Sona Fronkova

Sona Fronkova
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Sona Fronkova est la première femme qui en 2004 a donné le départ au steeple-chase de Velka Pardubicka, considéré comme le plus difficile en Europe. Jusque là les starters étaient toujours des hommes. Sona Fronkova est aussi responsable du lycée équestre et de formation professionnelle à Velka Chuchle...

« L'idée que je pourrais donner le départ au steeple-chase de Velka Pardubicka ne m'a jamais traversé l'esprit. Lorsque j'ai terminé en 1997 mes études au lycée équestre, je savais que je ne pourrais pas faire de concours hippiques. C'est alors que la direction du Jockey Club m'a proposé d'être juge aux courses hippiques. J'ai accepté et ensuite j'ai suivi la formation pour juges, j'ai passé l'examen du Code des courses et ainsi j'ai obtenu le statut de juge de course de galop et de trot. J'ai commencé comme assistante du starter et puis j'ai évolué. Après un certain temps l'Association des trotteurs m'a proposé de donner le départ aux courses de trot. »

Sona Fronkova,née en 1971, a été formée par le célèbre starter de courses de galop et de trot Monsieur Sindler, qui a donné 33 fois le départ au steeple-chase de Velka Pardubicka et qui est inscrit dans le Livre Guiness des Records. Il lui a appris tous les secrets du métier par exemple à gagner le respect au départ, à aligner les jockeys et évidemment à donner le départ de la course. La première du métier de starter commence pour Sona le 13 mai 2000. Plus tard, elle commence à donner le départ également aux courses de galop au champ de courses de Velka Chuchle puis en province, à Lysa nad Labem, Karlovy Vary...

« En 2004, l'organisateur des concours hippiques de Pardubice m'a proposé de donner le départ de la journée des courses plates à la quatrième qualification pour la course de Velka Pardubicka car le starter était souffrant. Bien évidemment j'étais d'accord car c'est une activité prestigieuse. Après, l'organisateur ne s'est pas manifesté et je croyais que tout était tombé à l'eau. Une semaine avant Velka Pardubicka j'ai reçu un coup de fil de l'adjoint de l'organisateur. Il m'a demandé si je désirais réserver un hôtel à Pardubice pour le week-end du concours. C'est ainsi que j'ai appris que je serai le starter du steeple-chase de Velka Pardubicka.

J'avais le trac car il s'agit tout de même d'un événement d'importance internationale et le point culminant de la saison hippique en Europe. Je m'entraînais en russe, en anglais et en allemand pour prononcer les phrases telles que tournez-vous, alignez-vous d'après les numéros, tournez-vous à main droite...Départ! C'était aussi la première fois que les chevaux à Velka Pardubicka sont partis à l'élastique et non au drapeau. Ce qui est mieux car les chevaux respectent l'élastique beaucoup plus et le starter peut mieux les aligner. »

Il est fort probable que Sona Fronkova donnera le départ au steeple-chase de Velka Pardubicka qui aura lieu le 14 octobre. Elle l'a déjà fait trois fois et elle est considérée comme un excellent starter. Bien évidement, la décision finale revient aux organisateurs.

Sona Fronkova a fait ses études secondaires à l'école d'agriculture dans la région de Plzen où elle a également commencé sa carrière professionnelle. Après le baccalauréat, elle passe les examens d'admission à l'Ecole supérieure d'agriculture à Ceske Budejovice en Bohême du Sud. Dans le cadre de ses études elle monte évidemment des chevaux de course. En troisième année, les étudiants doivent obligatoirement faire un stage dans une exploitation agricole. Sona réussit à faire son stage au champ de course de Velka Chuchle où elle occupe le poste d'assistante responsable de l'entraînement professionnel, elle apprend à seller, à soigner les chevaux et toutes les activités qui vont de paire avec la profession.

Les journées de Sona sont très chargées car de lundi à mercredi, elle est à Ceske Budejovice où elle suit ses études et de jeudi à dimanche, elle est au champ de course de Chuchle. Les courses hippiques la passionnent à un tel point qu'elle décide, une fois son diplôme en poche, de présenter sa demande d'admission au lycée équestre et de formation professionnelle. Mais elle ne peut être classée parmi les jockeys potentiels car son poids dépasse la norme qui à l'époque est de 48 kilos. Son examen final se fait donc dans le cadre d'une course de trotteur dans laquelle le poids est illimité. Sa passion deviendra sa profession. Pourtant, le chemin de Sona jusqu'au champ de course de Velka Chuchle n'était pas des plus faciles. Il est vrai qu'elle aimait les chevaux depuis toujours et rêvait des les monter et pourtant...

« Bien évidemment comme presque chaque petite fille j'aimais les animaux. Mais mes parents qui habitent Plzen n'avait aucune notion de l'agriculture et n'étaient pas trop 'animaux'. Nous n'avions même pas de chien alors que j'en avais envie. Je ramenais à la maison des escargots, des souris, des cochons d'Inde, des hamsters et des perroquets. A force d'insister, j'ai obtenu la permission de mes parents de faire mes études à l'école d'agriculture. Le médecin ne voulait pas me délivrer le certificat obligatoire car je souffrais d'allergie, mais finalement j'ai réussi à le convaincre.

A vrai dire ma famille n'était pas trop enthousiaste. Ma grand-mère m'a amenée à l'étable et m'a montré les vaches en m'expliquant que c'était un travail peu attirant et qu'il serait préférable que je devienne dentiste pour m'occuper de ses dents ou juriste, car un juriste reçoit de la charcuterie de marque et des bouteilles d'alcool en pot-de-vin, comme il était d'usage sous le régime totalitaire. Et mon grand-père me disait que de toute façon je ne ferais pas une grande carrière et que je nettoierai toute ma vie le derrière des bovins.

Mais par contre, j'ai trouvé un grand soutien auprès de mes parents qui se pliaient à tous mes caprices : les études à l'école de sport, les cours d'allemand, les cours de violoncelle à l'école de musique et il faut dire que j'étais une vraie tête de mule. Je suis montée pour la première fois en selle à l'école secondaire, sans compter les ballades à dos de poney ou occasionnelles. Ensuite j'ai continué à l'Ecole supérieure d'agriculture où il y avait un club d'équitation et la matière équitation faisait partie de l'enseignement ainsi que le stage qui m'a amenée aux courses de Velka Chuchle et c'est là que j'ai compris ce que c'était que les courses hippiques. »

Sona, jeune femme aux yeux chocolat, ne rêvait pas d'une carrière de directrice, mais lorsque son prédécesseur est parti à la retraite, elle a été nommée au poste. Comme elle veut garder le contact avec les chevaux, elle enseigne une fois par semaine aux écuries. Sona Fronkova travaille beaucoup et se repose rarement, son portable est branché même les dimanches. Elle s'occupe de la gestion du lycée, de la comptabilité, suit les nouveaux règlements et arrêtés entrés en vigueur. Son énergie est inépuisable.

Photo: Archives de Sona Fronkova

Arrangement graphique: Stepanka Budkova

Sona Fronkova avec son ami
Départ du steeple-chase de Velka Pardubicka