Origine éditoriale de l’amnistie présidentielle, entre mensonges et accusations

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L’amnistie prononcée par le président de la République dans son discours du Jour de l’An aurait été concoctée par le ministère de la Justice, et non par Václav Klaus. C’est du moins ce qu’affirme l’avocat Pavel Hasenkopf, ancien conseiller du cabinet présidentiel. Celui-ci a déclaré avoir rédigé une première version de l’amnistie, qui aurait ensuite été complètement modifiée par le ministère de la Justice. Ces propos ne sont pas restés sans réaction : le ministre Petr Blažek, a nié en bloc ses allégations, allant même jusqu’à parler de « pur mensonge ».

Václav Klaus,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
Si Václav Klaus est officiellement l’auteur de l’amnistie, le cabinet du nouveau président Miloš Zeman semble détenir d’autres informations et le débat autour de ses véritables auteurs continue de faire rage quatre mois encore après la déclaration de cette fameuse amnistie. Conseiller de Miloš Zeman, Vratislav Mynář prétend que l’amnistie a été rédigée par trois proches collaborateurs de l’ancien président Klaus : son chancelier adjoint Petr Hájek, le chef du département politique Ladislav Jakl et l’avocat Pavel Hasenkopf.

Pavel Hasenkopf,  photo: CT24
Ce dernier a lui même reconnu avoir rédigé une première version de l’amnistie, première version qui n’avait pas plus au ministère de la Justice en raison de son extrême précision. Toujours selon la thèse de Hasenkopf, le ministère aurait par la suite retravaillé sa version, laquelle aurait subi une rédaction plus juridique. Or, le ministre a démenti cette version, qu’il a interprétée comme une manifestation des frustrations de Pavel Hasenkopf liées à la perte de ses fonctions d’avocat au Château de Prague. Pavel Blažek a également fermement condamné ce qu’il affirme être un mensonge, lequel, toujours selon lui, pourrait devenir une référence pouvant salir n’importe qui. Si le ministre de la Justice envisage de porter plainte contre Pavel Hasenkopf, ce dernier entend, lui, assigner en justice l’actuel conseiller du président Zeman, Vratislav Mynář. Désigné par celui-ci comme un des auteurs supposés de l’amnistie, Ladislav Jakl, ancien chef du département politique sous la présidence de Václav Klaus, a tenté de se défendre contre ces accusations :

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« Bien évidemment, chaque décision, chaque décision importante que le président Klaus a prise lors de ses dix années de mandat l’a été après qu’il se soit entretenu avec ses conseillers les plus proches. Autrement dit, cette décision relative à l’amnistie a également été prise suite à des discussions et des réunions. Il est possible que certains l’aient inspiré ou convaincu plus que d’autres, ou au contraire moins que d’autres. Bien entendu, l’amnistie contient un grand nombre de petites décisions ponctuelles concernant les paramètres de cette amnistie. Mais toutes ces décisions ont été prises par Václav Klaus. »

Les propos de Ladislav Jakl sont toutefois quelque peu ambigus : si, selon lui, le président Klaus est bel et bien le seul auteur de l’amnistie, il se serait néanmoins laissé « inspirer » par ses conseillers. Ladislav Jakl explique :

Ladislav Jakl,  photo: Šárka Ševčíková,  ČRo
« La version finale de l’amnistie a pris forme pendant de longs débats polémiques, dans le bureau même du président. Tous les paramètres de l’amnistie ont été décidés par Václav Klaus. Mais, effectivement, lors de ces prises de décision, il a pu être inspiré, par exemple, des consultations avec ses proches collaborateurs, des consultations auxquelles j’ai participé. »

L’origine de la rédaction officielle de l’amnistie semble donc manquer de netteté. Selon Pavel Hasenkopf, le ministère de la Justice aurait voulu atteindre deux objectifs à travers cette amnistie : d’une part, faire de la place dans les prisons surpeuplées, et d’autre part se débarrasser des affaires qui traînaient en longueur et encombraient le système judiciaire. Cependant, le ministère de la Justice a réagi dans un communiqué jeudi en faisant savoir qu’aucune proposition ne lui était parvenue de la part de Pavel Hasenkopf.

Rappelons que l’amnistie dont il est question a notamment permis la remise en liberté d’environ 6 500 prisonniers. Toutefois, un de ses articles abolitionnistes a provoqué une forte indignation en stoppant notamment la poursuite des crimes économiques dont les dommages et intérêts s’élevaient à plusieurs milliards de couronnes.