La crépuscule des petits cinémas

Les multiplexes, le DVD et internet - tels sont les dragons contre lesquels luttent les petits cinémas et c'est un combat inégal dans lequel ils sont perdants. Vaclav Richter.

Encore une salle pragoise qui risque d'être fermée probablement avant fin janvier. Le cinéma Bio Illusion situé avenue Vinohradska, non loin du siège de Radio Prague n'arrive plus à faire face à la concurrence des multiplexes. Cette vieille salle délicieusement ornée dans le style art déco perdra en plus la subvention de la mairie du quartier ce qui équivaut pour elle à une sentence de mort. Et elle sera peut-être bientôt suivie par d'autres petits établissements dont le cinéma Eden du quartier pragois de Vrsovice.

L'optimisme de ceux qui espéraient que le public lassé par l'uniformité et la froideur des multiplexes reviendrait dans les petites salles se révèle pour le moins exagéré. La facilité avec laquelle on fait aujourd'hui des copies des DVD et le piratage des films sur internet aggravent encore la situation de ces cinémas historiques qui ont été témoins de l'évolution du septième art. Les atouts des petits cinémas, leur répertoire intéressant, leur intimité et le prix de billet relativement bas ne sont plus suffisants pour les sauver.

Face à ce danger certaines petites salles commencent à collaborer pour attirer de nouveaux spectateurs. Ainsi il y un an les cinémas pragois Aero, Evald, Mat et Svetozor se sont associés pour réaliser le projet Osa 9. Comme ils sont tous situés sur la ligne du tram numéro 9 ils proposent aux spectateurs de choisir une salle sur cette ligne comme si c'était un très grand multiplexe.

Dans la concurrence actuelle seuls les cinémas d'art et d'essais, donc les salles au répertoire spécial qu'on ne peut pas voir dans les multiplexes, ont quelque chance de survivre. Les autres finissent peu à peu par disparaître où, dans le meilleur des cas, être transformés en théâtres ou salles d'exposition.