Nous sommes tous responsables de notre langue maternelle

Photo: Archives de ČRo7

Le 21 février est la Journée internationale de la langue maternelle. C’est une initiative de l’UNESCO qui se propose de promouvoir la diversité linguistique et culturelle et le multilinguisme. Le tchèque est la langue d’un petit peuple qui n’est parlée que par dix millions d’habitants et n’arrive pas toujours à résister aux influences étrangères et notamment à l’afflux croissant de mots anglais.

Photo: Štěpánka Budková
La Journée internationale de la langue maternelle est une occasion de nous demander ce que nous nous avons fait pour cet instrument précieux qu’est notre langue, instrument forgé par nos ancêtres et que nous devons transmettre aux génération futures. Chaque année la langue tchèque s’enrichit de quelque 700 nouveaux mots qui nous viennent de langues étrangères ou sont créées pour désigner de nouveaux phénomènes et de nouvelles technologies. Ce sont souvent les hommes politiques qui « ornent » leur langage de nombreux néologismes envahissant leurs discours. Il s’agit souvent de mots étrangers aux terminaisons tchèques se substituant inutilement aux expressions tchèques déjà existantes mais qui semblent moins intellectuelles et donc moins intéressantes.

Une autre source de néologismes est une espèce de susceptibilité voire sensiblerie qui dominent notre langage. Nous parlons avec un souci exagéré de ne pas toucher, de ne pas offenser notre interlocuteur, nous préférons les expressions neutres et correctes et notre langue en devient vague et fade. De nombreux nouveaux mots nous viennent aussi de l’anglais et infestent la langue des financiers et managers qui en devient presque incompréhensible. Lucie Jílková de l’Institut de la langue tchèque attire l’attention aussi sur l’usage immodéré de diminutifs qui s’impose de plus en plus notamment dans la langue parlée :

« Il m’est arrivé dans un magasin que la vendeuse me dise : ‘Počkejte u pultíčku, jenom zkontroluji kódíček – Attendez au petit comptoir, je veux seulement contrôler le petit code.’ Je me pose donc la question pourquoi elle utilise vis-à-vis de moi des diminutifs puisque notre rapport n’est pas émotionnel. Elle veut probablement être polie, mais je doute que l’utilisation des diminutifs soit souhaitable dans ce cas-là. Il faut toujours tenir compte de la situation momentanée pour ne pas exagérer l’utilisation des diminutifs. »

On estime en général que c’est l’école qui forme notre rapport vis-à-vis du langage mais la présidente de l’Association des écoles du premier degré Hana Stýblová souligne que c’est la famille qui est la première responsable de la façon dont nous nous exprimons :

Photo illustrative: Archives de Radio Prague
« Il y a un manque de communication déjà dans le cadre de la famille. Il y a de mauvais modèles. Parfois les parents zézayent ou zozotent en s’adressant aux enfants parce qu’ils pensent que c’est bon pour leur progéniture. Mais l’enfant est une personnalité qui mérite d’entendre une langue correcte. Et naturellement, ce que l’enfant entend autour de lui est important. Malheureusement même dans les médias nous n’entendons pas un tchèque correct et une bonne prononciation. »

Et Hana Stýblová de constater que les enfants vivent souvent dans des familles où l’on ne communique que rarement et où la parole des parents est remplacée par la voix de la télévision. Cependant les programmes de télévision et les jeux vidéo ne peuvent pas combler ce vide car l’enfant n’apprend pas à communiquer avec les autres. Les parents devraient donc parler à leurs enfants. En leur parlant correctement ils jetteront des fondements solides à leur éducation et ils contribueront aussi à la qualité et à la beauté de la langue maternelle de tous.