Quand le président de la République remercie l'extrême-droite pour son soutien

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Le président de la République a remercié pour leur soutien les dirigeants du Rassemblement national (NSj), un parti ultranationaliste. La lettre de remerciement, diffusée sur internet, a provoqué de nombreuses réactions.

Narodni Sjednoceni - Rassemblement national en français - est, selon le quotidien Lidove noviny, le nom d'un petit parti d'extrême droite « dont l'idéologie est héritée du fascisme tchèque et du catholicisme orthodoxe et qui attire les skinheads lors de ses réunions ».

La lettre en question, avec en-tête de la Présidence, est signée par Ladislav Jakl, directeur du secrétariat, au nom du chef de l'Etat. « J'ai transmis votre courrier au Président, et en son nom je vous remercie », peut-on lire dans cette lettre adressée aux quatre principaux dirigeants de ce parti qui n'est pas représenté au Parlement. Le Rassemblement national s'est vu ainsi remercié d'avoir soutenu Vaclav Klaus lors de la récente querelle qui l'a opposé à deux membres du Parlement européen - deux députés qui l'ont sévérement critiqué pour son attitude et ses arguments anti-européens.

Politiciens et politologues ont réagi, dès la publication de cette lettre. Le Premier ministre, Jiri Paroubek, a déclaré qu'il ne trouvait pas convenable le fait que le bureau du Président communique avec une telle organisation d'extrême-droite. La politologue Vladimira Dvorakova, citée par Lidove noviny, se dit « choquée ». « S'il ne s'agit pas d'une erreur administrative, poursuit-elle, alors c'est un vrai problème, et cela pourrait légitimer les opinions des extrêmistes. D'autre part, même si je ne dis pas qu'ils partagent les mêmes opinions, Klaus a quelques points en commun avec l'extrême-droite, comme le nationalisme, le libéralisme économique ou l'aversion pour le multiculturalisme ». Le professeur Zdenek Zboril a quant à lui estimé que c'était une démarche normale qui ne pouvait être condamnable. Rudolf Kucera, autre politologue pragois, affirme qu'il s'agit ici d'un cas sans précédent « qui ne peut se produire dans une démocratie normale ».

L'auteur de la lettre, qui affirme qu'elle a été lue par le chef de l'Etat avant d'être envoyée, a tenté d'argumenter sa démarche en affirmant qu'il ne s'agissait que d'une réponse à un courrier bienséant. « J'aurais répondu de la même manière à des eurofanatiques marxistes de la social-démocratie », a rajouté Ladislav Jakl. Vaclav Klaus n'a quant à lui pas fait de commentaires.