Pays du tourisme
Dans le cadre de la ballade touristique de Radio Prague, je voudrais vous emmener, aujourd'hui, au Palais des Foires à Prague, rouvert, il y a cinq ans, après une longue reconstruction qui a duré plus de vingt ans. A nos jour, le Palais des foires abrite le musée de l'art moderne.
Lorsque le 14 août 1974, autour de 21 heures, le feu s'est déclaré dans le bâtiment du Palais des Foires, à Prague-Holesovice, personne ne se rendait compte des dégâts culturels que cet accident allait causer. Les pompiers arrivés sur place avec une quarantaine de voitures ont lutté contre l'incendie pratiquement toute la nuit. Au petit jour, ils ont réussi à l'éteindre mais du palais il ne restait que la charpente. Dans cette situation, personne ne s'acharnait à la reconstruction de ce colosse et on pensait plutôt à la démolition. Le palais doit sa survie aux protecteurs de monuments historiques de Prague qui l'ont inscrit tout de suite sur la liste des monuments protégés, où d'ailleurs il devait figurer depuis longtemps déjà, compte tenu de son importance culturelle. La décision finale était donc: ne pas démolir. Le directeur d'alors de la Galerie nationale, Jiri Kotalik, a proposé, en 1978, d'installer au palais, après sa reconstruction, la collection de l'art moderne tchèque pour laquelle on cherchait des espaces convenables depuis des dizaines d'années. Cette idée ne sera réalisée que presque vingt ans plus tard, le 15 décembre 1995, date de la réouverture solennelle du Palais des Foires au public. Mais commençons par le début et regardons en bref l'histoire de la construction de ce palais.
L'idée de construire le Palais des Foires est née peu de temps après la création de la première République tchécoslovaque. Au début des années vingt de ce siècle, architectes et conseillers municipaux de la ville de Prague avaient beaucoup de projets de grande envergure. A l'instar d'autres métropoles européennes, ils voulaient édifier à Prague une cité supermoderne, soit un quartier animé, qui devait renouer avec le centre d'exposition se trouvant non loin de là. Un concours a été lancé qui a apporté des projets les plus divers et de différents styles architectoniques. L'ancienne génération des architectes se voyait attirée par le style dit national qui, par contre, fut inacceptable pour la jeune génération. Les jeunes avant-gardistes réunis autour du théoricien Karel Teige, du Club des architectes et du groupe Devetsil, cherchaient de nouveaux styles architectoniques. L' architecte Jaroslav Spalek, une des figures de proue de l'époque, le caractérise de la façon suivante: 'Le Palais des Foires, voilà le prototype d'un problème du temps dans lequel on peut matérialiser toute l'ingéniosité de la technique moderne. Il n'y a pas de place pour des coins idylliques, les groupements pittoresques et impressionnants. Les exigences artistiques sont les suivantes: espace, orientation, rapidité, ordre, sécurité, air, lumière et pureté', fin de citation. Le jury a fini par choisir le projet de deux jeunes architectes: Josef Fuchs, élève de Josip Plecnik, et Oldrich Tyl, représentant du constructivisme radical. Les deux architectes ont été invités par le jury à préparer un projet commun.
Initialement, la cité devait abriter des palais, centres commerciaux, hôtels, mais de ce plan ne restait et n'était finalement réalisée que la construction du Palais des Foires. Derrière une façade ascétique construite dans le style constructiviste avec une bande de fenêtres, l'une à côté de l'autre, il y a plusieurs étages destinés à l'organisation d'expositions de firmes des constructions mécaniques et un grand hall équipé de rails pour grue permettant l'installation de grands objets d'art. Dans l'aile nord du palais, il y a la 'petite salle' avec des fenêtres carrées. La construction en béton armé donne l'impression d'austérité mais le bâtiment peut se vanter aussi de plusieurs détails intéressants qui, au contraire, donnent un aspect humain à ce colosse.
Après l'achèvement de la construction, en 1928, le Palais des Foires n'était pas considéré comme une construction réussie. Choqué par la grandeur et l'austérité du bâtiment, le célèbre Le Corbusier n'était pas enthousiasmé non plus. Il lui reprochait le manque d'élégance et de détails plus futés. Malgré le scepticisme de certains critiques, le Palais des Foires continuait à remplir sa fonction jusqu'en 1951. A l'époque, on a supprimé le centre d'exposition avoisinant de Stromovka et la vie des expositions s'est déplacée vers la métropole morave, Brno. Le Palais des Foires, lui, a été transformé en siège de plusieurs firmes de commerce extérieur.
La reconstruction du palais ravagé par l'incendie a été confiée à l'un des ateliers les plus prestigieux, la firme SIAL de Liberec dirigée par l'architecte Karel Hubacek. Rappelons qu'à cette époque, lorsque les ateliers de construction se trouvaient directement sur le chantier, le Palais des Foires est devenu l'un des centres de la culture indépendante. La reconstruction elle-même a été entamée sur l'ordre du secrétaire du comité municipal du parti communiste, Antonin Kapek, et cela curieusement par la reconstruction de la façade. Cela à cause du championnat du monde de hockey sur glace qui a attiré à Prague beaucoup de visiteurs étrangers qui ne devaient pas voir le bâtiment détruit. Aujourd'hui, le Palais des Foires est considéré comme un des monuments les plus importants du constructivisme européen. Il abrite donc le Musée de l'art moderne. Le premier étage est réservé à des expositions ambulantes et on peut y trouver aussi une exposition permanente de l'art d'action englobant la période des années 1960-99. Au second étage, on peut voir trois expositions permanentes: l'art français des XIXe et XXe siècles, l'art européen du XXe siècle et l'art tchèque des années 1960-99. Le troisième étage est consacré à l'art moderne tchèque de 1900 à 1960.
Soyez les bienvenus au Palais des Foires de Prague.