La sonorité inimitable de la Philharmonie tchèque
110 ans se sont écoulés depuis le concert par lequel l'Orchestre philharmonique tchèque s'est imposé sur la scène musicale pragoise. Les responsables de l'orchestre considéré comme la meilleure formation symphonique du pays, ont décidé de fêter cet anniversaire par un concert avec au programme la Cinquième symphonie d'Antonin Dvorak.
Aujourd'hui la vie musicale tchèque est inimaginable sans la Philharmonie tchèque, mais vers la fin du XIXe siècle la situation était bien différente. Radio Prague évoque les débuts de l'orchestre avec son chef administratif actuel, Vaclav Riedlbauch :
"Prague était dans cette période une ville de province. C'était l'époque de la renaissance nationale. Le peuple s'est rendu compte de ses qualités et voulait prendre un nouvel élan. L'importance de l'art devenait évidente. Déjà vers la fin des années 1860 on a ressenti le besoin de créer un orchestre symphonique stable. C'était une idée du compositeur Bedrich Smetana mais il n'a pas réussi à la réaliser. Ce n'était que les musiciens de la génération suivante, étroitement liée au Théâtre national, qui se sont réunis, ont élaboré leurs statuts, ont demandé un enregistrement et ont obtenu un statut juridique pour leur orchestre au début des années 1990."
Pourtant, ce sera le 4 janvier 1896 qui sera considéré par la postérité comme le jour de la fondation officielle car, ce jour-là, la philharmonie a donné un concert sous la baguette d'Antonin Dvorak. Les débuts de la nouvelle formation ont été difficiles et sans le soutien généreux des mécènes issus souvent des milieux scientifiques, notamment de l'architecte Josef Hlavka, elle ne serait pas parvenue à survivre. Josef Hlavka, une grande personnalité de la vie culturelle tchèque et autrichienne, a fondé l'Académie tchèque des sciences et des arts et cette institution soutenait entre autre aussi la philharmonie. Après la période des hésitations initiales, l'orchestre a fait (entre 1919 et 1941) un grand progrès sous la direction artistique de Vaclav Talich. C'est grâce à ce dernier, qui a fait un immense travail pédagogique avec les instrumentistes, et aussi à Karel Ancerl, directeur artistique entre 1950 et 1968, que la Philharmonie tchèque s'est hissée au niveau international.
Appréciée surtout dans le répertoire tchèque, la philharmonie garde toujours une sonorité spécifique et inimitable par laquelle elle se distingue des autres orchestres. Quel est le secret de cette différence? Vaclav Riedlbauch.
"C'est le timbre unique des cordes qui est dû au fait que les instrumentistes sont élèves d'une même école basée sur la même conception du jeu. C'est en cela que réside le charme de la Philharmonie tchèque. Un autre élément important sont les instruments à vent. Tandis que les bois se distinguent par une combinaison des écoles française et allemande, la précision allemande et le vibrato français, les cuivres se caractérisent par le moelleux du son. Les cors mais aussi les trompettes ont un timbre plutôt rond et moins rasant, même si c'est au paroxysme de la sonorité orchestrale."
(Les propos de Vaclav Riedlbauch ont été recueillis par Milena Strafeldova.)