Décorer ou ne pas décorer Karel Gott : le débat fait rage

Karel Gott, photo: CTK
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En nous écoutant, vous avez évidemment reconnu cette voix qui est celle que tous les Tchèques connaissent, celle de l'homme qui caracole en tête des hit-parades nationaux depuis plus de quarante ans et qui a même réussi à séduire le public allemand. Son nom signifie d'ailleurs « Dieu » en allemand, vous l'avez deviné : il s'agit de Karel Gott, l'immense, l'inénarrable et inégalable Karel Gott. Si nous parlons de Karel Gott aujourd'hui, ce n'est pas uniquement pour le plaisir de l'écouter pousser la chansonnette, mais parce qu'il est aujourd'hui au coeur d'un débat qui agite la classe politique tchèque.

Karel Gott,  photo: CTK
90 députés tchèques viennent en effet d'adresser une pétition au président de la République, pour lui demander de remettre une décoration au « rossignol tchèque », comme le surnomme ses fans de Saxe et de Poméranie.

Pourtant, le projet de remettre la « médaille du mérite » à Karel Gott n'a pas été adopté lorsqu'il a été présenté à la Chambre basse du Parlement. Les signataires de la pétition, qui représentent les principaux partis politiques du pays, souhaitent que Vaclav Klaus passe outre ce vote de rejet et décore quand même leur idole pour « tout ce qu'il a apporté à la scène culturelle nationale, son excellente représentation de la République tchèque à l'étranger, et l'affection que lui porte le public ». Rien que ça. « C'est le chanteur préféré de ma mère », a même tenu à rajouter le ministre des Finances.

La médaille du mérite
Mais ce qui en chiffonne plus d'un reste les liens qu'a entretenu Karel Gott avec le régime communiste, comme toute une génération d'artistes qui ont été prêts à faire des concessions pour rester sur scène, et dont plusieurs restent aujourd'hui encore les chouchous du public. En 1977, Karel Gott a notamment fait partie des artistes signataires de ce que l'on nomme « l'anti-Charte », un texte rédigé par le régime pour marginaliser les dissidents de la Charte 77, dont faisait partie Vaclav Havel.

25 ans plus tard, Karel Gott figurait parmi les favoris pour succéder à ce même Vaclav Havel à la présidence de la République, si le suffrage avait été universel direct. C'est finalement Vaclav Klaus qui l'emporta, et c'est donc à lui de décider d'accrocher ou non une médaille au revers de la veste de l'homme qui a survécu à tout - même au tsunami (il était aux Maledives lors de la catastrophe). Si le Président Klaus s'y résout, ce ne sera pas la première fois que Gott sera décoré au château : en 1985, il y reçut le titre d'artiste national, des mains de Gustav Husak, dernier président de la Tchécoslovaquie communiste...