Hollande élu, Prague attend ses premiers actes

François Hollande, photo: CTK

Dès dimanche soir, l’élection de François Hollande nouveau président français fait la une des médias tchèques. A l’ambassade de France à Prague, des dizaines de diplomates, représentants politiques et personnalités de la communauté franco-tchèque locale ont suivi, en direct, sur les chaînes de télévision française et tchèque, l’annonce des résultats du second tour de l’élection présidentielle, ainsi que les premiers commentaires.

François Hollande,  photo: CTK
Si au palais Buquoy, siège de l’ambassade de France, l’élection d’un président socialiste a été accueillie avec un enthousiasme modéré, le résultat du scrutin a, évidemment, réjoui les représentants du Parti social-démocrate tchèque, premier parti de l’opposition. Nous écoutons Vladimír Špidla, l’ancien Premier ministre socialiste et ex-commissaire européen à l’emploi, aux affaires sociales et à l’égalité des chances :

« Je connais personnellement François Hollande et ses compétences, alors pour moi, en tant que socialiste, c’est vraiment un moment exceptionnel. »

Comment, à votre avis, pourrait changer la France après cette élection ?

Vladimír Špidla
« C’est difficile à dire. Il y aura encore des élections législatives en France et ce n’est qu’après ces législatives que sera créée la base pour un vrai changement. Mais je suis persuadé que François Hollande dirigera la France vers la démocratie et vers la responsabilité sociale. »

Dans le contexte de la crise européenne de la dette, quelle sera, selon vous, l’approche adoptée par François Hollande ?

« Je pense que, actuellement, aucun pays n’a les capacités pour maîtriser seul la situation, d’où la nécessité d’une collaboration au sein de l’Europe. Nous avons besoin de mesures de croissance et aussi de mesures de politique économique de l’Europe. Tout cela, François Hollande l’avait évoqué dans ses interventions adressées aux électeurs. »

Pierre Lévy
Près de 1 600 personnes étaient inscrites sur les listes électorales en République tchèque. L’ambassadeur de France à Prague, M. Pierre Lévy, précise :

« Les Français de République tchèque ont voté à l’ambassade. Le taux de participation était de 56,7%, donc légèrement inférieur à celui de 2007. Les résultats sont les suivants : Nicolas Sarkozy a obtenu 52,67%, François Hollande 47,33%. »

Ce résultat en République tchèque vous a-t-il surpris ?

« Pas vraiment, mais il est très différent du résultat de 2007 qui était beaucoup plus en faveur de Nicolas Sarkozy. »

Avez-vous suivi la campagne électorale telle qu’elle a été présentée en République tchèque ?

François Hollande et Nicolas Sarkozy,  photo: CTK
« J’ai remarqué que la campagne était suivie de très près par les médias tchèques. Il y avait un point qui les intéressait beaucoup, c’était les questions d’énergie et l’avenir du nucléaire. Si je me réfère aux propos tenus par François Hollande lors du débat à la télévision, le 2 mai, il a bien confirmé la poursuite du chantier de Flamanville sur lequel un réacteur EPR, exactement le même modèle que nous proposons à la République tchèque pour l’extension de Temelín, est construit. Cela veut dire que nous continuons à construire des réacteurs de troisième génération et c’est quelque chose de fondamental. »

L’ancien ambassadeur tchèque en France, Petr Janyška, ne s’attend pas, suite à l’élection du nouveau chef d’Etat français, à des changements dans les relations franco-tchèques :

« Ce qui va surtout intéresser la République tchèque, c’est si le nouveau président français continue dans la même ligne européenne ou s’il veut changer quelque chose. Ce qui apporte le plus, s’est sa relation avec l’Allemagne, avec Bruxelles, son idée de revoir, peut-être, la fiscalité européenne. Ce qui sera primordial, ce sera sa rencontre avec Angela Merkel. D’ailleurs, François Hollande avait déjà annoncé que ce serait sa première visite, sa première sortie de France, le plus tôt possible. En fonction de cette rencontre, nous allons voir. »