Ski : Záhrobská, la descente dans les abîmes – Sudová, le retour vers les sommets

Šárka Záhrobská, photo: Tomáš Lisý

Que ce soit en ski alpin, en ski nordique ou en ski acrobatique (freestyle), la saison de Coupe du monde a pris fin le week-end dernier. Vierge de Jeux olympiques et de Mondiaux, la saison 2011-2012 a confirmé la crise de résultats de la slalomeuse Šárka Zahrobská et le retour vers les sommets de la spécialiste des bosses Nikola Sudová.

Šárka Záhrobská,  photo: Tomáš Lisý
La saison de Coupe du monde de ski alpin s’est achevée ce week-end à Schladming, en Autriche. Seulement 18e de la finale du slalom et 25e du classement général final de sa discipline de prédilection, Šárka Záhrobská a terminé son hiver 2011-2012 comme elle l’avait commencé : par un résultat décevant. A 27 ans, la championne du monde 2007 et médaillée de bronze des derniers Jeux olympiques a assurément vécu la plus mauvaise saison de sa carrière.

Il y a pourtant encore un an de cela, la slalomeuse tchèque comptait toujours parmi les six ou sept meilleures spécialistes de sa discipline, même si sa 12e place aux championnats du monde (très loin donc des trois médailles de bronze, d’or et d’argent remportées entre 2005 et 2009) laissait déjà augurer qu’elle se trouvait sur une pente descendante. Cette tendance s’est malheureusement confirmée cette saison : en effet, pour la première fois de sa carrière longue de neuf ans, Šárka Záhrobská n’a jamais terminé dans le TOP 10 d’un slalom de Coupe du monde. Une réalité dont l’unique Tchèque de l’histoire à avoir un jour été sacrée championne du monde d’une discipline de ski alpin avoue ne pas être satisfaite :

« Je n’ai pas envie d’entrer dans les détails ou d’expliquer pourquoi les choses se passent comme ça. Ca ne regarde ni les médias, ni le public. C’est plus une affaire de communication interne au sein de l’équipe. C’est à ce niveau-là qu’il faut définir ce qui ne va pas et ce qu’il faut faire pour retrouver un bon niveau. On me reproche de ne pas communiquer suffisamment avec le public, mais il n’y a pas grand-chose à écrire. Je ne suis pas contente de mes performances, je participe à la course suivante et je fais mon maximum pour que les choses s’améliorent. Etant donné mes derniers résultats, je ne tiens pas à répéter la même chose après chaque course. »

Même si elle préfère rester dans sa bulle pour s’isoler et mieux se protéger des critiques, Šárka Záhrobská, qui avait terminé 2e du classement général final de la Coupe du monde de slalom il y a seulement deux ans de cela, ne peut nier sa longue et inexorable descente dans les profondeurs des classements, très loin désormais de l’élite mondiale à laquelle elle appartenait il y a peu. Pour autant, la skieuse tchèque cherche encore à positiver afin de relancer sa carrière, alors que se profilent plusieurs échéances de tout premier choix :

« C’est une formidable école pour moi. J’accepte les choses comme elles sont. Les échecs vous apprennent beaucoup plus que les succès. Cela ne veut pas dire que je souhaite continuer comme ça et me traîner dans les fonds des classements les deux ou trois prochaines saisons. L’année prochaine, il y aura les championnats du monde. Ensuite, en 2014, il y aura les Jeux olympiques, puis de nouveau peut-être les Mondiaux en 2015 si j’ai des résultats corrects. Ce sont donc trois années extrêmement importantes qui m’attendent. Je ne manque pas d’ambition et j’ai envie de revenir sur le devant de la scène pour pouvoir lutter de nouveau pour les premières places. »

Pour s’en donner les moyens, Šárka Záhrobská a pris une première décision : deux ans après avoir quitté son père, un père ultra possessif et autoritaire qui s’occupait d’elle depuis sa toute petite enfance, la Tchèque n’a pas prolongé le contrat de Pavel Šťastný, l’entraîneur qu’elle avait engagé à l’époque. Pour le proche avenir, c’est donc vers l’étranger que Záhrobská devrait se tourner pour trouver celui qui l’aidera à sortir de la spirale négative. Toutefois, afin de retrouver des résultats plus conformes à son talent et à son statut d’ancienne championne du monde, la Tchèque n’est pas prête à tout révolutionner, et n’entend surtout pas abandonner les changements entrepris ces deux dernières saisons :

« Ma plus grande erreur a été de vous expliquer, il y a deux ans, que je voulais faire évoluer ma technique de ski. Je ne doute pas du bien-fondé de ma décision mais regrette plutôt la manière dont les choses ont été présentées. Depuis, les gens n’arrêtent plus de me demander où j’en suis concernant mon style ou de me souhaiter de réussir à le changer. C’est pesant, c’est lourd, et c’est un non-sens. D’ailleurs, en lisant récemment un entretien avec la skieuse finlandaise Tanja Poutiainen, j’ai eu la confirmation que j’étais sur la bonne voie. Elle aussi affirme qu’elle n’aurait pas pu avoir les résultats qu’elle avait encore la saison dernière avec le même style. »

En attendant, la skieuse tchèque, à laquelle les faibles résultats en Coupe du monde n’ont rapporté qu’un peu plus de 1 200 francs suisses de primes cette saison, ne peut continuer de rêver à un retour au premier plan que grâce au soutien de ses sponsors. Des partenaires qui croient encore Šárka Záhrobská capable d’écrire une fin heureuse à une histoire et une carrière qui, quoiqu’il arrive, resteront uniques dans l’histoire d’un pays dont le plus haut sommet dépasse à peine les 1 600 mètres.

Bosses : Sudová, le retour vers les sommets

Nikola Sudová
Et puis toujours en ski, mais acrobatique (ou freestyle) cette fois, Nikola Sudová a, elle, achevé une des meilleures saisons de sa carrière. 6e de la finale disputée à Megève, ce week-end, la Tchèque a terminé 3e du classement général final de la Coupe du monde de bosses, une des cinq disciplines du ski acrobatique. Cela faisait quatre ans que Nikola Sudová n’avait plus fini la saison sur le podium, et forcément elle en était fort satisfaite :

« Si je n’avais pas eu cette série de quatre neuvièmes places en suivant lors de la tournée aux Etats-Unis et au Canada, tout aurait été beaucoup plus simple pour moi et j’aurais pu penser à la deuxième place du classement général de la Coupe du monde. Mais je suis quand même satisfaire. Mon objectif était d’abord de retrouver mon niveau et de compter de nouveau parmi l’élite mondiale après ma blessure. Je pense y être parvenue et j’espère maintenant que ça ira de mieux en mieux. Mon entraîneur m’a dit que nous avions déjà les deuxièmes et troisièmes places des championnats du monde et de la Coupe du monde et qu’il ne manquait donc plus que la première place. Mais on verra… »

Opérée d’une rupture des ligaments du genou gauche il y a deux ans de cela, Nikola Sudová a donc enfin retrouvé les sommets. Pour la skieuse tchèque qui a fêté ses 30 ans samedi dernier, voir son genou tenir le coup n’est pas la moindre des satisfactions :

« Mon genou ne m’a posé aucun problème cette saison, je n’y pense même plus, mis à part lorsqu’il y a des changements de météo. J’espère donc qu’à partir de la saison prochaine, je pourrais reprendre la compétition sans l’orthèse qui, malgré tout, me limite quand même et me gène un peu dans mes mouvements. Il faut que j’en discute avec mon entraîneur et le docteur, mais je pense que ça pourrait aller sans. »

En attendant la saison prochaine, Nikola Sudová est la seule Tchèque, hommes et femmes confondus, et toutes disciplines de ski alpin, nordique et acrobatique confondues, à avoir terminé la saison 2011-2012 à une des trois premières d’un classement général de Coupe du monde.