Rétrospective du peintre Jan Kupecky
C'est à Aix-la-Chapelle, au musée Suermondt-Ludwig, qu'on peut voir, ces jours-ci, une rétrospective du grand portraitiste baroque d'origine tchèque, Jan Kupecky. Bien que le peintre n'ait passé que peu de temps en Bohême, il signait ses tableaux "pictor boemus - peintre tchèque." Il est né en 1666. Son père qui était membre de l'Eglise protestante, "Unité des frères tchèques", a été obligé par les catholiques de fuir la Bohême et s'est établi à Pezinok en Slovaquie. Le père était tisserand mais le métier paternel ne plaisait guère à Jan qui manifestait un grand talent pour la peinture. C'est en Italie qu'il a perfectionné sa technique ce qui lui a permis de devenir un portraitiste recherché. Parmi ses modèles il y avait des aristocrates, des princes et mêmes des têtes couronnées dont le tsar de toutes les Russies, Pierre le Grand. Jan Kupecky a refusé d'aller avec le tsar à Saint-Petersbourg, mais a accepté de faire son portrait à Karlsbad - Karlovy Vary. Il a vécu à Vienne où il a épousé une jolie femme infidèle ce qui a assombri les années de sa vieillesse. Il voyageait beaucoup à travers l'Allemagne, étant souvent invité pour faire des portraits. Finalement, il s'est établi à Nuremberg où il avait beaucoup d'amis et où il est mort en 1740. L'exposition à Aix-la-Chapelle est la première rétrospective de cet artiste exceptionnel. Elle présente près de soixante dix tableaux empruntés de plusieurs galeries européennes. Les Tchèques aimeraient, eux aussi, voir cette exposition placée sous le patronage du Président Vaclav Havel, mais, pour l'instant, on cherche les moyens financiers et les sponsors pour le transfert des tableaux à Prague. Il s'agit de la possibilité unique de voir les oeuvres du peintre dont l'art réunissait, selon son premier biographe Johann Gaspard Füesli, la force d'un Rubens, la finesse et la transparence d'un van Dyck et la magie du clair-obscur d'un Rembrandt.