A Prague, il y a 120 ans, la première mondiale de l’opéra Rusalka d’Antonín Dvořák
Œuvre d’Antonín Dvořák considérée par les Tchèques comme un opéra national, Rusalka (Roussalka, ou aussi L’Ondine, en français) était présentée en première mondiale il y a 120 ans. C’était le 31 mars 1901 à Prague. Si, malgré son histoire d’amour déçu avec le prince et sa fin tragique, la nymphe, merveilleuse créature des eaux, n’a jamais cessé de séduire depuis, elle le doit essentiellement à sa musique.
Avec La Fiancée vendue de Bedřich Smetana, Rusalka est très certainement l’opéra le plus apprécié du public tchèque, un des opéras tchèques assurément aussi les mieux connus dans le monde. Comme en témoigne la présentation d’une version revisitée et très moderne au public du Metropolitan Opera à New York en 2017, l’œuvre, intemporelle il est vrai, continue de fasciner les amoureux de belle et grande musique, plus d’un siècle donc après sa première au Théâtre national dans ce qui n’était pas encore la Tchécoslovaquie.
Avec ses airs romantiques et lyriques teintés de notes de folklorisme, la musique composée par Dvořák colle à merveille au livret écrit en tchèque par Jaroslav Kvapil, inspiré des légendes mises en vers par Karel Jaromír Erben et des contes signés Božena Němcová, deux des grandes plumes de la Bohême au XIXe siècle.
Avec sa Symphonie du Nouveau Monde, ses Danses slaves, son Concerto pour violoncelle en si mineur, son Requiem ou encore son Stabat Mater, Rusalka compte indéniablement parmi les œuvres les plus appréciéeset les plus jouées, aujourd’hui encore, de Dvořák. Mais Rusalka, dont la musique a été composée en l’espace de quelques mois seulement au tout début du XXe siècle, est surtout son opéra le plus connu, qui ferait presque oublier qu’il en a composé dix autres durant sa longue et féconde carrière.
A la différence de certaines grandes scènes du monde, qui parfois n’hésitent pas à donner à l’Ondine d’autres traits que ceux qu’on lui connaît traditionnellement - comme ceux d’une ballerine blessée à Madrid l’année dernière ou même d’une prostituée racolant ses clients sur une aire d’autoroute ailleurs -, le public tchèque, plus conservateur et souvent composé de parents avec leurs enfants, continue de préférer la mise en scène d'origine.
La musique, elle, en revanche, ne change pas, et c’est tant mieux. Nous vous invitons donc, en ce premier dimanche pritannier, à en apprécier quelques-uns des plus beaux airs. Si le chant à la Lune du premier acte est bien évidemment le plus connu de tous, et nous vous proposons dans cette émission son interprétation par la soprano slovaque Gabriela Beňačková, bien d’autres encore méritent aussi que nous tendions l’oreille et ouvrions nos cœurs...