Tourisme : le gouvernement s’attaque aux bureaux de change
Les pratiques douteuses de certains bureaux de change sont dans le viseur du gouvernement en démission d’Andrej Babiš. Mercredi, son cabinet a adopté un amendement qui doit clarifier les règles du jeu et permettre aux clients des bureaux de change d’annuler sous deux heures au maximum une transaction, s’ils estiment avoir été floués.
Quinze couronnes pour un euro
Janek Rubeš est connu pour sa série de reportages sur les arnaques auxquelles sont exposées les touristes à Prague. Dans l’une de ses vidéos les plus populaires, en 2016, le jeune journaliste dissuadait des touristes d’échanger leur argent dans un bureau de change de la place de la Vieille-Ville, où l’on ne craignait pas de donner aux malheureux clients quinze couronnes contre un euro, alors que le taux de change était à l’époque d’environ vingt-sept couronnes pour un euro.Deux ans plus tard, la situation n’a pas réellement évolué, mais les politiques ont visiblement décidé de s’emparer de la question. La ministre en démission Alena Schillerová (ANO) propose un diagnostic :
« Dans le centre de Prague, nous avons aujourd’hui des bureaux de change où, pour un euro, un client reçoit parfois quinze couronnes, et d’autres où vous avez une commission sur la transaction qui peut monter jusqu’à 28 %. Dans certains bureaux de change, vous trouvez aussi plusieurs listes de taux de change, de telle sorte que quelqu’un qui y échange de l’argent ne sait pas exactement à quel taux. C’est tout cela que nous voulons changer. »
L’amendement préparé par le ministère des Finances a été recommandé par la Banque centrale tchèque (ČNB), qui a la charge de surveiller l’activité des bureaux de change. L’un des objectifs du texte est de garantir une meilleure lisibilité pour les clients, comme l’indique l’un des membres du Conseil bancaire de l’institution monétaire, Tomáš Nidetzký :
« La majorité des cas où des clients font mention d’un souci, c’est quand ils ont confondu les cours dit VIP avec les cours standard. L’amendement règle le problème en disait qu’il n’y aura désormais plus qu’une seule liste de taux de change affichée. C’est cette liste que les clients verront et c’est à ce taux que leur argent sera échangé. »
Améliorer la réputation de Prague
L’image de Prague souffre auprès des touristes de ces multiples petites arnaques dénoncées par Janek Rubeš. Avec cet amendement, il s’agit selon le Premier ministre Andrej Babiš de corriger le tir :« Les bureaux de change doivent de façon très claire indiquer un taux de change net, c’est-à-dire qui comprend le prélèvement opéré sur l’échange. Je pense que cela va contribuer à améliorer la réputation de la ville de Prague auprès des touristes. »
La mesure phare consiste donc en la possibilité pour un client d’annuler au plus tard après deux heures une transaction réalisée dans un bureau de change. L’opération ne devra pas excéder la somme de 1 000 euros, pour éviter la spéculation.
L’amendement devrait cependant faire des malheureux, en l’occurrence les bureaux de change. Václav Vlasák, membre de l’association qui défend leurs intérêts, estime que la législation actuelle est suffisante et que les modifications envisagées n’ont pas d’équivalent ailleurs en Europe. On trouve des commissions et des marges encore plus importantes à Madrid ou à Paris, alors pourquoi une telle mesure à Prague, s’insurge-t-il. C’est bien vrai ça, si on peut extorquer légalement les touristes dans d’autres pays, pourquoi pas non plus en République tchèque ?