Prague : place forte en devenir des compagnies aériennes à bas prix

Sur 100 passagers qui ont atterri ou décollé de l'aéroport de Prague en 2003, 9 ont fait appel aux services de compagnies aériennes dites à bas prix. Un chiffre qui a doublé en moins d'une année et qui annonce un boom imminent de ce secteur d'activité en Europe centrale. Pour la plus grande joie des voyageurs tchèques. Et des touristes venus de grandes villes européennes. La compagnie aérienne Travel Service a su réagir à cette frénésie toute nouvelle.

Créée en 1997, cette société devenue la plus grosse compagnie aérienne privée du pays avec un service de charters notamment, mais aussi de vols de lignes, a décidé de fonder en 2004, sa propre compagnie à bas prix. Smart Wings, tel est son nom, a ainsi pris son envol le 1er mai, date symbolique à laquelle les portes de l'Europe se sont ouvertes grand vers l'Est. Vladimira Dufkova, porte-parole de Travel Service, nous explique comment a germé l'idée de créer Smart Wings :

"Les perspectives de croissance dans le marché des charters sont nulles pour nous, dans la mesure ou nous couvrons déjà 70% du marché tchèque. C'est pour cette raison que nous avons décidé de réagir à cette nouvelle tendance que sont les vols à bas coûts. Mais sans pour autant se mettre en concurrence directe avec eux. Nos concurrents sont en effet plutôt les compagnies classiques."

Ce qui fait l'atout et la différence de SmartWings, ce sont non seulement les prix attractifs, mais surtout un service clientèle qui reste classique, justement, à l'inverse de compagnies comme EasyJet ou Germanwings, ou tout se fait par Internet. Classique dans le sens ou seuls des aéroports principaux, situés proches des villes, sont desservis. Classique aussi dans la mesure ou les clients ont la possibilité de réserver leurs billets par téléphone et même de les retirer dans des agences de voyage. Tout cela à son prix pour la compagnie, mais fait partie d'une stratégie à long terme :

"Nous avons pénétré ce marché en partant de l'évidence que nous n'engrangerons pas de bénéfices dans un premier temps. Il est clair que nous n'allons développer cette activité à perte, mais nous partons du principe qu'il s'agit d'un produit important qui va évoluer sur une durée plutot longue. D'ou notre volonté de laisser le temps aux voyageurs de s'habituer à la marque SmartWings. Nous n'attendons pas de bénéfices la première année, et tablons sur une marge de 10%."

Pour l'heure, Smart Wings dessert, à l'aide de deux Boeings, et au rythme de 7 vols par jour, les villes de Zurich, Paris, Madrid, Amsterdam, et Copenhague. Un aller simple coûte au minimum 1500 couronnes, pour les premiers servis, soit 50 euros, toutes taxes comprises. De quoi décourager sérieusement les compagnies d'autocars, un moyen de transport jusqu'ici très populaire dans le pays. D'autant que les nouvelles compagnies à bas prix ne cessent de fleurir sur le tarmac de l'aéroport de Ruzyne, et sont aujourd'hui au nombre de 14, parmi lesquelles EasyJet, Germanwings, Volareweb, Norwegian, BMI Baby, ou encore Sky Europe.

Selon Roman Vik, directeur général de Travel Service, les compagnies à bas prix pourraient bientôt offrir 16 vols par jour, et couvrir ainsi 20% du marché aérien en République tchèque. Le groupe a d'ailleurs prévu plusieurs stratégies pour suivre le mouvement, comme l'explique Vladimira Dufkova :

"Nous prévoyons d'élargir notre activité et d'atteindre 17 destinations régulières d'ici trois ans. Plus exactement nous volerons vers laFrance, l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne et peut-être aussi la Grande-Bretagne."

"C'est un premier point. L'autre chose, est que l'on voit se développer, en ce moment, plusieurs alliances entre compagnies à bas coûts. Nous voulons également, dans un avenir proche, établir des partenariats et faire partie d'une de ces nouvelles alliances."

Ces alliances permettraient, entre autre, de partager les frais de services entre plusieurs compagnies, mais aussi de mettre en réseau les portails Internet et la vente de billets. Autant de solutions qui visent à réduire les coûts, et a fortiori, le prix des billets.

Auteur: Agnès Vaddé
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