Pologne, Visegrád, migration, aide à Gaza et terrorisme : Petr Fiala explique les positions tchèques
Élections en Pologne, réintroduction de contrôles à la frontière avec l’Allemagne et politique migratoire européenne ou encore guerre entre Israël et le Hamas. Invité de la Radio tchèque, le Premier ministre conservateur Petr Fiala s’est exprimé sur quelques-uns des principaux sujets d’actualité internationale, lundi soir.
L’importance de bonnes relations tchéco-polonaises
Deux semaines après celles organisées en Slovaquie, les élections législatives qui se sont tenues en Pologne, autre pays voisin, dimanche dernier, ont elles aussi fait l’objet d’une grande attention en Tchéquie. Quelle que soit la forme que prendra le nouveau cabinet polonais, alors que la victoire de l’opposition centriste pro-européenne devrait mettre fin aux juit années de gouvernement du parti populiste nationaliste Droit et justice, Petr Fiala, qui s’entend plutôt bien avec Jaroslav Kaczynski et Mateusz Morawiecki, entend veiller à ce que la relation entre Prague et Varsovie reste la meilleure possible :
« Dans tous les cas, entretenir de bonnes relations avec la Pologne est essentiel pour la Tchéquie. La Pologne est non seulement notre voisin, mais aussi un partenaire naturel. Quelle que soit donc l’orientation du prochain gouvernement polonais, je veillerai personnellement à faire en sorte que ces relations soient vraiment bonnes. Vous vous souvenez peut-être que dès le début de notre mandat, j’ai convenu avec Varsovie de résoudre certaines des questions qui ont longtemps entravé nos relations, telles que l’exploitation de la mine de Turów. Je pense que cela n’a été que bénéfique. Il est également rapidement apparu que nous faisons face ensemble aux conséquences de l’agression russe en Ukraine, et que nous sommes confrontés ensemble à tous les risques de sécurité et autres que cette situation implique. Encore une fois, je ferai donc de mon mieux pour que les relations entre nos deux pays soient aussi bonnes que possible. »
La nécessité du renforcement des contrôles aux frontières en Europe centrale
Reconnaissant que la situation au sein du groupe de Visegrád, où figurent également la Hongrie et la Slovaquie, n’était « pas simple », pas plus que la coopération entre ses différents pays membres, le Premier ministre tchèque porte une attention toute particulière également aux relations avec l’Allemagne, l’Autriche, ses deux autres pays voisins. Dans ce contexte, la décision prise par l’Allemagne de réintroduire des contrôles à ses frontières avec la Tchéquie, la Pologne et la Suisse pour lutter contre la migration clandestine, a été accueillie sans sourciller à Prague :
« La Tchéquie est prête à faire face à une telle situation. Je tiens cependant à dire que je n’accepte aucune décision de ce type avec enthousiasme et que cela ne me réjouit pas davantage d’avoir réintroduit des contrôles à la frontière avec la Slovaquie. Il faut bien se rendre compte que toutes ces mesures sont nécessaires pour empêcher la migration illégale et mettre fin aux itinéraires par lesquels les migrants sont acheminés vers l’Europe avec l’aide des passeurs et d’organisations criminelles organisées. Néanmoins, toute mesure de ce type est synonyme de perte d’un élément extrêmement précieux de l’Union européenne, à savoir un espace libre, ouvert et sans frontières. Ces mesures constituent une complication à cet égard et témoignent de l’échec de la politique commune en matière de migration et d’asile. »
Mieux protéger les frontières extérieures, renforcer la politique de retour et coopérer davantage avec les pays tiers de l’UE restent donc les priorités en la matière aux yeux du gouvernement tchèque.
Aide humanitaire à Gaza : « Plus un seul centime d’argent européen pour soutenir le terrorisme »
Concernant la situation au Proche-Orient, suite à l’attaque du Hamas contre Israël, Prague a très rapidement manifesté son soutien inconditionnel à l’État hébreu, dont il est redevenu un fidèle allié depuis la chute du régime communiste. Sur le réseau social X, Petr Fiala s’est dit « convaincu » de la nécessité « d’arrêter les programmes européens d’aide à la Palestine tant que ceux-ci n’auront pas fait l’objet d'un examen approfondi » et a fait part de son souhait que « plus un seul centime d’argent européen [ne soit versé] pour soutenir le terrorisme ». L’annonce faite par la Commission européenne de tripler immédiatement l’enveloppe de l’aide humanitaire en faveur de Gaza ne va donc pas dans le sens de la pensée du chef du gouvernement tchèque :
« Au nom de la Tchéquie, je voudrais dire que nous avons également des programmes de développement qui vont dans ce sens. Mais rien ne va à Gaza, tous les programmes ont été concentrés sur la Cisjordanie, et nous sommes très rigoureux dans le contrôle de l’utilisation de l’argent que nous versons. Je pense que c’est ce que l’UE se doit de faire elle aussi, et je suis convaincu qu’après ce dont nous avons été les témoins et les terribles événements qui se produisent en Israël suite à des attaques terroristes, l’Europe s’y emploiera. »
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En place depuis décembre 2021, la coalition gouvernementale de centre-droit composée de cinq partis et dirigée par Petr Fiala arrivera prochainement à la moitié de son mandat. Après l’adoption de son vaste plan de « consolidation budgétaire » par les députés vendredi dernier, elle devait faire face, ce mardi, à une nouvelle motion de censure qui avait toutefois très peu de chances d’aboutir en raison de sa confortable majorité à la Chambre des députés.