Tchavolo Schmitt : « Django Reinhardt, notre père spirituel »
Dans le cadre du festival de la culture rom qui se déroule toute cette semaine à Prague, le guitariste de jazz manouche Tchavolo Schmitt, originaire d’Alsace, donnait un concert mercredi, avec le Gypsy Swing Trio venu des Pays-Bas. L’occasion de rencontrer un des grands noms du jazz manouche français.
Vous êtes né à Paris, mais vous êtes originaire d’Alsace...
« Oui, mes racines sont en Alsace. »
Où se trouve une grande communauté rom...
« Oui, il y a beaucoup de gens du voyage, de musiciens... »
Pourquoi êtes-vous revenu en Alsace à une certaine époque ?
« A cause de ma famille en fait. Je voulais les voir, ça me manquait. La communauté est très soudée, main dans la main. Dans la musique, dans tout. »
Il y a une grande communauté musicale de jazz manouche en Alsace. Les auditeurs connaissent évidemment Bireli Lagrène présent à Prague l’an dernier, Yorgui Loeffler, l’année d’avant. Cette année, c’est vous, Tchavolo Schmitt, qui êtes l’invité du festival de la culture rom, Khamoro. Qu’est-ce qui vous relie, vous tous, musiciens de jazz manouche ?« C’est d’abord la musique et puis ce qu’on a à donner, de ce qu’on peut donner. Quand on est invités quelque part, on se rencontre, on se voit dans un pays, un autre jour dans un autre pays. C’est une fraternité. »
Quand Bireli Lagrène et Yorgui Loeffler étaient là, ils se sont évidemment réclamé du grand Django Reinhardt. Est-ce aussi un héritage que vous revendiquez ?
« On va dire qu’on ne peut pas aller au-delà de Django. C’est grâce à lui qu’on joue. C’est ma mère qui m’a donné les premiers accords à l’âge de six ans, mais il faut dire que Django y a participé aussi, beaucoup. Comme tous les gens du voyage, les manouches musiciens, c’est grâce à lui qu’on mange. Et on est fiers, car c’est notre père spirituel. »
Vous dites que c’est votre mère qui vous a transmis la musique. Elle était musicienne ?
« Oui, guitariste. Et mon père violoniste. »
Ca donnait quoi Tchavolo Schmitt qui fait ses premiers accords à six ans ?
« Oh la la, je ne m’en souviens plus ! »
Est-ce qu’il faut être rom pour faire du jazz manouche ? Je pense à Thomas Dutronc, qui n’est pas rom, mais qui fait du jazz manouche...
« Thomas Dutronc, c’est le fils de Jacques Dutronc. Il n’est pas manouche. Mais bon il en fait... Mais ce n’est pas obligatoire d’être rom, bien sûr que non ! »
' Vous avez également collaboré avec le réalisateur Tony Gatlif qui a mis à l’honneur et mieux faire connaître la musique manouche grâce à ses films, pouvez-vous nous parler de cette expérience au cinéma ?« Tony, je l’ai connu en 1992-1993. Il m’a demandé de participer au film Latcho Drom, puis il est revenu huit ou dix ans après pour faire Swing, et il m’a demandé de participer à nouveau. Mais je dis bien : je ne suis pas un acteur, pas une star ! Je tourne comme ça, comme je sais, mais pas plus. »
Cette expérience vous a plue, vous le referiez ?
« Oui, ça m’a plu, je le referais, avec Tony Gatlif ou un autre avec plaisir. »