Réactions tchèques à la crise en Yougoslavie

Les milieux officiels et l'opinion publique tchèque ne restent pas indifférents au déroulement de la situation en Yougoslavie. Elle a suscité de vives réactions. Informations par Alain Slivinsky.

Le président de la République, Vaclav Havel, connu pour son grand respect de la démocratie et des droits de l'homme, n'a pas tardé à réagir. Déjà dans l'après-midi de jeudi, il s'est prononcé sur la dégradation de la situation à Belgrade. Par l'intermédiaire de son porte-parole, Vaclav Havel a fait savoir que la prise de position du pouvoir en Yougoslavie refusant de reconnaître les résultats du premier tour des élections présidentielles était inacceptable. En effet, la Cour constitutionnelle yougoslave venait d'annuler les résultats de ce premier tour remporté par le candidat de l'opposition, Vojislav Kostunica, devant le président en exercice, Slobodan Milosevic. Immédiatement après, comme tous les médias du monde l'ont relaté, près de 300 000 manifestants ont envahi les rues de Belgrade et la police est intervenue. Kostunica a appelé les manifestants au calme, mais les a aussi invités à rester dans les rues. Le ministère tchèque des Affaires étrangères a condamné officiellement les efforts du président yougoslave, Slobodan Milosevic, de renverser les résultats des présidentielles. Le ministre des Affaires étrangères, Jan Kavan, a déclaré aux journalistes, après la réunion du Conseil de sécurité de l'Etat, que le ministère espérait une solution pacifique de la crise. Le porte-parole du ministère, Ales Pospisil, a encore condamné les efforts du régime de Milosevic de violer par la force « la claire volonté de la nation serbe et de l'opposition serbe de réaliser le plus rapidement possible leurs désirs de changements démocratiques dans le pays ». Les chrétiens-démocrates tchèques ont, eux aussi, réagi rapidement. Dans leur déclaration, ils condamnent le refus d'accepter la libre volonté des citoyens yougoslaves exprimée lors du premier tour des présidentielles, tout comme les efforts d'augmenter la tension dans le pays. Les chrétiens-démocrates tchèques insistent sur le fait que la seule solution de la crise yougoslave est le départ de Milosevic. Selon le ministère tchèque des Affaires étrangères, les employés de l'ambassade tchèque à Belgrade n'ont pas rencontré de problèmes. A Prague, quelques dizaines de personnes ont manifesté, dans la nuit de jeudi à vendredi, devant l'ambassade yougoslave. Cette dernière sera fermée pour des « raisons techniques » jusqu'à lundi. Les manifestants n'ont formulé aucune revendication, mais on pourrait s'attendre à d'autres manifestations, selon la direction de la police pragoise.