Cinéma : les grosses productions américaines poussent la fréquentation vers le haut

Photo: Štěpánka Budková

Avec 13 millions de billets vendus en 2015, les cinémas tchèques ont enregistré leur meilleure fréquentation depuis l’année 2010. Mais ce sont essentiellement les grosses productions américaines qui ont attiré les spectateurs tchèques dans les salles obscures. Au box-office de l’année écoulée, le premier film tchèque atteint péniblement la onzième position ; il s’agit de Život je život (La vie, c’est la vie), une pâlotte comédie familiale.

Photo: Štěpánka Budková
Sur les onze premiers films au box-office 2015, dix proviennent de l’industrie cinématographique américaine et il ne s’agit pas de films indépendants mais bien de grosses productions hollywoodiennes, que l’on songe à Jurassic World, à Avengers: Age of Ultron, à Fast & Furious 7 et autre Seul sur Mars. La seule exception, la seule œuvre produite sur le continent européen, est britannique, mais ce n’est pas vraiment non plus un film d’auteur puisqu’il s’agit de Spectre, le dernier James Bond.

Evidemment, la sortie de films aussi attendus que Star Wars : Le Réveil de la Force, le septième opus de la saga créée par George Lucas, a tiré la fréquentation vers le haut. En termes de recettes, Star Wars réalise même le meilleur démarrage de l’histoire du marché tchèque. En termes de fréquentation, il ne bat cependant pas le record établi par Cinquante Nuances de Grey, lors de sa première semaine d’exploitation en février dernier. Avec plus de 557 000 entrées, le film de la cinéaste Sam Taylor-Johnson arrive en seconde position des films les plus vus au cinéma en 2015, preuve qu’une campagne de publicité massive peut permettre à des films jugés médiocres par les critiques de rencontrer le succès en salles. František Fuka est l’un de ces critiques :

František Fuka,  photo: Archives de František Fuka,  CC BY-SA 2.0 Generic
« Je considère que cette réalisatrice est expérimentée et qu’elle a tourné ce film aussi bien qu’elle le pouvait. Malheureusement elle a dû le réaliser à partir d’un matériel, qui, bien que je ne l’ai pas lu, est, je le crains, vraiment mauvais. A partir de là, elle ne pouvait faire un bon film et elle n’a pas fait un bon film. »

Avec environ 831 000 entrées au cours de 18 319 projections (de très loin la pellicule la plus projetée en 2015), c’est le film d’animation Les Minions qui a remporté le plus grand succès de l’année passée. Ce qui n’est pas un hasard si l’on en croit Jaroslav Pecka, le secrétaire de l’Union des distributeurs de films, organisme qui publie ces statistiques. L’été dernier, il commentait ainsi la hausse de la fréquentation déjà observée :

« Cette hausse est en partie due aux dessins animés de conte qui disposent d’un public très étendu en République tchèque. Et il faut noter que des films d’animation tchèques ont contribué à cette hausse. »

Aux côtés de ces dessins animés tchèques et de quelques drames comme Fotograf, le biopic consacré à Jan Saudek, on trouve traditionnellement parmi les films tchèques les plus populaires les inoffensives comédies de mœurs, de village ou familiale, à l’image de Zdeněk Troška qui accroche la dix-huitième place du classement avec Babovřesky 3, des films souvent portés par une communication efficace. A noter qu’une seule production française se trouve dans le TOP50 et c’est un film d’animation, Astérix : Le Domaine des Dieux d’Alexandre Astier, avec 80 000 spectateurs attirés par les aventures du célèbre Gaulois.

On peut terminer par deux remarques. D’une part, la fréquentation 2015 a été la troisième meilleure depuis la création de la République tchèque, mais elle n’en reste pas moins proche des niveaux observés ces quinze dernières années. Par ailleurs, le prix moyen d’une place de cinéma a été multiplié par six entre 1993 et 2015, passant de près de 20 couronnes à 129 couronnes. Il faut donc débourser en moyenne un peu moins de 5 euros pour s’évader une paire d’heures durant dans une salle de cinéma en République tchèque.