Prague et Paris : deux cultures politiques différentes ?
Cette semaine, la victoire de Nicolas Sarkozy aux élections présidentielles en France est le thème numéro un du volet international de l'ensemble de la presse tchèque. Nous l'avons lue pour vous.
Le quotidien économique Hospodarske noviny estime que les résultats des élections présidentielles seront accueillis à Bruxelles avec soulagement, car il y a espoir que les éléments principaux de la Constitution passeront sans référendum...
Selon le journal, la politique européenne a été presque absente dans la campagne présidentielle en France pour figurer en revanche au coeur de l'intérêt, au lendemain même de la proclamation des résultats. Plus loin, il informe ses lecteurs de ce que le premier voyage à l'étranger mènera le nouveau président à Bruxelles et à Berlin.
Le journal signale, d'un autre côté, que « le nouveau président signifie une menace pour la libéralisation ultérieure des économies européenne et mondiale». Il évoque à ce sujet les prétendues attaques de Sarkozy contre la Banque centrale européenne et sa volonté de protéger les grandes entreprises nationales. Il souligne en outre que Nicolas Sarkozy est contre l'élargissement ultérieur de l'Union européenne et contre l'entrée de la Turquie dans l'Union.
« Sarkozy à Bruxelles ? », s'interroge dans le journal Mlada fronta Dnes le politologue Lukas Macek et de répondre : « Un partenaire dur et énergique qui impose sans complexe les intérêts français, un peu hautain à l'égard des petits Etats, tendant à un certain protectionnisme. C'est en même temps un politicien qui affiche sa vocation européenne et dont le programme puise son inspiration dans celui de l'ancien commissaire européen Michel Barnier et de l'eurodéputé Lamassour. »
« L'atlantisme qui est cher à Sarkozy pourrait émousser les pointes dans des questions de politique étrangère et dans des questions sécuritaires, entre la France et l'Europe centrale », peut-on également lire dans les pages du journal Mlada fronta Dnes, dont le commentaire porte d'ailleurs un titre éloquent : Sarkozy représente un changement - tout un chacun qui voit la France comme un pays anti-américain, un pays de grévistes, sera probablement amené à changer d'avis.
Ceci ouvrirait, selon le journal, d'intéressantes perspectives, aussi, d'un point de vue tchèque. Il écrit : « Il faut que le cabinet tchèque sache en tirer profit, qu'il abandonne l'impasse de son euroscepticisme proclamé « au Château » (le siège du président de la République) et trouve avec la France de Sarkozy des thèmes pour une coopération européenne constructive. C'est en effet Sarkozy qui, le dernier jour de l'an 2008, remettra la présidence de l'Union européenne au Premier ministre tchèque ».
L'édition de mercredi du journal de gauche, Pravo, publie deux commentaires qui sont consacrés aux résultats des élections présidentielles en France. L'un constate que déjà les premières heures accompagnées de heurts dans les rues de plusieurs villes françaises ont montré que, en dépit de son mandat fort, Sarkozy aurait à affronter des difficultés. « Avec lui, la politique française ne sera pas ennuyeuse », peut-on lire en conclusion. L'autre commentaire compare les cultures politiques de la République tchèque et de la France pour dire que Prague semble avoir dans ce domaine un retard de dix, voire de vingt ans à rattraper. « Long, très long est le chemin de Prague à Paris », constate son auteur.
Nettement moins long semble en revanche le chemin pour les jeunes Français et Tchèques qui ont choisi la capitale de l'autre pays pour y étudier ou pour y vivre. En premier lieu, il est bien sûr question des programmes Erasmus, les échanges universitaires en Europe, qui ont un succès croissant notamment à Prague qui dépasse largement les autres villes d'Europe centrale et rivalise avec les grandes capitales ouest-européennes. C'est dans ce contexte que Samuel Sauvage se trouve en train d'effectuer son année Erasmus à Prague. Etudiant français en sciences po, spécialisé sur l'Europe centrale et orientale, il est venu ici avec une grande soif de connaitre un nouveau pays et de vivre différemment.« C'est vraiment une grande chance de pouvoir passer un semestre ou un an comme ça, dans un pays étranger, et de suivre des études dans une autre langue, de vivre au quotidien avec les étudiants de tous les pays. Pratiquement tout le monde me signale que c'est le meilleur semestre de leur vie, c'est quelque chose qui est difficilement descriptible. Les années sont assez bien conçues pour nous laisser suffisamment de temps libre pour qu'on puisse profiter de toutes les activités proposées ».
Pourquoi avez-vous choisi Prague ?
« Je m'intéressais déjà à l'Europe centrale et orientale et j'avais déjà appris le tchèque. Il y a effectivement peu de gens qui pourraient déconseiller Prague de par sa beauté et par le bien-être qui est réel ici. C'est une ville qui quand même n'est pas très grande, qui n'est pas embouteillée et qui offre un grand nombre d'activités culturelles... Connaître la culture du pays, c'est peut-être l'un des bémols de l'expérience Erasmus à Prague. On a l'occasion de s'enrichir d'une culture très multinationale, puisqu'on est en contact avec tous les étudiants Erasmus tout le temps, le problème c'est qu'il est difficile de s'intégrer à des groupes proprement tchèques, il y a plusieurs raisons pour cela - on est logé dans des résidences universitaires tous les étrangers ensemble, il est donc difficile par exemple de partager une chambre avec un étudiant tchèque, ce sont aussi les rythmes de travail qui sont différents. Il est donc un peu difficile de connaître la vie quotidienne des étudiants tchèques. «