Rusalka, d’Antonín Dvořák, pour la première fois à l’Opéra du Rhin
Aussi étonnant que cela puisse paraître, en presque cinquante ans d’existence, l’Opéra national du Rhin, qui regroupe depuis 1972 des ensembles de Strasbourg, Colmar et Mulhouse, n’avait jamais programmé Rusalka, le chef d’œuvre lyrique d’Antonín Dvořák. Désormais, c’est chose faite avec la nouvelle création du plus célèbre opéra du compositeur tchèque, dont la première aura lieu le 18 octobre, à Strasbourg. Le rôle de l’ondine au destin tragique a été confié à la chanteuse sud-africaine Pumeza Matshikiza et la direction musicale au chef d’orchestre néerlandais Anthony Hermus. Pour parler de Rusalka à l’Opéra du Rhin, Radio Prague Int. a interrogé la metteuse en scène allemande Nicola Raab, qui est d’abord revenue sur son lien personnel avec la musique tchèque.
Rusalka est l’histoire tragique d’une ondine, qui n’est pas si loin de celle de la petite sirène d’Andersen. Comment avez-vous envisagé cette histoire qui est aussi un conte ?
« C’est un conte de fée, et comme vous le dites, c’est aussi une histoire tragique entre un homme et une femme. Cela rend donc cette histoire très humaine et c’est cela qui me touche le plus. On est entre conte de fée et une tragédie très proche de nous. J’essaye de faire le lien entre un monde magique où des choses inexplicables se passent et cet aspect humain qui nous est très proche. »
Quels choix de mise en scène avez- vous faits ? Quand on regarde les extraits disponibles sur le web, on voit que c’est un décor assez minimaliste…« Oui, on pourrait dire cela. L’idée était d’avoir un endroit minimaliste, abstrait, magique, pour passer de l’acte I à l’acte III. Mais l’acte II est un monde très différent : on est dans le monde des humains. Là, on a une scénographie beaucoup plus concrète, avec une chambre vaste, blanche, sur scène, qui nous permet de vraiment jouer sur la différence entre les deux mondes. Il y a le monde de Rusalka, qu’elle cherche désespérément à quitter… »
… le monde aquatique...
« Oui, mais qu’est-ce que cela veut dire ce monde aquatique ? Est-ce un monde lié à l’inconscient ? C’est un monde qu’elle aimerait quitter en effet, où elle ressent un manque de certaines choses. L’autre pan, c’est un monde plus concret, où elle ne sera pas à sa place non plus puisqu’elle n’y possèdera plus les moyens de s’exprimer. »
Dans votre mise en scène, avez-vous essayé de faire une lecture psychanalytique de Rusalka ?
« Bien sûr, il y a cet aspect dedans. Mais la psychologie est toujours importante, selon moi, pour l’interprétation des opéras. Mais ce n’est pas strictement linéaire et noir/blanc : je ne fais pas qu’une lecture psychanalytique. C’est une lecture qui touche beaucoup de sujets : le conte de fée, la magie du théâtre, des moments très modernes aussi et psychanalytiques en effet, et des moments très touchants de la relation entre un homme et une femme d’aujourd’hui. »
A voir du 18 au 26 octobre à l’Opéra de Strasbourg et les 8 et 10 novembre à la Filature de Mulhouse.