Poetizer, le réseau social tchèque lyrique qui monte

Poetizer, photo: Ondřej Tomšů

Qui a dit que les réseaux sociaux étaient le lieu de l’invective et de l’insulte permanente? Lukaš Sedláček et sa femme Johana Sedláčková Vamberská ont décidé de prouver le contraire en lançant en 2017 Poetizer, une application dédiée à la poésie. Pour ces deux entrepreneurs, le succès est au rendez-vous puisque le réseau social a été lancé aux États-Unis récemment.

Lukaš Sedláček,  photo: Archives de Lukáš Sedláček
Lukaš Sedláček, poète amateur à ses heures perdues, a décidé d’aider tous les poètes en herbe à partager leur poésie sur un réseau social : Poetizer. Sur le site internet comme sur l’application, les utilisateurs peuvent y poster leurs poèmes, les mettre en forme comme bon leur semble et échanger avec les autres membres inscrits.

Le fonctionnement est simple: les utilisateurs postent leurs poèmes, et tout le monde peut ensuite les aimer, les commenter… Un système de messagerie interne est également à l’étude.

Pour son créateur, Lukaš Sedláček, Poetizer est une alternative aux réseaux sociaux plus connus.

Poetizer,  photo: Ondřej Tomšů

« Nous voulons construire un espace sûr, donc nous sommes très stricts concernant le harcèlement, le plagiat, les commentaires racistes, etc. On peut publier sous son vrai nom ou choisir un pseudonyme.

Tout ce qui doit compter, c’est la forme de vos mots. Nous voulons valoriser l’authenticité. L’honnêteté est une grande qualité aujourd’hui, parce que partout nous sommes confrontés aux faux-semblants. Partout, surtout sur les réseaux sociaux, les gens essayent de renvoyer une image d’eux totalement faussée.

Nous voulons créer une plateforme ouverte à toute personne dans le monde. Cette plateforme sera donc toujours gratuite. Nous voulons être responsables, contrairement à d’autres plateformes qui qui monétisent les données de leurs utilisateurs et les spamment avec de la publicité. »

Photo: Poetizer
Lukaš Sedláček espère donc que son projet va attirer de nouveaux investisseurs pour que Poetizer puisse continuer à exister. Pour cela, il mise sur l’image de réseau social ouvert et respectueux, à rebours de ce que proposent les plateformes traditionnelles comme Twitter ou Facebook, largement pointées du doigt pour leur manque de transparence et l’exploitation des données personnelles de leurs utilisateurs. Et Poetizer va effectivement avoir besoin d’investissements pour répondre aux ambitions de son fondateur.

« Notre première cible, ce sont les pays anglophones. Ensuite, nous aimerions aller vers les pays hispanophones pour enrichir notre version espagnole. Ce sont des pays où la poésie a une place importante, nous aimerions beaucoup nous développer en Amérique du Sud, notamment. En même temps, nous aimerions aller vers l’Asie, où la poésie est très respectée et très appréciée, vers le Moyen-Orient, l’Extrême-Orient, l’Inde, etc. Voilà notre plan. Reste à savoir ce que nous allons faire dans des pays comme la Chine. Nous devrons nous confronter tôt ou tard à ces pays qui tendent à supprimer la liberté d’expression. »

Photo: Poetizer
Les thèmes abordés dans les poèmes sont divers : l’amour, la liberté, la tristesse, le mal-être adolescent, et de temps à autres des sujets plus politiques comme le racisme ou le féminisme. Rien de très étonnant puisque l’application est surtout prisée par un public jeune, de 15 à 25 ans. Un phénomène intéressant, selon Lukaš Sedláček, qui a lancé son réseau social au moment même où de nombreux articles déploraient le désintérêt des jeunes générations pour la poésie. Le retour en grâce des poèmes a donc de quoi surprendre.

« L’une des raisons avancées par les spécialistes pour expliquer ce retour de la poésie, c’est qu’elle est devenue un moyen d’expression pour ceux qui ont besoin d’être entendus. En même temps, ce n’est pas un art réservé aux riches. La poésie a toujours été une forme d’expression utilisée par les masses. »

Et avec plus de 65 000 textes publiés à ce jour dans 120 pays, Poetizer, créé en Tchéquie, semble en effet avoir trouvé son public dans le monde.