Recensement national : une obligation pour tous, même les ressortissants étrangers
Coup d’envoi ce week-end du grand recensement national en République tchèque. Dix ans après ce dernier rendez-vous statistique qui est, sous peine d’amende, une obligation tant pour les citoyens tchèques que pour les ressortissants étrangers, la grande nouveauté de l’édition 2021 est son basculement en ligne.
C’est à minuit dans la nuit du 26 au 27 mars que débutera le recensement national, toutes les informations communiquées par les citoyens devant correspondre à la réalité de ce moment pivot. Il s’achèvera le 11 mai prochain, mais le 9 avril pour la version en ligne. Que le recensement soit majoritairement réalisé en ligne était déjà prévu avant la pandémie, mais au vu de la situation sanitaire actuelle, cette possibilité s’avère opportune : selon l’Office tchèque des statistiques plus des deux tiers de la population devraient remplir le formulaire sur Internet. 11 000 commissaires seront toutefois déployés dans tout le pays pour assister les personnes n’ayant pas accès à un ordinateur, ayant des soucis de compréhension du formulaire ou ayant raté la date du 9 avril.
Le recensement est obligatoire pour tout le monde, sous peine de se voir infliger une amende de 10 000 couronnes. Sont donc concernées toutes les personnes tchèques ou de nationalité étrangère, ou ayant la double nationalité, bénéficiant d’un permis de résidence permanente en Tchéquie ou séjournant dans le pays pour une durée de plus de 90 jours, quel que soit leur lieu de résidence par ailleurs. Sont exemptées les personnes ayant un statut diplomatique.
Pour cette édition 2021, le formulaire comprend moins de questions que par le passé, comme l’explique Marek Rojíček, président de l’Office national des statistiques :
« Si on le compare avec le recensement d’il y a dix ans, il y a moitié moins de questions qu’à l’époque. Donc remplir le formulaire devrait être plus simple. Pour un foyer composé d’un seul membre, cela devrait prendre une quinzaine de minutes. »
Quant au type de renseignements demandés, certaines questions ont été abandonnées comme les catégories concernant l’eau chaude, les salles d’eau ou la connexion internet des ménages. Ce type d’informations sera recueilli par les statisticiens directement dans les bases de données publiques, le reste sera collecté via le formulaire, comme le détaille encore Marek Rojíček :
« Les informations sont par exemple, le lieu de résidence habituel, si la personne vit seule ou en famille. Puis nous demandons le niveau d’études. Nous voulons aussi savoir si ce sont des personnes actives, s’il s’agit d’employés ou d’autoentrepreneurs… »
Pour la première fois, les formulaires seront disponibles dans les différentes langues des minorités vivant dans le pays, soit l’anglais, l’allemand, le polonais, le russe, l’ukrainien, le vietnamien et la langue romani. Comme l’a précisé la porte-parole de l’Office tchèque des statistiques, Jolana Voldanová, ces versions sont là pour aider les comprendre les questions du questionnaire qui doit être toutefois être rempli en tchèque.
L’Office se veut rassurant sur la question de la protection des données personnelles qui seront protégées et encourage la population à préciser sans crainte sa nationalité. C’est aussi la nouveauté de ce recensement 2021 : les participants peuvent ainsi déclarer deux « nationalités », la « národnost » en tchèque qui ici ne signifie pas la même chose de la citoyenneté, soit l’appartenance à un Etat. La « národnost » correspond ici à l’identité perçue, quelle que soit la langue maternelle. Ainsi, un Tchèque ayant des origines, disons, françaises peut tout à fait se dire de « národnost » française, sans avoir la carte d’identité du pays.
Directeur du service des statistiques, Robert Šanda détaille encore ce qui va se passer avec toutes les données recueillies :
« Le produit fini sera une compilation de micro-données anonymes. Il n’y aura aucune donnée qui permettrait d’identifier les personnes. Toutes les réponses collectées peuvent ensuite être combinées entre elles. Par exemple, nous pouvons déterminer si les femmes diplômées parviennent à atteindre des postes de manager et comparer avec ce qui se passe pour les hommes, nous pouvons également croiser ses données pour savoir s’il y a des différences régionales en la matière ou savoir quelles domaines sont concernés ou non. On peut lire beaucoup de choses grâce à ce recensement ce qui n’est pas forcément évident au premier abord dans le formulaire. »
