Décès de Valère Gustin, l’un des derniers libérateurs de Plzeň

Valère Gustin

Il était l’un des derniers vétérans belges qui ont aidé à libérer la partie occidentale de la Bohême en mai 1945. Valère Gustin, qui a participé, en mai dernier encore, aux célébrations de la libération de la ville de Plzeň (Pilsen), est décédé ce samedi à l’âge de 98 ans.

Début mai 2022, cinq anciens combattants américains et belges ont traversé le centre de Plzeň à bord d’un véhicule militaire de l’époque, dans le cadre du traditionnel Convoi de la liberté qui attire chaque année des milliers de spectateurs. Parmi eux Louis Gihoul, disparu le 30 juin dernier, et Valère Gustin, tous deux anciens membres du 17e bataillon de fusiliers de Liège.

Rattaché à la Troisième armée américaine du général George Patton, cette compagnie de soldats belges est arrivée en Bohême occidentale en avril 1945 par la commune de Holýšov, où elle a aidé à libérer plusieurs camps de travail nazis, avant d’entrer, le 6 mai, à Plzeň.

La libération de Plzeň | Photo: Patton Memorial Pilsen

Ce n’est qu’en 2017 que Valère Gustin est revenu dans la ville de Bohême de l’Ouest, après avoir vécu et travaillé, jusqu’en 1962, au Rwanda, et après avoir ensuite mené pendant de longues années une carrière de galeriste en Belgique. Il y a cinq ans, Valère Gustin avait accordé un entretien aux organisateurs des Fêtes de la liberté de Plzeň. Il s’était notamment souvenu de ses débuts dans la Résistance, en 1944, lorsqu’il avait vingt ans :

« A Liège, je faisais des études de médecine vétérinaire à l’université. En deuxième année, j’ai été convoqué pour un travail à Huy. Comme je ne me suis pas présenté à la convocation, j’ai été considéré comme réfractaire et envoyé au STO en Allemagne. Je ne voulais pas y aller, je voulais poursuivre mes études. J’ai dû alors me cacher. Je n’avais pas encore l’âge d’entrer dans la Résistance, mais mes parents connaissaient un médecin qui s’y engageait, alors j’ai été finalement accepté. »

« J’ai été envoyé dans les bois de Vyle-et-Tharoul, où étaient installés les groupements de Résistance. Nous recevions régulièrement des parachutages d’armes. Un jour, les Allemands s’en sont aperçu et ont cerné le bois. Mes amis ont trouvé un passage dans la forêt, par lequel ils voulaient s’enfuir, mais ils ont out été fusillés. Moi-même, j’avais été blessé, je n’ai donc pas pris ce chemin, ce qui m’a sauvé. Je me suis caché dans les fougères pour finalement être découvert et soigné par la Croix rouge. »

« Ensuite, je me suis engagé comme soldat volontaire au sein du 17e bataillon de Liège. Nous étions rattachés à l’armée du général Patton, pour compenser les pertes que les Américains ont subi lors des débarquements. »

« Nous avons fait toutes nos péripéties d’occupation, en passant par Remagen avant que le pont ne saute… pour arriver enfin à Plzeň. »

Louis Gihoul

En 2005, Louis Gihoul s’était souvenu, sur notre antenne, du regret qu’avaient ressenti les soldats de Liège de ne pas pouvoir continuer leur chemin et participer à la libération de Prague :

« Nous avons fait la jonction avec l’armée russe à Rokycany, et puis alors évidemment nous sommes revenus à Plzeň jusqu’à ce qu’on ait les ordres de quitter le pays, parce qu’à la conférence de Yalta, les Américains, les Russes et les Anglais ont décidé de laisser la Tchécoslovaquie aux Soviétiques, et nous avons été obligés de partir. C’était très malheureux pour nous. »

Il y a un mois, le 7 octobre 2022, Valère Gustin a assisté, à Liège, au dévoilement d’une plaque commémorative dédiée par Plzeň au 17e bataillon de fusiliers belges.

Si les anciens vétérans liégeois ne manquaient jamais les commémorations de la Libération qui n’ont pu être organisées à Plzeň qu’après la chute du régime communiste, c’était pour faire perdurer l’amitié qui existe entre les deux villes, Plzeň et Liège, et qui sera à nouveau célébrée dans la ville de Bohême de l’Ouest du 5 au 8 mai 2023.