondre parce que je n'avais pas vraiment réfléchi à la question. Et je crois qu'une réponse tout-à-fait plausible, c'est qu'en Tchécoslovaquie, mon père a trouvé le pays où il aurait voulu vivre. Il avait connu avant 1914, une France unanime dans la volonté de résistance à la menace allemande. Et puis, après la guerre, en 1919, que voit-il ? Une France disloquée, liquéfiée, où les mutineries éclatent un peu partout, en temps de paix, c'est tout de même grave... »