Social Watch : chaos et incompétence tempérés par l’espoir pour le logement social

Photo: Filip Jandourek, ČRo

L’antenne tchèque de l’ONG internationale Social Watch (« Observateur social » en français) a publié ce mercredi le rapport annuel sur l’évolution dans les domaines du développement social et de l’égalité entre les sexes. Après « déclin et résignation » de l’année 2012, les auteurs du rapport résument l’année 2013 par « chaos et incompétence ». Néanmoins, le bilan de l’année écoulée est légèrement plus prometteur, notamment dans le domaine du logement social.

Photo: Filip Jandourek,  ČRo
En vertu des objectifs fixés par la Conférence de l’ONU sur le développement social et la Conférence mondiale sur les femmes tenues en 1995, le Social Watch tchèque analyse dans son sixième rapport émis depuis sa fondation en 2008 l’état des lieux dans ses domaines. Outre la critique des manifestations anti-rom ou la sous-représentation des femmes en politique, le rapport dénonce la non-existence du logement social en République tchèque. L’auteur du chapitre en question, Linda Sokačová, sociologue et représentante de la plateforme pour le logement social décrit la situation :

« Tout dépend de la commune dans laquelle vous habitez. Certaines municipalités n’ont aucun programme pour les personnes en difficulté financière, d’autres s’efforcent même de faire déménager ces habitants. Quelques-unes ont une forme de logement social, mais dans la majorité des cas, les personnes concernées soit paient un loyer hors de prix dans des centres d’hébergement soient sont logés dans des maisons d’accueil gérées par les ONG. »

Linda Sokačová,  photo: Marián Vojtek
Dans le collimateur des auteurs du rapport Social Watch se trouve surtout le logement dans les centres d’hébergement (ubytovny) offrant des conditions de vie insatisfaisantes. Linda Sokačová explique comment ces centres se sont éloignés de leur fonction originelle pour devenir un business rentable avalant une grande partie d’aides sociales au logement :

« Les centres d’hébergement ne sont pas un phénomène nouveau. Avant l’année 1989, ils servaient comme logement bon marché et de courte durée pour des travailleurs saisonniers. En revanche, aujourd’hui, les centres hébergent des familles à long terme, dans certains cas même pendant cinq ans ou plus. De manière générale, la qualité du logement n’est pas satisfaisante et les installations sanitaires partagées sont la règle plutôt qu’une exception. Nos sondages révèlent aussi que le loyer est plus élevé que si les personnes avaient l’occasion de louer un appartement municipal ou même privé. »

Sauf que certaines municipalités ont privatisé l’intégralité de leur logement et que des postulants d’origine rom ont peu de chances de louer un appartement d’un propriétaire privé notamment à cause des stéréotypes qui prévalent à leur égard dans la société. Ils se retrouvent ainsi dans les centres d’hébergement, joints notamment par des personnes âgées, de plus en plus nombreux dans ce type de logement car ils ne disposent pas de moyens suffisants pour payer un loyer dérégulé et dont le prix est déterminé par le marché.

Photo: Filip Jandourek,  ČRo
Comme le souligne Linda Sokačová, les entrepreneurs se précipitent pour fonder des nouveaux centres d’hébergement que certaines municipalités perçoivent comme solution plus rapide et plus facile pour les personnes en difficulté financière, pour des retraités et même pour ceux ayant besoin d’assistance. Néanmoins, ce régime peu satisfaisant qui touche quelques 100 000 personnes en République tchèque est voué à changer notamment grâce à l’activité du groupe interministériel coordonné par le ministère du Travail et des Affaires sociales, chargé de rédiger une nouvelle conception du logement social et dont Linda Sokačová fait partie :

« Ce groupe a pour but de formuler la conception du logement social et la soumettre au gouvernement avant la fin de l’année. Ce document devrait donner une définition du logement social et des standards exigés ainsi que déterminer les bénéficiaires de celui-ci. »

A partir de cette conception, une loi sur le logement social, qui régit la mise en place pratique de ce système, pourrait entrer en vigueur au plus tard en 2017.