Près de 400 000 touristes admirent chaque année le château de Telč

Château de Telč, photo: www.zamek-telc.eu

Direction Telč, une ville du Plateau tchéco-morave, à 160 kilomètres au sud-est de Prague, non loin de la frontière autrichienne. Telč a été parmi les trois premières villes, avec Český Krumlov et Prague, à être classée au patrimoine de l’UNESCO, en 1992. Son nom n’est pas méconnu des mélomanes : depuis 1995, Telč accueille l’Académie de musique franco-tchèque. Le festival multi-genre « Les vacances à Telč » en était pour sa part cette année à sa 30e édition. Dans un sondage de l’Institut national du patrimoine, le château de Telč a été séléctionné comme le plus beau en République tchèque. Les 400 000 touristes qui viennent chaque année à Telč sont séduits par le charme de la place centrale bordée de maisons à arcades et reliée au château Renaissance orné de sgraffites.

Château de Telč,  photo: www.zamek-telc.eu
Visiter Telč, c’est comme se retrouver dans un conte de fée : sa place triangulaire, très harmonieuse, est entourée d’adorables petites maisons à arcades datant de la Renaissance. Leurs façades décorées de stuc et peintes en rose, bleu ou blanc présentent une étonnante variété. Deux fontaines baroques et une imposante colonne mariale complètent cette place portant le nom de Zachariáš de Hradec : propriétaire du domaine de Telč dès 1550 qui a façonné l’image Renaissance de la ville. De ses séjours passés en Italie, Zachariáš a amené à Telč non seulement des inspirations Renaissance, mais aussi des artistes italiens.

La transformation de l’ancienne forteresse gothique entourée de douves en un château confortable est confiée à l’achitecte italien Baldassare Maggi d’Arogno. En édifiant de nouvelles ailes au château, ce dernier les a reliées aux édifices d’origine par des arcades avec des plafonds en voûte. C’est du haut de ces arcades que s’ouvre la plus belle vue de la place centrale de Telč, observe notre guide Filip Píša :

« La place compte exactement 71 maisons, on y trouve aussi trois églises et une tour romane du XIIIe siècle près de laquelle se trouvait autrefois une résidence seigneuriale. L’an 1099 est la date de fondation de Telč. La première trace écrite mentionnant Telč date de 1339. C’est alors que le roi Jean de Luxembourg offre Telč aux seigneurs de Hradec. Les arcades du château sont ornées de grilles Renaissance. Chaque pièce comporte un motif décoratif différent. Toutes ces ornementations sont des originaux datant du XVIe siècle. »

La salle Africaine,  photo: www.zamek-telc.eu
Notre visite continue dans les salles Renaissance du premier étage, meublées d’objets et de décorations parfois bien exotiques : c’est le cas notamment de la salle dite Africaine où est exposée une collection de trophées de chasse et d’objets rares comme des flèches Massaï, réunis lors de ses expéditions africaines par Karel Podstatský-Lichtenstein, oncle du dernier propriétaire du château de Telč. Dans la salle de Théâtre, on admire les mascarons, soit des ornements représentant des figures humaines parfois effrayantes, parfois ridicules, apposées sur les murs. Dans la salle des Chevaliers, le guide attire notre attention sur le sol en marbre :

La salle des Chevaliers,  photo: www.zamek-telc.eu
« La salle des Chevaliers est appelée aussi salle en Marbre, d’après le sol en marbre d’origine, créé au XVIe siècle par l’architecte du château, Baldassare Maggi d’Arogno. Les armures et les fusils exposés datent des XVIe-XIXe siècles. Deux tambours qui complètent la collection proviennent de l’équipement des troupes napoléoniennes qui sont passées par la Moravie du sud au début du XIXe siècle. Le plafond à caissons en bois sculpté est orné de motifs mythologiques de l’Antiquité. Créé en 1570, le plafond n’a jamais été restauré et ses couleurs sont encore d’origine. Sur les tableaux accrochés aux murs on voit les portraits des propriétaires du château : Zachariáš de Hradec et sa première femme, Catherine de Wallenstein. Zachariáš meurt en 1589, laissant le château à son neveu, Adam II de Jindřichův Hradec. »

D’autres portraits montrent Jean de Liechtenstein : une famille qui était en possession des châteaux voisins de Lednice et Valtice, et de son épouse Perchta de Rožmberk. Une légende entoure cette noble dame. Notre guide explique pourquoi sa silhouette translucide fait son apparition, la nuit, dans les châteaux ayant dans leur blason la rose à cinq pétales :

Perchta de Rožmberk
« Jean tyrannisait Perchta, l’enfermait dans la tour, parce qu’elle aurait apporté une dot peu importante à son mari. Avant de mourir, Jean a demandé pardon à Perchta. Celle-ci l’a refusé et Jean a a lancé une malédiction contre elle, en la condamnant à ne pas trouver de repos après sa mort et à errer dans les châteaux appartenant à la famille Rožmberk. Selon la légende, la silhouette translucide de Perchta fait son apparition en robe blanche, portant des gants de couleur différente : la couleur rouge symbolisant l’incendie, le blanc étant le signe de bonheur ou de naissance d’un descendant, le noir symbolisant le malheur ou la mort. »

La bibliothèque,  photo: www.zamek-telc.eu
Lors de notre visite du château de Telč, nous admirons une riche collection de porcelaines de Vienne et de Meissen, de faïence de Delft, ainsi qu’une bibliothèque comptant plus de 8 000 livres. La première étape des travaux de remaniement a été réalisée par l’architecte de Slavonice, Léopold Estreicher, auteur de précieuses décorations intérieures en sgraffites qui ornent la majorité des salles du château. La plus impressionnante est la salle Dorée qui traverse toute une aile du palais nord :

La salle Dorée,  photo: www.zamek-telc.eu
« Nous voilà dans la plus grande et la plus belle salle du château, la salle Dorée qui été baptisée d’après la couleur prédominante du plafond à caissons. Daté de 1561, le remarquable plafond dérive manifestement d’exemples italiens. Dans ses trente champs octogonaux sont représentées des divinités et des héros de la mythologie antique dont Hercule. Le plafond est composé d’un total de 5 000 pièces et sa superficie est de 300 mètres carrés. »

La salle de Danse voisine accueillait des bals : le dernier a été organisé au château de Telč en 1904. Les arbres généalogiques des seigneurs de Hradec et de Rožmberk exposés dans la pinacothèque permettent de mieux nous orienter dans l’histoire de ces familles et la répartition de leurs domaines. On écoute notre guide :

« Le blason des seigneurs de Jindřichův Hradec représente une rose dorée sur un champ bleu et c’est le fils aîné de Zachariáš, Jindřich – Henri, qui l’a reçu. La rose bleue sur un champ doré est revenue à Smil, entré ainsi en possession des demeures de Nové Hrady et de Stráž nad Nežárkou. La rose argentée sur un champ rouge a été réservée à Vilém, avec le château de Landštejn et la ville de Třeboň. Sezim – enfant naturel de Zachariáš, a dû se contenter d’une rose noire sur un champ doré et d’un peu d’argent. La dernière rose à cinq pétales, de couleur rouge sur un champ argenté, a été offerte au fils cadet Vítek qui a hérité des résidences familiales de Český Krumlov et Rožmberk. »

La chapelle de Tous-les-Saints,  photo: www.zamek-telc.eu
Notre visite du château de Telč se termine dans la chapelle de Tous-les-Saints située à gauche de la porte d’entrée. Zachariáš de Hradec y est enterré aux côtés de sa première épouse Catherine de Wallenstein grâce à laquelle il a pu financer le remaniement de Telč.

En 1604, le château de Telč devient propriété de la famille Slavata. Sous son règne, Telč ne subit presque pas de restaurations si bien que ses édifices conservent toute leur authenticité. Grâce à cela, l’image de Telč en tant que ville médiévale restera pendant 400 ans pratiquement sans changement. Le style Renaissance des maisons et du château a pu être conservé dans sa forme d’origine. C’est cette particularité qui a valu à la ville d’être inscrite sur la liste du patrimoine de l’UNESCO.

'Woyzeck'
La ville a aussi attiré beaucoup de cinéastes tchèques et étrangers. Ainsi, le réalisateur allemand Werner Herzog l’a choisie pour le tournage de son film Woyzeck, en 1979. « Un jour un chat », le film du réalisateur phare du cinéma tchécoslovaque des années 1960, Vojtěch Jasný, a été tourné en grande partie sur la place de Telč, sans oublier le tournage de plusieurs films de contes de fée classiques et modernes comme ‘La Princesse orgueilleuse’ et ‘Une chance d’enfer’. »

Telč
Outre la place Renaissance du centre-ville, le château et les trois églises de Telč, Saint-Jacques, Saint-Esprit et l’église jésuite du Nom-de-Jésus, on peut visiter le musée dédié au peintre Jan Zrzavý.

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