Une invitation à boire du vin
Tout ce que vous voulez savoir sur la viticulture en République tchèque, vous le trouverez dans « La Nouvelle encyclopédie du vin tchèque et morave », rédigée par Vilem Kraus, Zuzana Foffova, Bohumil Vurm et Dasa Krausova. Le livre paru aux éditions Praga Mystica réunit les informations essentielles sur la culture de la vigne en Tchéquie, mais on y trouve aussi une liste d'une cinquantaine de producteurs tchèques et moraves de vins de qualité. C'est donc également une source d'informations sur la production des entreprises viticoles en Moravie et en Bohême.
Récemment le livre a été récompensé par le prix de l'Organisation internationale du Vin et de la Vigne (O.I.V.) dans la catégorie « Monographies et études spécialisées à caractère descriptif et promotionnel ». Le jury composé de spécialistes renommés couronne chaque année les ouvrages représentant « un apport scientifique, original (apport d'idées nouvelles et personnelles), pertinent et de portée internationale pour le secteur de la vigne et du vin. »
Pour Vilem Kraus, chef du collectif des auteurs de l'encyclopédie et un des meilleurs spécialistes tchèques en viticulture, ce n'est pas la première décoration du genre. En 2002 déjà, il avait été lauréat du « Mérite de l'O.I.V. » dont il a reçu la médaille et le diplôme, car ses travaux dans le domaine de la viticulture ne sont pas passés inaperçus sur le plan international. Aujourd'hui, il se félicite du développement dynamique de l'oenologie tchèque :
« L'évolution va dans deux sens. La première tendance est d'attirer les consommateurs exigeants capables d'apprécier la qualité du vin et qui font leur choix en visitant les caves pour connaître les procédés utilisés par les viticulteurs pendant la production. Ce sont des gens qui posent toujours des questions, cherchent à en savoir d'avantage et achètent des crus plus chers. D'autre part, il y a des consommateurs qui ne manifestent pas un intérêt aussi vif pour la production du vin mais qui trouvent leurs vins préférés qu'ils achètent par la suite. Les viticulteurs qui désirent s'imposer grâce à une particularité dans leur production, s'orientent vers des variétés de la plus haute qualité, notamment celles d'origine française, qui donnent chez nous des vins excellents, bourgogne, bordeaux, merlot, sauvignon ou riesling allemand. Par contre, les viticulteurs qui misent plutôt sur une certaine quantité de production, cultivent des variétés plus traditionnelles chez nous, comme veltlinske zelene, riesling vlassky, sylvanske etc., en espérant attirer le courant majoritaire de consommateurs qui ne s'intéressent pas tellement à la production mais qui aiment boire du vin. »Il n'est pas facile pour les viticulteurs tchèques de s'imposer sur un marché des boissons écrasé par la bière. Les Tchèques ne consomment en moyenne que 12 litres de vin par an et ils boivent souvent des vins importés. Attirer leur attention sur la production viticole de leur pays est donc une entreprise de longue haleine. La qualité du vin est évidemment très importante mais la réussite n'est possible que si une campagne publicitaire bien orchestrée est lancée.
Heureusement, la viticulture tchèque se développe de manière dynamique ces dernières années et, selon Vilem Kraus, nos meilleurs crus ne passent pas inaperçus à l'étranger. Les succès internationaux remportés récemment par les vins tchèque et morave sont donc importants non seulement pour leur exportation mais aussi pour leur consommation en Bohême et en Moravie.
« Nos meilleurs producteurs de vin exposent leur production de plus en plus souvent à l'étranger, et leurs vins sont appréciés à ce niveau-là. Donc, non seulement en France, mais aussi par exemple en Allemagne et en Autriche. Ainsi s'établit, peu à peu, une connaissance de nos vins chez les spécialistes, qui savent les apprécier en tenant compte de leur origine, puisque nos vins proviennent des régions viticoles situées les plus au nord de l'Europe. Leur caractère est donc également déterminé par leur origine. Quand on prend les vins étrangers produits dans des régions semblables sur le plan climatique, on constate que leur qualité est à peu près la même que la nôtre. »
On peut dire sans exagérer que Vilem Kraus a consacré toute sa vie au vin. Professeur dans l'enseignement supérieur, chercheur et cultivateur, il a eu la chance de travailler dans la viticulture à une époque où il était encore possible pour une seule personne de saisir d'emblée toute cette problématique. Aujourd'hui, l'oenologie devient de plus en plus complexe et sophistiquée, et les chercheurs sont obligés de se spécialiser. C'est une évolution un peu dangereuse, l'oenologie ne devant pas être seulement une discipline de laboratoire. Au-delà de son aspect scientifique et commercial, elle doit rester aussi un art et un plaisir.
Chacun devrait choisir le vin qui convient le mieux à sa nature et nouer un contact intime avec le cru choisi. Et ce n'est pas toujours facile car on a l'embarras du choix. Voici donc pour terminer quelques conseils de Vilem Kraus pour le buveur débutant qui cherche dans le vin plaisir et santé.
« D'une part, on peut lui conseiller de boire le vin qui convient le mieux à sa digestion. Celui qui a un degré élevé d'acidité gastrique boira de préférence du rouge, celui qui en a moins boira du blanc, et encore, si possible, assez acide. Et celui qui n'a aucun problème de digestion pourra boire n'importe quel vin et fera son choix d'après l'examen visuel et la qualité du vin. »