Presse : être Russe en Tchéquie - vers la fin de la double nationalité

Une nouvelle mesure législative prévoit que la double nationalité ne sera plus possible pour les Russes établis en Tchéquie. Une collaboration des sociaux-démocrates tchèques avec les communistes est-elle désormais possible ? Récente grève des employés de la justice  - Succès des interprètes tchèques de musique classique. Un mot enfin sur la forme numérique du visage du combattant hussite Jan Žižka.

Le comité de sécurité du Parlement tchèque a approuvé en septembre un amendement de loi en vertu duquel les citoyens russes ne pourront acquérir la nationalité tchèque qu’à condition de renoncer à leur nationalité russe. L’argument sécuritaire est dans ce contexte le plus souvent utilisé. Le journal Deník N rapporte que l’année dernière, 1166 Russes ont obtenu la nationalité tchèque, le chiffre le plus élevé des vingt dernières années, avant d’examiner ce que cette nouvelle législation, tant qu’elle sera adoptée, signifiera pour les milliers de Russes vivant en Tchéquie :

« Cette mesure rendra tout au moins plus difficile, sur le plan administratif, l’obtention de la nationalité tchèque. Dans de nombreux cas, ce sera même impossible. Beaucoup de ressortissants russes pourraient se retrouver dans une situation sans issue, surtout lorsque leurs documents russes expirent, car dans un tel cas, c’est aussi leur résidence permanente en Tchéquie qui n’est plus valable. Point étonnant qu’ils aient peur de se rendre au consulat russe, car nombre d’entre eux figurent en Russie sur la liste des ‘agents étrangers’ ou sur celle des ‘extrémistes, terroristes et leurs sympathisants’. D’autres encore ont participé à des manifestations de soutien à l’Ukraine et ne veulent en aucun cas risquer de mettre en danger leurs proches en Russie. Il leur est d’autant plus impossible de visiter les bureaux dans leur pays d’origine. »

« Nous ne sommes pas des matryoshkas. Nous sommes des êtres humains. » C’est ainsi que s’intitule la pétition lancée à cette occasion par les organisations qui rassemblent les Russes établis en Tchéquie. Leurs auteurs soulignent, comme l’indique *Deník N*, que l’amendement de loi envisagé ne s’applique qu’aux Russes, « un cas de discrimination sur la base de la nationalité, sans précédent dans le droit européen », et qu’il s’agit d’une « punition collective illégitime ». Le journal rappelle en conclusion que dans le passé, la Tchéquie n’autorisait qu’une seule nationalité, cette règle ayant été abolie il y a dix ans.

La social-démocratie en quête d’un nouveau souffle avec les communistes ?

L’intention de Jana Maláčová, l’ancienne ministre du Travail et des Affaires sociales, élue samedi dernier à la tête du parti SOCDEM, d’unir en Tchéquie la gauche, ce qui sous-entend très probablement la coopération avec le groupe « Stačilo! » (« Ça suffit ! ») dirigé par l’eurodéputée communiste Kateřina Konečná, a provoqué toutes sortes de réactions dans les médias locaux. « La révolution est-elle à attendre et les communistes se préparent-ils à une prise de pouvoir violente ? » Une question empreinte d’ironie à laquelle l’éditorialiste du journal Mladá fronta Dnes a répondu par la négative :

Le congrès de la social-démocrate  (SOCDEM) | Photo: David Taneček,  ČTK

« En fait, Maláčová a rejeté verbalement un tabou établi rigoureusement après la chute du régime communiste en 1989, selon lequel on ne devait pas parler aux communistes. Pourtant, le tabou n’est jamais réellement entré en vigueur. Le parti de droite au pouvoir, l’ODS, ainsi que la social-démocratie et en fait tous les partis, comptent dans leurs rangs des membres de l’ancien parti communiste. Václav Klaus a compté sur les communistes pour être élu président de la République, tout comme l’a fait Andrej Babiš. Or, dresser une menace du retour d’une dictature communiste en 2024 évoque la menace du retour de la dynastie des Habsbourg en 1953. Certes, les communistes tchèques ont réussi un certain come-back en marquant des points aux élections européennes et régionales. Mais cela ne signifie certainement pas une menace pour la démocratie. »

Pourquoi fait-on tant de bruit autour de cette gauche unie qui n’existe pas encore ? « C’est parce que la condamner ne vaut pas le moindre effort intellectuel et qu’il est plus facile de susciter la peur d’une menace fictive que de s’attaquer à des problèmes sociaux authentiques », estime encore l’éditorialiste.

Le ton de l’auteur d’un article publié à ce propos dans le quotidien Hospodářské noviny est strict :

« Bien que les sociaux-démocrates et les communistes soient formellement des partis de gauche, il existe une différence qualitative entre eux. Alors que les sociaux-démocrates ont toujours voulu avant tout améliorer la situation des gens pauvres ou défavorisés, l’intention stratégique des communistes n’a été autre que de tordre le cou aux plus riches et aux plus prospères. Tandis que la première intention est tout à fait compatible avec la démocratie, la seconde ne l’est pas du tout. Et comme il n’est pas possible d’être ‘à moitié’ compatible avec la démocratie, il n’est pas possible de considérer comme démocrate un social-démocrate qui entend collaborer avec un communiste. »

Peu d’attention pour la grève des employés de la justice

« La grève des employés de la justice tchèque tenue cette semaine, la deuxième grève de cette année, est un événement grave. Plus grave qu’il ne paraît à en juger par les réactions qu’elle a suscitées. » Un avis exprimé dans un texte publié sur le site *Seznam Zprávy*, dans lequel son auteur explique :

Photo illustrative: Michaela Danelová,  iROZHLAS.cz

« D’un côté, on peut comprendre que cette grève pour l’augmentation des salaires des fonctionnaires de la justice ne suscite pas la même attention que les grèves dans des secteurs liés à l’économie. Il est pratiquement impossible d’organiser une grève des sténographes judiciaires pour qu’elle soit ‘visible’ et qu’elle ait un effet ‘dramatique’. La grève a pourtant touché l’un des trois piliers du pouvoir de l’État. Une chose qui ne devrait en aucun cas passer inaperçue, car le système judiciaire n’a pas fonctionné comme il faut et était partiellement paralysé pendant trois jours. Ce qui, d’une certaine manière, est un fait plus important que les conséquences d’une grève dans le domaine de l’alimentation, par exemple. »

Le publiciste du site Seznam Zprávy rapporte que les salaires réels en Tchéquie ont baissé d’environ 7 % depuis 2019, tandis que ceux des assistants judiciaires ont diminué d’un cinquième. Et ce malgré le fait que les salaires des employés de la justice soient, selon lui, tout aussi importants que ceux des enseignants, des infirmières, des pompiers et des policiers.

Les interprètes tchèques de musique classique honorés par The Gramophone

Selon le journal en ligne Lidové noviny, les interprètes tchèques de la musique classique figurent parmi les meilleurs au monde, comme en témoignent quatre prix décernés récemment par le prestigieux magazine britannique *The Gramophone* :

Jakub Hrůša avec la Philharmonie tchèque | Photo: Petra Hajská,  Philharmonie tchèque

« La Philharmonie tchèque peut se targuer d’être intitulée l’Orchestre de l’année. Ce titre, elle ne le doit pas à la décision d’un jury, mais au choix du public effectué à partir des enregistrements réalisés durant l’année écoulée par des orchestres désignés par un jury d’experts. Le chef d’orchestre Jakub Hrůša, quant à lui, a reçu deux prix, l’un dans la catégorie Opéra, pour son enregistrement de l’opéra *Katya Kabanova* de Janáček, qu’il a dirigé avec l’Orchestre philharmonique de Vienne au traditionnel Festival de Salzbourg. Il a également remporté la catégorie Concerto pour instrument soliste avec Isabelle Faust et l’Orchestre de la radio bavaroise avec l’enregistrement du *Concerto pour violon* de Benjamin Britten. »

Le chroniqueur du journal ajoute qu’à partir de la saison 2025/26, Jakub Hrůša sera directeur musical de l’Opéra royal Covent Garden, à Londres.

Imaginer le visage du chef de guerre hussite Jan Žižka

Ce 11 octobre, 600 ans se sont écoulés depuis la mort du célèbre chef de guerre hussite Jan Žižka. L’occasion pour une équipe d’experts de créer un modèle numérique de son visage probable. Le journal en ligne echo24.cz a présenté à ce propos quelques détails :

Le modèle numérique de visage probable de Jan Žižka | Source: Cicero da Costa Moraes,  Musée de la Bohême du Sud de České Budějovice

« L’équipe a utilisé à cette fin un modèle numérique du crâne entier de Žižka, créé en 2014 à partir de l’une de ses parties. Découverte en 1910 lors de la reconstruction de l’église Saint-Pierre et Saint-Paul dans la ville de Čáslav, elle est considérée comme une relique authentique du combattant. La méthode utilisée est celle d’approximation structurelle qui avait été mise sur pied déjà pour la reconstruction des visages des trois membres de la famille des Přemyslides d’Olomouc. Les scientifiques présentent les images du visage de Jan Žižka en deux variantes. Dans le premier cas, il s’agit d’une représentation totalement objective, sans détails faciaux. La seconde montre le visage entier en couleur, complété par un certain nombre de détails spéculatifs concernant la couleur des yeux, des cheveux et de la peau, la coiffure, et autres. »