Les films du réalisateur tchèque Václav Kadrnka disponibles en français sur UniversCiné
Trois films du réalisateur Václav Kadrnka, qui ont pour thème commun l’absence d’un être cher, sont désormais à découvrir en exclusivité sur la plateforme Kino Visegrad/UniversCiné. A cette occasion, le cinéaste tchèque de 49 ans, un des plus intéressants de sa génération, présentera, ce vendredi soir, le premier film de sa trilogie intitulé « Quatre-vingt lettres » au Cinéma Saint-André des Arts, dans le VIe arrondissement de Paris.
Originaire de la ville morave de Zlín, Václav Kadrnka a émigré avec sa famille au Royaume-Uni en 1988, pour d’abord étudier le théâtre, puis, après son retour en République tchèque, le cinéma à la FAMU de Prague, où il enseigne actuellement. Son premier long-métrage « Eighty Letters » (Quatre-vingt lettres) a été projeté à la Berlinale en 2011 dans la section du meilleur premier film. Son deuxième long-métrage, le road movie médiéval The Little Crusader (Le Petit Croisé) a reçu le Globe de cristal du meilleur film au Festival de Karlovy Vary en 2017. Dernier film de sa trilogie, « Saving One Who Was Dead » (Sauver qui est mort), réalisé avec le chef-opérateur français Raphaël O’Byrne, est sorti en salles en 2022.
Exploration de l’intimité familiale
Critique aux Cahiers du cinéma, Ariel Schweitzer explique pourquoi, selon lui, les films de Václav Kadrnka méritent d’être vus :
« Pour moi, il y a trois aspects extrêmement intéressants dans sa filmographie. C’est d’abord l’aspect autobiographique de son cinéma. Deux des trois films disponibles sur la plateforme parlent des rapports familiaux, notamment du lien de Václav avec ses parents. »
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« ‘Quatre-vingt lettres’ parle du départ de son père en Angleterre sous le régime communiste et de cette séparation du père et du fils. Le film ‘Sauver qui est mort’ évoque les moments que Václav et sa mère ont passés au chevet du père au moment où celui-ci était dans un coma profond. »
« L’aspect spirituel de son cinéma est tout aussi important. Václav envisage le cinéma comme un art, comme un moyen d’expression personnelle et comme un pont vers la spiritualité. C’est un cinéaste qui s’écarte des modes courantes dans le cinéma européen et mondial. Il s’approche des grands cinéastes comme Bresson ou Tarkovsky. Ce n’est pas par hasard que dans son deuxième long-métrage, ‘Le petit croisé’, inspiré d’une œuvre du poète tchèque Jaroslav Vrchlický, Kadrnka a choisi de traiter un thème historique. Là aussi, il s’agit d’un film très ‘bressonien’ : sa mise en scène s’éloigne de toute psychologie et de tout psychologisme. Elle se focalise sur le corps, sur le geste civique. Tout comme Robert Bresson, Václav Kadrnka conserve dans ses films le mystère de l’être. »
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« Dans ses films, on trouve des références théologiques et picturales. C’est un cinéma qui s’envisage comme faisant partie de l’histoire de l’art. Contrairement à de nombreux cinéastes de sa génération, Václav a de grandes connaissances dans les domaines de la littérature, de la poésie et de la philosophie. Cette dimension intellectuelle est aussi l’un des aspects les plus passionnants de ses films. »
« C’est un cinéaste qui est à la fois extrêmement tchèque, mais son cinéma a aussi une dimension universelle, à la fois par le biais du thème de la spiritualité et aussi dans cette exploration permanente de l’intimité familiale. »
Le « Netflix » du cinéma européen indépendant
Les trois long-métrages de Václav Kadrnka sont désormais disponibles au public francophone : ils sont à voir en VOD sur Kino Visegrad. Fondatrice et directrice du festival du film tchèque à Paris Czech-In, Markéta Hodoušková représente également Kino Visegrad. Elle nous en dit plus sur cette plateforme associative qui vise à promouvoir le cinéma centre-européen en France :
« Kino Visegrad est une sorte de cinéma virtuel que nous avons créé en 2014 avec plusieurs collègues ressortissants d’Europe centrale. Nous nous sommes rendu compte que les films produits en Tchéquie, en Slovaquie, en Hongrie, en Pologne, mais aussi dans les Pays baltes dans les Balkans n’étaient pas visibles en France. Nous avons voulu présenter au public français les talents de nos pays. »
« Etant soutenu par le Fond international de Visegrad qui siège à Bratislava, nous organisons des projections individuelles. Depuis quelques années, nous avons un partenariat avec la plateforme UniversCiné, cofinancée par l’UE, qui promeut le cinéma art-et-essai européen. Dans le cadre de cette collaboration, nous avons créé notre Kino Visegrad Corner, où nous proposons aux spectateurs de voir en ligne des films de qualité qui n’ont pas été distribués en France et nous, nous étions des négociateurs des droits entre les producteurs et UniversCiné. C’est une plateforme prestigieuse, une sorte de Netflix pour le cinéma indépendant européen, qui propose plus de 5 000 films. »