Où les Tchèques partent-ils en vacances ?
Nous ne sommes, encore, qu'au mois d'avril, mais bon nombre de Tchèques pensent, déjà, aux vacances d'été. En effet, ceux qui utilisent les services des agences de voyages savent qu'il est bon de réserver un séjour à l'avance. D'un autre côté, les réservations « à la dernière minute », offrent des réductions intéressantes. A propos, si nous parlions des destinations préférées des Tchèques pour les vacances d'été ? C'est le sujet que j'ai choisi pour cette édition de notre chronique consacrée à la vie de chaque jour des citoyens de la République tchèque.
Pour le Tchèque moyen, un séjour au bord de la mer a toujours été le rêve des vacances d'été. Cela est tout à fait normal, puisque la République tchèque est un pays continental, ne possédant donc pas de côtes au bord de la mer. Les destinations ont changé avec les changements qui sont advenus, après 1989 et la chute du communisme dans l'ancienne Tchécoslovaquie. Avant, il était assez compliqué de voyager à l'étranger. Pour cela, les Tchèques se rendaient surtout dans les pays communistes. Ils passaient donc des séjours au bord de la mer Noire, en Bulgarie ou en Roumanie, au bord du lac Balaton, en Hongrie, sur les plages froides de la mer du Nord, en Allemagne de l'est. Une petite partie de privilégiés ou chanceux pouvaient passer des vacances, au bord de l'Adriatique, dans l'ancienne Yougoslavie. Avec l'ouverture des frontières, les destinations ont changé. On trouve des vacanciers tchèques sur toutes les plages du monde. Pourtant, après l'éclatement de la Yougoslavie, l'apparition de nouveaux Etats indépendants, sur les bords de l'Adriatique, la Croatie est devenue une destination privilégiée des Tchèques.
Pour cette année, les prévisions tablent sur un million de Tchèques qui viendront passer une partie de leurs congés en Croatie. Vous vous demanderez, certainement, pourquoi ils choisissent les côtes de ce pays. La réponse est assez simple : l'Adriatique est la mer la plus proche de la République tchèque. Le Pragois fera moins de kilomètres pour se rendre dans le Nord de la Croatie, par exemple sur la péninsule de l'Istrie, que le Parisien pour se rendre sur la Côte d'Azur. Une autre priorité de la Croatie : le fait que la langue croate n'est pas incompréhensible pour un Tchèque. Il la comprend assez bien et arrive à se faire comprendre des autochtones. La troisième priorité est le coût d'un séjour sur les plages croates : il est à la portée de la bourse du Tchèque moyen. En plus, le cours de la monnaie tchèque, la couronne, est élevé (32 couronnes l'euro, 29 le dollar), ce qui favorise l'achat de séjours à l'étranger. En comparaison avec l'année dernière, un voyage en Tunisie, par exemple, coûte plusieurs milliers de couronnes de moins. La dernière priorité est celle qui attire en Croatie, les touristes des autres pays européens : une mer propre, des côtes pittoresques, un arrière-pays intéressant à visiter, une bonne cuisine et des habitants accueillants.
Les goûts changent, pourtant, et les Tchèques prennent donc goût à d'autres pays qui sont nés sur les ruines de la Yougoslavie. Le plus prisé, actuellement, est le Monténégro et sa nature un peu sauvage. Une bonne partie des vacanciers tchèques en ont fait connaissance, lors d'un séjour en Croatie. Ils sont, tout simplement, descendus un peu plus au Sud. Les goûts changent... Le vacancier tchèque ne se contente plus seulement de se prélasser et se rôtir au soleil, sur une plage croate, française, tunisienne, à Madagascar, Ténériffe ou même en Australie. Il veut des vacances actives. Qu'est-ce que le Tchèque veut faire, pendant ses vacances au bord de la mer ? Pratiquer le sport. Pas seulement, le volley-ball, le tennis ou autres sports classiques de vacances. Il s'intéresse, surtout, à la plongée et au golf. Combien paiera-t-il pour un séjour au bord de la mer, dans un hôtel de catégorie moyenne, en demi-pension, avec une famille de quatre personnes, en Europe ? Dans les deux salaires mensuels moyens, quand il fera le voyage en autocar ou avec sa voiture, mais plus de quatre salaires quand il devra prendre l'avion. Quand même un peu cher, direz-vous. Hé oui, car les prix tchèques, même pour les vacances, s'alignent sur les prix européens, mais les salaires ne suivent pas encore.
Nous avons parlé des vacances des Tchèques, mais seulement à l'étranger, jusqu'à maintenant. Pourtant, selon les études réalisées dans ce domaine, de plus en plus de Tchèques préfèrent passer leurs vacances, dans le pays. Après le boom des années quatre-vingt-dix, qui avait entraîné des centaines de milliers de Tchèques dans les pays européens, tout d'abord, et du monde entier après, le Pragois et ses concitoyens reviennent au goût des vacances passées en Tchéquie. Pour certains, c'est le prix des vacances qui joue le premier rôle. Pour d'autres non. Pourquoi les Tchèques, du moins une partie, commencent à préférer leur patrie ? Le prix, certes, mais aussi le fait que les jeunes générations, commencent à grandir, à devenir indépendantes. Ainsi donc, un adolescent d'aujourd'hui connaît souvent mieux les plages des côtes européennes, voire d'outre-mer, que les beautés naturelles, culturelles, historiques ou autres de son propre pays. Les jeunes adultes tchèques recherchent donc de nouvelles sensations dans leur patrie. Ils ont, souvent, les revenus nécessaires pour se payer des séjours de vacances au-dessus de la moyenne. Les destinations préférées ? Les lacs, qui sont nombreux en Bohême surtout, que ce soit le lac Macha en Bohême de l'ouest, ou Lipno, en Bohême du sud. On trouve, aussi, beaucoup de vacanciers tchèques dans la magnifique vallée de la Sazava, non loin de Prague ou dans les monts de la Sumava, à la frontière avec l'Allemagne. Attention, il ne s'agit pas des campeurs ou touristes bon marché. Ces vacanciers demandent le confort des hôtels, même le luxe. Ils demandent aussi des activités de complément, excursions, sports, équitation, manifestations culturelles et animation à l'hôtel. Selon les agences de voyages spécialisées dans le incoming, ces touristes tchèques, tout aussi exigeants que les étrangers, représentent dans les 10 % des vacanciers qui passent des séjours en Tchéquie.Il faut dire qu'une bonne partie des Tchèques ne part pas en vacances à l'étranger ou même en Tchèquie. Cela ne veut pas dire qu'ils restent à la maison, en ville par exemple. Ils passent des séjours de vacances, oui, mais dans leur maison de campagne, dans leurs résidences secondaires. En effet, c'est une sorte de phénomène tchèque, surtout pragois ou visible dans les grandes villes tchèques ou moraves. Pendant le week-end, elles sont désertées. Plus de la moitié des Pragois, par exemple, quittent la capitale chaque week-end, pour se rendre, qui dans son chalet sur les bords d'une rivière, qui en montagne, qui au bord d'un lac, qui tout simplement dans la maison paysanne de ses grands-parents. Certains tchèques y viennent passer leurs vacances d'été. Les moyens financiers économisés, ainsi, ne sont pas toujours la seule raison de rester dans son second « chez soi ». Très souvent, les maisons de campagne se trouvent dans de merveilleuses régions. Alors pourquoi se trimballer à des centaines de kilomètres pour trouver ce dont on dispose déjà ? Un fait est certain, les Tchèques aiment voyager, découvrir de nouvelles contrées, mais ils aiment aussi revenir dans les endroits qui leur ont plu. La jeune génération redécouvre la Slovaquie voisine, une région de l'ancienne Tchécoslovaquie où les cinquantenaires d'aujourd'hui aimaient à se rendre. Elle découvre aussi son propre pays, ce qui, selon les spécialistes du tourisme, est une bonne chose, car cela contribue au développement de l'économie nationale. Au lieu de dépenser à l'étranger, on consomme « tchèque ».