Premier représentant européen en Israël, Jan Lipavský réaffirme le soutien tchèque et rapatrie des ressortissants
Premier chef de la diplomatie étranger à s’être rendu en Israël après l’attaque terroriste du 7 octobre, Jan Lipavský (Pirates) est rentré en Tchéquie dans la nuit, après s’être entretenu avec son homologue Eli Cohen et le président Isaac Herzog. Le ministre des Affaires étrangères tchèques a également pu rapatrier dans l’avion officiel 34 ressortissants tchèques.
C’est au retour d’Oman où il s’était rendu, lundi, à une réunion ministérielle de l’UE et du Conseil de coopération du Golfe que le chef de la diplomatie tchèque a fait une escale à Jérusalem, mardi soir, afin d’exprimer en personne le soutien de la Tchéquie à Israël, meurtri par les attaques terroristes du 7 octobre.
« J’ai été immensément choqué par l’attaque terroriste barbare du Hamas et je pense qu’il a choqué tout le monde. Au ministre des Affaires étrangères Eli Cohen, j’ai fait savoir que la Tchéquie soutient pleinement le droit d’Israël à se défendre. Cela ne signifie évidemment pas que la Tchéquie ne reconnaisse pas les aspirations légitimes du peuple palestinien. Néanmoins, il faut dire clairement que le Hamas ne représente en aucun cas ces aspirations et qu’il ne propose rien d’autre au peuple palestinien que la terreur et les massacres. »
Dès samedi, la Tchéquie s’est dite prête à aider Israël de manière très concrète et si l’offre a été réitérée mardi en face à face, Jan Lipavský n’a pas précisé quelle forme celle-ci pourrait prendre et a dit attendre une demande officielle, en fonction de la situation sur place.
Interrogé sur la question de l’aide européenne à la Palestine, le chef de la diplomatie tchèque s’est dit finalement défavorable à sa suspension tout en insistant sur la nécessité de s’assurer qu’elle soit bien utilisée à des fins humanitaires et non pour soutenir le Hamas.
Si mardi a vu émerger une forme de cacophonie à Prague, entre le Premier ministre Petr Fiala (ODS) soutenant l’idée d’un transfert de l’ambassade tchèque à Jérusalem d’un côté et le chef de la diplomatie s’y disant opposé faute de plusieurs conditions remplies, tout comme le chef de l’Etat Petr Pavel, la visite surprise de Jan Lipavský mardi, tout comme les réactions de la classe politique tchèque samedi rappellent une fois de plus la relation privilégiée qu’entretiennent l’Etat hébreu et la Tchéquie.
Le fait que la République tchèque soit l’un des plus proches alliés d’Israël en Europe s’explique entre autres par l’histoire, puisque déjà dans l’entre-deux-guerres, le président tchécoslovaque Tomáš G. Masaryk était connu pour ses sympathies à l’égard du projet sioniste.
La Tchécoslovaquie a été l’un des 33 pays à voter en faveur de la résolution des Nations unies de 1947 recommandant la création d’un État juif et l’un des premiers pays à reconnaître l’État d’Israël, le 18 mai 1948, quatre jours après la déclaration d’indépendance d’Israël. Les relations diplomatiques entre les deux pays ont été établies le 3 juillet 1948, soit quatre mois après la prise du pouvoir par les communistes en Tchécoslovaquie.
Mais la légende de l’amitié tchéco-israélienne est surtout liée à l’aide militaire fournie par la Tchécoslovaquie, celle de la Troisième République comme celle du régime communiste qui lui succède en février 1948, à l’Etat d’Israël en formation. Une proximité qui fera long feu après l’alignement de Prague à la ligne du Kremlin après 1950. Il faudra ensuite attendre la révolution de Velours pour un retour de ces relations dont la solidité ne s’est pas démentie, tous gouvernements confondus.
34 ressortissants tchèques rapatriés, d'autres en attente
En marge de sa visite visant à donner une substance plus que symbolique à ce soutien, Jan Lipavský a également rencontré la petite-fille d’une femme enlevée par les forces du Hamas, et a permis le rapatriement de 34 ressortissants tchèques qui sont rentrés à Prague à bord de l’avion mis à disposition par le gouvernement en compagnie du ministre. Le ministère des Affaires étrangères recense actuellement 181 Tchèques dans le pays (selon Drozd, un système d’enregistrement facultatif des Tchèques voyageant à l’étranger). Le chef de la diplomatie tchèque, qui n’a pas exclu la possibilité d’organiser plusieurs autres vols de rapatriement, a rappelé que les ressortissants souhaitant quitter le pays devaient faire pour se faire connaître des autorités :
« A l’heure actuelle, le plus important c’est de se manifester auprès des autorités concernées, à Tel-Aviv ou via les canaux consulaires habituels. Il est aussi possible de s’enregistrer dans le système Drozd. Nous constituons petit à petit une liste et essayons d’avoir une vision globale de la situation à cet égard. Affréter un avion officiel est du ressort de la ministre de la Défense, donc il faut que je puisse me mettre d’accord avec elle. Ce n’est pas quelque chose que je peux faire seul et il faut des raisons. »
Pas plus tard que ce mercredi midi, Jan Lipavský a d’ailleurs annoncé qu’un nouveau vol de rapatriement partirait dans la journée. Par ailleurs, la Tchéquie s’efforce de coordonner également des vols d’évacuation avec d’autres États membres de l’UE.